Elevage des génisses : « Je suis la croissance de mes génisses au ruban », dans les Côtes d'Armor
Au Gaec de Péviers, dans les Côtes d'Armor, Julien Monnier, éleveur laitier, mesure la croissance de ses génisses, du sevrage à la gestation, grâce à un ruban barymétrique. Une technique simple à mettre en place, qui a permis de faire baisser l'âge au premier vêlage à 24,7 mois.
Au Gaec de Péviers, dans les Côtes d'Armor, Julien Monnier, éleveur laitier, mesure la croissance de ses génisses, du sevrage à la gestation, grâce à un ruban barymétrique. Une technique simple à mettre en place, qui a permis de faire baisser l'âge au premier vêlage à 24,7 mois.
« Cela fait une environ dix ans que nous mesurons la croissance des génisses à l’aide d’un ruban barymétrique. Cela nous aide dans la conduite de l’alimentation et de la reproduction. Avant, nous nous fiions à l’âge pour inséminer les génisses de notre troupeau de 100 vaches laitières prim’Holstein. L’âge au premier vêlage était alors d’environ 28 mois. Il est descendu à 24,7 mois en moyenne sur les trois dernières années. Nous mesurons les génisses à partir de deux mois, et jusqu’à ce qu’elles soient gestantes. La première mesure a lieu pour le sevrage : je vise un poids de 100 kg. Ensuite, comme nos génisses non gestantes ont accès au bâtiment toute l’année nous suivons leur croissance au ruban tous les deux mois.
Une technique peu chronophage
Je réalise la mesure avec le consultant qui suit le troupeau, qui regarde également l’état d’engraissement des génisses. Je les bloque toutes au cornadis, et ensuite je les mesure une par une en faisant le tour de la poitrine avec le ruban barymétrique. Sur mon ruban, l’équivalent en poids est indiqué directement. Je donne la mesure au consultant, qui la note. Cela ne prend pas beaucoup de temps. Une fois que les génisses sont au cornadis, nous en mesurons 35 en une demi-heure environ. C'est assez facile.
Une fois le poids noté, nous regardons la croissance en GMQ et le poids à âge-type, c’est-à-dire le poids que devrait faire la génisse à un âge donné. S’il y a un problème de croissance sur toutes les génisses d’une case, qu’elles aient trop pris ou pas assez, je peux réadapter la ration. Si le problème de croissance est individuel, je change la génisse de lot. Par exemple, si elle est trop petite pour son âge, je la mets avec des animaux plus jeunes. Cela lui permet de compenser son retard.
Inséminer à 12 mois
Nous inséminons lorsque les génisses pèsent entre 380 et 400 kilos, et après avoir passé une première chaleur, que nous contrôlons grâce à des colliers détecteurs de chaleurs. Il est ainsi possible d’inséminer certaines génisses à douze mois. Nous continuons de mesurer leur croissance jusqu’à ce qu’elles soient gestantes. Ensuite, elles partent dans des pâtures plus éloignées de la ferme où il serait difficile de continuer. En revanche, en période hivernale, nous mesurons aussi les génisses gestantes, pour nous assurer qu’elles fassent bien 90 % du poids adulte avant vêlage, afin qu’elles ne soient pas trop chahutées lorsqu’elles arrivent dans le troupeau ».
Maël Raulo, responsable nutrition et élevage des génisses chez Innoval
« Mesurer la croissance des génisses au ruban, c’est rentable »
« On ne progresse que lorsqu’on mesure, et il y a une marge de progression importante sur l’élevage des génisses et l’âge auquel elles sont mises à la reproduction. L’âge moyen au premier vêlage en France n’a pas bougé depuis 25 ans : il est d’environ 28 mois. Mesurer la croissance des génisses c’est rentable.
Déjà, pour faire baisser l’âge au premier vêlage, et avoir moins d’animaux improductifs dans le troupeau. Mais aussi pour que les vaches démarrent bien leur carrière. Des essais de la ferme des Trinottières ont montré une différence de plus de 1500 kg de lait sur trois lactations, entre des animaux qui pesaient moins de 165 kg à 6 mois, et d’autres qui pesaient plus de 200 kg.
Estimer le poids des génisses est important, et la technique du ruban est assez facile à mettre en place. Elle est peu onéreuse, rapide, et évite des manipulations, du stress et des risques par rapport à une pesée. Il existe des rubans spécifiques aux races prim’Holstein, normande et montbéliarde. Même si la mesure peut se faire seul, je conseille tout de même d’être deux à partir de 10 mois, au cas où. C’est aussi plus facile lorsque les animaux ont à manger à l’auge. Enfin, si les génisses sont nerveuses, il vaut mieux reporter. Si on mesure quatre fois par an, en février, avant la sortie au pâturage, à la rentrée à l’étable et en décembre, c’est déjà très bien ».