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« Nous rémunérons notre vétérinaire au forfait grâce au conventionnement »

Dans la Loire, les associés du Gaec Ravez-Georges sont conventionnés avec la clinique Delacroix. Les éleveurs, regroupés en association, et les vétérinaires travaillent en contrat global et collectif. Du suivi reproduction à la gestion des crises sanitaires, les deux parties y trouvent leur compte.

<em class="placeholder">Bernard Georges, éleveur et Alexandre Fauriat, vétérinaire.</em>
« Plus le vétérinaire vient sur l’exploitation, mieux le cheptel va se porter », s’accordent Bernard Georges, éleveur, et Alexandre Fauriat, vétérinaire.
© A. Fauriat

Dès son installation, Bernard Georges a adhéré à l’association Copav (Convention paysans et vétérinaires), conventionnée avec la clinique Delacroix, à Boën-sur-Lignon. « Je n’aimais pas le relationnel entre mes parents éleveurs et leur vétérinaire, qui était le notable et à qui il fallait faire des chèques », cadre-t-il.

Dans le contrat qui le lie à la clinique vétérinaire, Bernard Georges bénéficie – au même titre que tous les éleveurs adhérents de la Copav – de médicaments à prix coûtant et de l’ensemble des services vétérinaires. Y compris un suivi de reproduction poussé avec visite systématique mensuelle. « Chez moi, c’est le premier jeudi du mois, à heure fixe. » Les visites pour des vaches problématiques et les urgences vétérinaires sont elles aussi prises en charge sans que l’éleveur ne reçoive de facture supplémentaire. « Nous faisons en début d’année un inventaire du cheptel. Nous payons ensuite l’équivalent de 40 euros par unité intervention vétérinaire [voir définition ci-après] et par an. Cela comprend le déplacement du véto et l’acte. Quel que soit le nombre de visites dans l’année. » Ce qu’il aime, c’est « le mutualisme » entre les éleveurs, et la relation de partenariat qui se met en place avec le vétérinaire, « car il n’y a plus de question financière ».

Fiche élevage

Gaec Ravez-Georges

2 UMO

570 000 litres de lait

55 prim’Holstein à la traite

Zéro pâturage

De son côté, Alexandre Fauriat, vétérinaire de la clinique Delacroix depuis dix-sept ans, salue lui aussi la relation « gagnant-gagnant. Nous ne sommes plus – ou moins – dans le rôle du vétérinaire pompier, notre travail est organisé une semaine à l’avance car toutes les visites non urgentes sont programmées ».

Définition

Unité d’intervention vétérinaire (UIV)

Pour l’éleveur, le coût du conventionnement avec la clinique vétérinaire se compte en unité d’intervention vétérinaire (UIV). Une vache laitière et son veau jusqu’au sevrage représentent 1 UIV ; une génisse compte pour 0,25 UIV ; un bœuf ou un animal à l’engraissement : 0,15 UIV ; un taureau : 0,5 UIV. Le montant de la cotisation animale s’élève à 40 euros par UIV et par an. Le prix est discuté en assemblée générale par les éleveurs qui composent le conseil d’administration et auquel un vétérinaire est invité.

« J’ai utilisé 57 boîtes de Mastijet »

En 2007, Bernard Georges s’associe avec un tiers. Deux troupeaux sont regroupés dans une stabulation en aire paillée. « À partir de 2008, les cellules ont commencé à monter. En 2010, ça a explosé. En 2012, nous sommes montés à 800 000 cellules. Nous avions de plus en plus de mammites cliniques. En 2014, j’en soignais six ou sept par semaine. J’ai utilisé 57 boîtes de Mastijet. Nous avons jeté 40 000 litres de lait cette année-là. » L’éleveur rapporte « un contrôle de machine à traire OK tous les ans » et des « actions de saupoudrage : nous faisions des traitements sans faire d’analyse de lait, nous avons fait deux plans mammites avec le contrôle laitier mais sans résultat », reconnaît-il.

C’est en 2012 qu’il réunit tout le monde autour de la table : vétérinaire, nutritionniste, marchand d’aliment, contrôle laitier. « Il fallait trouver une vraie ligne de conduite. Nous avons décidé, avec le vétérinaire, que les animaux infectés durablement soient déclarés incurables et taris ou réformés, de réaliser des antibiogrammes du lait, de mieux travailler le tarissement et la préparation au vêlage. » La décision est aussi prise de refaire la stabulation.

« Les premières années, nous nous sommes laissé avoir par le quotidien, admet le vétérinaire Alexandre Fauriat. Nous donnions des conseils par-ci par-là. Mais, grâce à la réunion, il y a eu une vraie prise de conscience. » Le vétérinaire se souvient : « nous avons fait des visites à la traite, nous avons analysé la ration, nous avons réfléchi avec l’éleveur au nouveau bâtiment, nous avons mené une vraie politique de réforme pour les millionnaires et les incurables. Nous avons fourni un accompagnement de qualité ». C’est là qu’apparaît le gros avantage d’être conventionné avec sa clinique : tous les déplacements sont pris en compte dans le contrat signé en début d’année, donc pas de surplus.

Deux mammites en 2024

« Le vétérinaire a passé beaucoup de temps, confirme Bernard Georges, convaincu des bienfaits de l’association dont il a été président. Je n’avais pas de frein financier pour éplucher avec lui les contrôles laitiers, trier les vaches qu’on a étudiées une par une. » En revanche, l’éleveur a dû payer les analyses de lait, non comprises dans le contrat ainsi que les médicaments. Pour ce dernier poste, il estime avoir dépensé « sept à huit mille euros ». Des médicaments pourtant facturés au prix coûtant grâce au conventionnement. Mais quelques années plus tard, le résultat est là : « en 2024, j’ai soigné deux mammites et j’ai eu entre 120 000 et 150 000 cellules en moyenne. J’ai retrouvé le sourire ». Et Alexandre Fauriat de conclure : « ma plus grande fierté c’est quand les éleveurs disent, ''on n’appelle pas le vétérinaire, on appelle Alex'' ».

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<em class="placeholder">Bovins lait / vétérinaire / parage des onglons / entretien préventif avec une rénette</em>
L’année dernière, Bernard Georges a rencontré des soucis de boiterie. Si la gestion en urgence des vaches boiteuses est comprise dans le contrat, le parage lui ne l’est pas. « J’ai pris cette option en plus, car c’est quelque chose que je n’aime pas faire », concède l’éleveur. © Réussir

La Copav, groupe historique de la Fevec

La Copav (Convention paysans et vétérinaires) est née en 1980. Elle compte aujourd’hui 75 élevages adhérents pour 4 000 unités d’intervention vétérinaire (UIV). Le conseil d’administration et le bureau sont composés uniquement d’éleveurs mais un vétérinaire de la clinique avec laquelle l’association est conventionnée est invité aux sessions. Les décisions – sur le montant des cotisations ou les nouveaux services qui entreraient dans le contrat – sont prises à la majorité. « La comptabilité de la clinique est mise sur la table. Nous travaillons en toute transparence », précise Alexandre Fauriat. Le coût pour l’éleveur est « en moyenne à la Copav, de 17 euros pour 1 000 litres. Nous ne sommes pas moins chers que le marché, mais nous raisonnons en service, pas en argent ». L’idée étant que tous les éleveurs adhérant à l’association bénéficient des mêmes prestations, au même tarif.

La Copav adhère à la Fevec, qui est la Fédération nationale des éleveurs en conventionnement. Elle compte douze groupes conventionnés. Celle-ci est aussi reconnue comme organisme de formation pour les agriculteurs. Alexandre Fauriat cite notamment celle d’éleveur premier infirmier de son troupeau. « Il y apprend à gérer une pharmacie, à faire des prises de sang intraveineuses ou intramusculaires, à gérer la diarrhée des veaux ou des fièvres de lait. » L’idée étant que les vétérinaires travaillent avec des éleveurs « formés et autonomes. On transfère le savoir vers l’éleveur ». Il ajoute : « c’est un argument de motivation pour des jeunes vétérinaires, qui se retrouvent face à des agriculteurs formés. Nous croyons à la gestion collective du sanitaire pour une meilleure santé globale du cheptel ».

Repères

La copav en chiffres

75 élevages adhérents

4 000 UIV

45 minutes autour de Boën-sur-Lignon

17 €/1 000 litres

25 à 30 interventions par an par exploitant

0,4 visite/UIV

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