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« La caméra a changé notre manière d’alimenter le troupeau »

Au Gaec Chez Palot dans le Rhône, la caméra a mis en lumière un manque d’accès à la ration la nuit.

Alexandre Gonin « La caméra nous a ouvert les yeux sur la nécessité d’adapter la distribution de la ration au rythme des vaches. »
© E. Bignon

« Nous avons fait fausse route pendant des années, reconnaît Mikaël Gonin, installé en Gaec avec son frère Alexandre, à Amplepuis. Le matin, on était content de voir que toutes les vaches se lever pour venir à l’auge. On pensait que c’était bon signe. Signe qu’elles étaient en forme et prêtes à manger pour faire du lait ! En fait, si elles se précipitaient à l’auge, c’est parce qu’elles avaient le ventre vide depuis des heures ! » Aujourd’hui, les 110 Montbéliardes à 8 000 kg de moyenne ne se précipitent plus vers la table d’alimentation dès qu’elles entendent la mélangeuse démarrer le matin. « Le fait de pouvoir filmer avec une caméra ce qui se passe dans le troupeau pendant 24 heures nous a ouvert les yeux, témoignent les éleveurs. Les scènes de nuit sont particulièrement marquantes. L’agitation du troupeau nous a particulièrement frappés. La nuit, il y a des vaches couchées, mais aussi beaucoup de vaches assez nerveuses qui se déplacent, et d’autres qui stagnent debout dans les couloirs. » Autre fait surprenant : plus aucune vache ne se présente au cornadis à partir de 22 h… Et pour cause, il ne reste qu’un mince filet de fourrage, hors d’atteinte. Pourtant, la ration était repoussée à 19h30. « On était loin d’imaginer ça ! On savait que la ration n’était pas forcément distribuée à volonté à l’auge (19,5 kg MS) mais on ne se doutait pas que les vaches restaient dix heures sans manger ! »

L’observation des vaches de nuit est très instructive

« La manière dont les vaches trient la ration nous a aussi sautés aux yeux. Elles poussent les cornadis avec les épaules et reportent toute leur charge sur les pattes arrière, ce qui sollicite fortement leurs aplombs. »

Avec l’appui du Spel, le Gaec a aussi testé et filmé deux autres modalités de distribution pendant une semaine chacune : le soir à 17 h (avec quatre repousses manuelles) et le matin avec huit repousses effectuées par un robot repousse-fourrages. C’est cette dernière modalité qui a permis de mieux répartir la prise alimentaire au fil de la journée (cf. infographie). Suite à l’essai, les éleveurs ont d’ailleurs décidé d’investir dans cet équipement (14 000 €). « Le troupeau est désormais plus calme. Nous n’observons plus l’effet « vaches affamées » le matin. Après la traite, elles vont se coucher. On en voit beaucoup moins qui restent debout, et s’il y en a une, c’est pour une bonne raison (chaleurs, etc.). » Les éleveurs ne relèvent pas de mouvement massif vers l’auge quand le robot passe. « C’était ma crainte, mais finalement, les vaches n’y prêtent pas vraiment attention. »

 

 

Le Gaec a testé trois modalités de distribution pendant une semaine chacune, avec une ration semi-complète à base d’ensilage de maïs, d’herbe et de foin. Celle-ci n’était pas distribuée à volonté (19,5 kg MS à l’auge, hors DAC). Il n’y a pas eu de différence en termes d’ingestion et de production laitière entre les trois modalités. Ceci dit, avec la modalité avec huit repousses, le Gaec est passé sur un ensilage d’herbe de 2e coupe, donc de moins bonne valeur. La production aurait dû baisser mais elle s’est pourtant maintenue. Il y a sûrement eu un gain mais difficilement chiffrable. Par contre, ce qui est sûr, c’est que l’ingestion a été mieux répartie avec cette modalité. On observe un meilleur film alimentaire à la caméra, et des cycles de vie mieux respectés avec moins de vaches statiques dans les couloirs et des animaux plus calmes. Les ingestions sont également moins rapides et moins par à-coups. Ce constat se retrouve aussi avec la modalité de distribution le soir.

Rhone1.pdf (18.26 Ko)

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