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À Lorient, les producteurs se fédèrent pour proposer un lait local

Faire boire du lait breton aux Bretons : 45 producteurs ont créé l’Association des agriculteurs du pays de Lorient, dans le Morbihan, pour distribuer leur lait localement et transformer les paroles en actes.

En valorisant socialement et financièrement leur production, l’association espère « maintenir la flamme » des éleveurs laitiers lorientais.
En valorisant socialement et financièrement leur production, l’association espère « maintenir la flamme » des éleveurs laitiers lorientais.
© Association des agriculteurs du pays de Lorient

« Se mobiliser pour faire consommer local », résume Anthony Kervorgant, éleveur laitier à Pont-Scorff, dans le Morbihan. Le secrétaire de l’Association des agriculteurs du pays de Lorient retrace le contexte qui a poussé 45 producteurs à se regrouper en 2019 pour structurer l’offre aux collectivités locales. « Dès 2011, l’agglomération de Lorient s’est positionnée en faveur des filières locales. Le Plan alimentaire territorial est venu appuyer cette volonté dès 2017. Mais aucune démarche concrète n’a été initiée », déplore-t-il.

Menés par Jean-Marc Le Clanche, aujourd’hui président de l’association, les producteurs ont alors pris les choses en main et sondé le terrain. « Lors des premiers contacts, en 2014, nous avons été surpris du décalage entre la réalité et les vœux pieux : s’approvisionnant sur appels d’offres, la restauration collective utilisait du lait UHT retenu pour son bas prix et… importé de Belgique ! », rapporte l’éleveur de Guidel. Les discussions commencent alors avec les élus, les collectivités et les laiteries pour imaginer une filière courte destinée à distribuer localement la production du territoire.

Le projet voit enfin le jour en 2019, grâce aux accords obtenus avec plusieurs acteurs locaux de la transformation et de la distribution. Le lait, quelle que soit la laiterie d’appartenance du producteur, est collecté par la coopérative Terres de l’Ouest dans un rayon de 40 km autour de son usine Lorco, située à Pont-Scorff. Le grossiste Sovéfrais, spécialiste des produits frais en Bretagne, s’engage à distribuer deux millions de litres de lait sous sa marque « So Lait » à la restauration hors domicile, aux collectivités et en supérettes.

Compléter l’offre d’approvisionnement local

En 2020, l’engagement du grossiste Pomona pour la distribution d’un million de litres de lait sur l’arc Loire-Atlantique donne une impulsion supplémentaire au projet. Avec le soutien de l’agglomération de Lorient, l’association dépose la marque bannière « Breizh positive ». L’ambition est d’y réunir à terme une gamme de produits plus large. « Toutes les productions agricoles bretonnes, viande, fruits, légumes, ont vocation à intégrer la gamme », fait valoir Anthony Kervorgant. Pour le moment, les attentions se concentrent sur la mise au point d’un fromage à pâte molle qui serait transformé par Lorco. Les essais en cours devraient aboutir à une commercialisation dès 2022, avec toujours la restauration collective en principale ligne de mire.

 

 
Anthony Kervorgant. « C’est une fierté que notre lait soit distribué dans les cantines où déjeunent nos enfants. »
Anthony Kervorgant. « C’est une fierté que notre lait soit distribué dans les cantines où déjeunent nos enfants. » © Association des agriculteurs du pays de Lorient
Ce marché des cantines, dont le développement est potentiellement important, s’avère compliqué à intégrer. « Il faut pouvoir répondre à une logistique exigeante. Proposer des conditionnements en gros volumes et une disponibilité régulière des produits », détaille le secrétaire de l’association. Des exigences qui impliquent d’investir dans une ligne de conditionnement spécifique ou du stockage pour les denrées périssables. « Ce sera possible si les volumes commandés sont significatifs », plaide l’éleveur. Car la question de l’approvisionnement local n’est pas toujours une évidence pour les communes, le prix étant souvent le juge de paix. Si l’agglomération lorientaise accepte de payer plus cher le lait de l’association estampillé « bas carbone », le « consommer local » prôné par les élus n’est pas encore une réalité.

 

 

Une rémunération en bien-être

La valorisation de la production ne se chiffre pas seulement en euros pour l’association. Outre les 20 €/1 000 l versés par la société Pomona pour les 22 000 litres de lait commercialisés en moyenne par élevage par ce grossiste, la société Sovéfrais rétribue les producteurs en finançant le service de remplacement à hauteur de 120 jours pour les 45 adhérents. Un paiement en « bien-être de l’éleveur », en quelque sorte.

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