AOP laitières durables : un programme ambitieux
Renforcer la confiance du consommateur en intégrant des éléments de durabilité est important pour l'avenir des appellations d'origine protégées laitières.
Renforcer la confiance du consommateur en intégrant des éléments de durabilité est important pour l'avenir des appellations d'origine protégées laitières.
« À l’horizon 2025-2030, les engagements de durabilité travaillés au sein de chaque collectif pourront être consignés dans les cahiers des charges. L’AOP sera alors un gage de haut standard de qualité, répondant de manière globale aux différents enjeux de développement durable », ont annoncé les 51 AOP laitières françaises(1) réunies en assemblée générale le 24 septembre dernier.
Réagir face aux démarches de segmentation
« Nous menions la réflexion depuis plusieurs années au sein du Cnaol pour mieux répondre aux attentes sociétales et réagir face à la multiplication des démarches de segmentation », rappelle Michel Lacoste, éleveur dans le cantal et président du Cnaol.
« Jusqu’ici, la réglementation européenne ne nous permettait pas d’intégrer des éléments de durabilité dans nos cahiers des charges, comme le bien-être animal ou l'environnement, car seules les propriétés organoleptiques du produit comptaient. Avec la nouvelle PAC et grâce au travail mené notamment par l’association Origin, cet obstacle est levé !, se réjouit le président du Cnaol. Cette évolution de la PAC a aussi consolidé les règles de régulation de l’offre, utilisées par environ la moitié des AOP françaises. Nous manquons maintenant encore d’indicateurs partagés autour de la valeur ajoutée. »
Choisir 18 engagements sur 65 proposés
S’appuyant sur les trois piliers du développement durable (environnement, social, économique), les AOP ont défini six thématiques : tissu économique local, création et partage de la valeur ajoutée, modes de production valorisant les ressources naturelles, modes d’élevage et de production traditionnels, goût et typicité du produit, acteurs de la vitalité du territoire.
Ces thématiques sont déclinées en 18 objectifs et traduites concrètement à travers 65 engagements « très ouverts. Nous avons travaillé sur une durabilité à 360° : environnement, bien-être animal, attractivité des métiers », précise Michel Lacoste.
Chaque ODG (organisme de défense et de gestion) doit choisir un minimum de 18 engagements et préciser les actions concrètes à réaliser d'ici juin 2022. Huit AOP avaient déjà envoyé leur plan d’actions le 24 septembre. Ensuite, l’ensemble des cahiers des charges pourront être révisés pour intégrer les engagements de durabilité d’ici 2025-2030.
Justifier les choix auprès de l'Inao
« L’enjeu maintenant est d’avoir un bon relais côté Inao et pouvoirs publics pour porter les propositions des organismes de défense et de gestion (ODG) à venir », prévient Michel Lacoste.
L'Inao a présenté les nouvelles orientations, pour les nouvelles demandes de création d'AOP, et de révision de cahier des charges. Cinq critères ont été définis, sur lesquelles les AOP doivent désormais soit s’engager, soit expliquer pourquoi elles ne les incluent pas : le sol (dont les effluents et la fertilisation) ; l’alimentation ; les animaux ; les bâtiments ; le transport. Ces critères sont aussi basés sur les trois piliers du développement durable, et sont donc cohérents avec les 18 objectifs des AOP laitières.
(1) 46 fromages, 3 beurres, 2 crèmes.
S'adapter au changement climatique
Le projet Adaopt vise à aider les AOP et IGP laitières françaises pour définir leur stratégie d’adaptation au changement climatique. Six territoires pilotes ont été choisis pour construire des recommandations à destination des tous, dont le laguiole, mont d’or, camembert de Normandie et IGP tomme de Savoie.