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Le Gaec du Bois des Houx face au changement climatique : « nous produisons un maximum d’herbe aux périodes favorables »

Parce qu’il n’y a pas d’espèces très productives quand il fait très chaud, le Gaec du Bois des Houx a fait le choix d’espèces et variétés appétentes et permettant une production maximale d’herbe de janvier à juin et de septembre à novembre.

Au Gaec du Bois des Houx, en Vendée, c’est déjà la sécheresse qui, en 1990, a amené à modifier le mode d’exploitation. « Notre système était basé sur du maïs, du blé et un peu de ray-grass italien, explique Louis-Marie Fioleau, un des quatre associés du Gaec. Comme nous n’irriguons pas, nous avons eu un gros manque de stock et des problèmes de trésorerie. Cela nous a amenés à vouloir sécuriser notre système fourrager face aux aléas climatiques. » En 1991, dans le cadre notamment d’un groupe Geda, les éleveurs revoient donc leur système. « Nous avons visité un élevage de Loire-Atlantique qui était tout en herbe, ce qui nous a fait prendre conscience que nos coûts alimentaires étaient très élevés. Puis un déplacement en Irlande nous a fait découvrir la culture de l’herbe. En l’absence d’irrigation, nous avons choisi de désintensifier en arrêtant les taurillons, en réduisant maïs et blé et en implantant des prairies pérennes. Nous nous sommes aussi formés au pâturage tournant dynamique pour optimiser la production, la qualité et la pérennité des prairies. »

Prairies multiespèces riches en protéines

L’exploitation de 160 hectares, 110 vaches laitières Prim’Holstein et 60 génisses compte désormais 140 hectares de prairies et 20 hectares de maïs et céréales. Toutes les prairies pâturées sont exploitées en pâturage tournant dynamique de type couloir, avec fil avant et fil arrière. Après avoir débuté par du ray-grass anglais pur pour les génisses, les éleveurs ont implanté des prairies pérennes de plus en plus complexes : un mélange ray-grass anglais, fétuque élevée, trèfle blanc dans un premier temps, complété ensuite par du plantain, de la chicorée, de la fléole et du lotier, et enrichi encore en 2019 par plusieurs espèces de trèfle (hybride, violet, incarnat, de Micheli). En 2019, une nouvelle formation Geda sur la sécurisation face aux aléas climatiques les amène en effet à évoluer à nouveau.

Une première décision est d’abaisser l’âge au premier vêlage de 30 à 27 mois et de passer de 28 à 24 génisses de renouvellement pour avoir moins d’animaux improductifs à nourrir. Une autre est d’enrichir les prairies en protéines. «Depuis dix ans, le climat est de plus en plus chaud et la pluviométrie, de 750-950 mm en moyenne, est moins bien répartie sur l’année. Comme il n’y a pas d’espèces très productives quand il fait chaud, il faut produire un maximum de fourrages appétents quand la météo est favorable, de janvier à juin et de septembre à novembre. Il y a aussi depuis deux ans au milieu du printemps une période froide et sèche où l’herbe ne pousse pas. Nous devons donc enrichir les prairies en protéines pour le pâturage et pour faire des stocks de qualité. » Les prairies sont désormais semées sous couvert de triticale et trèfle violet. « Le triticale et le trèfle seront récoltés à partir du 15 avril pour faire des stocks, puis la prairie pourra se développer. Cela permet de semer plus tard, en octobre, le couvert protégeant la prairie du froid précoce. » En 2019, les éleveurs ont aussi revu leurs prairies de fauche, avec deux mélanges. Soit du ray-grass hybride et du trèfle violet semés sous couvert de triticale, trèfle incarnat et trèfle de Micheli, pour une durée de 3-4 ans. Soit un mélange de fétuque élevée, ray-grass anglais, ray-grass hybride et trèfles (blanc, violet, hybride, incarnat, Micheli) pour une durée de 6-8 ans. Ils ont aussi réduit le maïs à 5-7 hectares et en achètent désormais à un voisin qui irrigue.

Projet de supprimer le ray-grass anglais pour les vaches laitières

La résistance à la sécheresse n’est donc pas pour les éleveurs le critère le plus important dans le choix des espèces et variétés. En 2019, ils n’ont ainsi pas exploité les prairies pendant trois mois en été, pour garder un couvert qui protège le sol de la chaleur et préserver le capital de la prairie. Ils ont aussi choisi d’arrêter la chicorée. « Les plantes à tannins permettent une meilleure utilisation de l’azote soluble et améliorent l’immunité, analyse Louis-Marie Fioleau. La chicorée est aussi résistante à la chaleur et structure le sol. Mais l’été, les autres espèces du mélange sont en pause estivale. De plus, la chicorée pousse très haut et nous gène pour déplacer les fils sur les prairies. Comme le pâturage tournant dynamique a amélioré la structure du sol, nous avons fait le pari de la supprimer des mélanges. »

Les éleveurs remettent aussi en cause désormais le ray-grass anglais. « Dans une prairie associant comme graminées le ray-grass anglais et la fétuque, le ray-grass est surconsommé et il y a des refus de fétuque, moins appétente. Or la fétuque s’adapte à tous les sols, résiste à la sécheresse et à l’humidité et les vaches sont habituées à en manger depuis l'âge de 1 an. Nous envisageons donc d’implanter des prairies avec la fétuque comme seule graminée, en misant sur les nouvelles variétés plus riches en sucre et donc plus appétentes. » En 2019, ils ont également fait évoluer leurs variétés. « Par habitude, nous utilisions de vieilles variétés. En regardant sur Herbe-Book (www.herbe-book.org), nous avons constaté qu’elles étaient très mal classées. Nous avons donc décidé de tester de nouvelles variétés issues de la recherche. Nous avons tout à y gagner. »

Bien réussir le semis

Après avoir acheté des mélanges du commerce, les éleveurs les préparent désormais eux-mêmes, ce qui leur permet plus de précision dans les doses et un plus grand choix d’espèces et variétés. Le triticale est d’abord semé en ligne au semoir à céréales. Les éleveurs sèment ensuite le mélange à la volée, en combiné avec un épandeur Vicon, suivi d’un cultipacker puis d’un rouleau lisse. « Les semences sont ainsi bien réparties et à la bonne profondeur, ce qui donne à toutes les espèces la possibilité de lever sans concurrence. »

Côté éco

Production : 6 200 l/VL présentes (moyenne du groupe Cerfrance : 8 200 l)
Coût des concentré : 33 €/1 000 l (77 €)
Coût des fourrages : 25 €/1 000 l (36 €)
Frais vétérinaires : 4 €/1 000 l (10 €)
Marge brute : 248 €/1 000 l (206 €)

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