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Ration : les atouts du coût alimentaire rendu auge

Indicateur de pilotage, le coût alimentaire rendu auge est une approche exhaustive. Il tient compte non seulement des habituelles charges opérationnelles mais aussi des charges de structure et du temps de travail, depuis la culture des fourrages jusqu’à la distribution.

Le coût alimentaire rendu auge va jusqu'à prendre en compte l'éloignement des parcelles ou le coût du foncier.  © A. Conté
Le coût alimentaire rendu auge va jusqu'à prendre en compte l'éloignement des parcelles ou le coût du foncier.
© A. Conté

Pourquoi calculer un coût rendu auge 

Pour accompagner les éleveurs dans l’optimisation de leurs coûts de production, BCEL Ouest(1) a mis au point une approche plus complète du coût alimentaire puisqu’elle va jusqu’à l’auge en intégrant aux charges opérationnelles, celles de mécanisation et de travail, mais aussi le foncier. Cette approche technico-économique calcule le coût de l’alimentation de son troupeau, depuis la culture des fourrages jusqu’à la distribution de la ration. Si, dans la majorité des élevages, le coût alimentaire est calculé et considéré comme un indicateur de pilotage primordial, certains facteurs peuvent vite alourdir la note : mécanisation surdimensionnée, parcelles éloignées, temps de travail important... « Évaluer son coût alimentaire rendu auge et ses différentes composantes est le départ pour réfléchir à son organisation et identifier des points d’amélioration, depuis sa stratégie de récolte jusqu’à la distribution, souligne Samuel Danilo, responsable technique chez BCEL Ouest. C’est aussi un outil d’aide à la décision, par exemple avant un investissement, à l’installation. »

Le mode de calcul

Le calcul du coût alimentaire rendu auge intègre les données comptables de l’exploitation pour les charges opérationnelles autour des fourrages (intrants, travaux par des tiers, prix d’achat des concentrés). Ces données sont complétées par des approches forfaitaires pour les charges de mécanisation, jusqu’à la récolte pour les différents fourrages. « Nous les avons calculées à partir des références (Cuma, centres de gestion, réseaux chambres d’agriculture). Elles sont synthétisées en trois niveaux, coût de mécanisation au champ économe, moyen ou cher, selon l’équipement de l’exploitation », explique Samuel Danilo. Si les données exactes de l’élevage sont disponibles, il est alors possible d’être encore plus précis. Le calcul tient également compte de facteurs qui pèsent, favorablement ou défavorablement, sur le prix de revient de la ration : l’éloignement des parcelles, leur taille, leur pente, mais aussi la largeur du matériel, l’itinéraire cultural… Pour ne pas fausser la donne, le calcul tient compte aussi des investissements autour du pâturage, comme les aménagements de chemins et de clôtures. Le matériel de distribution de la ration est également pris en compte. S’y ajoute le temps passé. Pour la main-d’œuvre, chef d’exploitation comme salarié, le calcul se fait sur un forfait horaire de 20 euros. Pour être totalement exhaustif, le calcul intègre le coût du foncier, avec soit les données exactes de l’élevage, soit un forfait.

Qu’apporte ce coût rendu auge ?

Le montant peut interpeller, avec un coût rendu auge à 162 euros pour 1 000 litres alors que le coût alimentaire « classique » est de 85 euros. « Le fait d’intégrer le coût de la main-d’œuvre fait bondir le chiffre, prévient Samuel Danilo. Pourtant, c’est important de prendre conscience du coût que représente le temps passé à l’alimentation de son troupeau, deuxième tache la plus chronophage. » Voire chiffrer en euros « sonnants et trébuchants » le temps de travail donne un autre regard sur l’intérêt de l’automatisation de certaines taches. « On se rend compte qu’automatiser la distribution de l’alimentation peut être intéressant, quand la ration annuelle comprend une part importante de fourrages stockés et qu’il y a plus de 120 à 150 UGB à nourrir quotidiennement, estime Samuel Danilo. Une mélangeuse et un télescopique peuvent coûter cher mais surtout demandent beaucoup de temps de travail. »

Grâce au calcul rendu auge, il est possible de simuler différentes stratégies. « On peut estimer l’impact de l’automatisation de la distribution par rapport au coût d’un salarié, chiffrer le coût de la délégation de certaines tâches par rapport aux investissements et au temps de travail économisé, voir l’intérêt d’un affouragement en vert. » En bref, trouver la stratégie la plus économe dans le contexte de son exploitation.

Une fois les tests finalisés, cette nouvelle approche sera proposée aux adhérents de BCEL Ouest. Les éleveurs en groupes de progrès « Atout lait » pourront la découvrir à partir du deuxième semestre 2020. Elle sera déployée plus largement courant 2021, en accompagnement personnalisé. D’autres organismes de conseils en élevage ont des approches similaires.

(1) Organisme de conseil en élevage breton (Côtes-d'Armor, Finistère, Morbihan).

Un exemple concret : pour une même ration distribuée, comparer le coût rendu auge pour différentes stratégies de distribution 

 

Aller chercher des marges de progrès

Au-delà du simple calcul qui permet de se situer par rapport à des moyennes de groupe, le calcul du coût alimentaire rendu auge est un outil de réflexion autour de sa ration, et plus globalement de sa production et distribution de fourrages. « Il faut concentrer ses investissements, en temps et en argent là où ils seront le plus rentables, en général, en élevage laitier, autour du troupeau », conseille Samuel Danilo.

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