L'UE subit les foudres des États-Unis
Des mesures de rétorsion sont appliquées depuis l'automne dernier sur des produits européens. D'autres devraient s'appliquer à partir de février et concerner des produits laitiers français.
Des mesures de rétorsion sont appliquées depuis l'automne dernier sur des produits européens. D'autres devraient s'appliquer à partir de février et concerner des produits laitiers français.
Jusqu'à présent, les produits laitiers français étaient épargnés par les foudres de Donald Trump. Au contraire, ils avaient pu bénéficier des mauvaises relations entre les États-Unis et le Mexique, la Chine... Mais deux affaires ont changé la donne. L'affaire Boeing-Airbus a conduit les États-Unis à mettre en place des taxes à l'importation de vins et spiritueux français et de fromages italiens, et de fromages export d'Europe du Nord (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Allemagne), effectives depuis novembre dernier. « L'effet est important, puisque les exportations des produits visés ont quasiment été réduites à zéro », commente Gérard Calbrix, économiste à Atla. Pour février, les États-Unis prévoient de changer la liste des produits visés, et les produits laitiers français sont dans le viseur. « Les États-Unis sont notre premier client parmi les pays tiers, avec environ 25 000 tonnes de fromages exportées (200 millions d'euros) sur les 116 000 tonnes exportées sur pays tiers », situe Benoît Rouyer, économiste au Cniel.
Les USA refusent la taxation des Gafa
La seconde affaire ne concerne que la France. Il s'agit des Gafa (acronyme désignant Google, Amazon, Facebook et Apple) que la France a décidé de taxer. Donald Trump menace d'appliquer des mesures de rétorsions avec des taxes de 100 %, et les produits laitiers sont cités. Un espoir de sursis est cependant arrivé le 19 janvier dernier. Emmanuel Macron et Donald Trump se seraient mis d'accord pour prolonger jusqu'à la fin de l'année les discussions sur la taxation des géants du numérique. Cet accord reporterait le projet des États-Unis d'imposer des mesures de rétorsion visant notamment le champagne et certains fromages français.
"Et si les Etats-Unis finissent par appliquer des mesures de rétorsions, « nous verrons si les produits laitiers sont finalement retenus, et quel niveau de taxe sera appliqué. Les Américains appliqueront peut-être un pourcentage moins élevé s'ils veulent quand même que des produits rentrent sur leur territoire et alimentent les caisses de l'État », commente Benoît Rouyer. Par ailleurs, des économistes américains soulignent que les importateurs américains, et peut-être bientôt les consommateurs, font les frais des diverses taxes imposées par les États-Unis à la Chine et à l'UE.
Reste à voir quelles seront les mesures concrètes mises en œuvre, pendant combien de temps elles s'appliqueront, et quels effets elles auront sur les exportations françaises de produits laitiers.
Dans le même temps, le Congrès américain a voté l'accord commercial avec le Mexique et le Canada, qui a commencé à s'appliquer en 2019.