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Cédric, éleveur dans le Cantal et défenseur de SA cause animale

Cédric @agric15 est actif sur Twitter pour défendre sa profession, échanger avec d’autres producteurs de bovins, découvrir d’autres façons de travailler. S’il combat les associations animalistes avec son côté « grande-gueule », il est aussi très pédagogue. Il aime expliquer son métier d’éleveur de vaches allaitantes et laitières aux citadins « déconnectés » du monde agricole.

Sur Twitter, Cédric Viallemonteil gère une communauté de 4866 abonnés : « Quand j’ai envie de dire quelque chose, je le dis. »
© Cédric @agric15

En 2015, sa vie d’éleveur a changé. Sur son exploitation de 175 ha en système herbager, le métier est pourtant resté identique. Cédric Viallemonteil élève 75 vaches allaitantes de race Aubrac et 50 vaches laitières Prim’Holstein. En plus des prairies, il cultive une quinzaine d’hectares de céréales et une douzaine de maïs. Mais ce qui a véritablement évolué professionnellement, c’est son arrivée sur les réseaux sociaux. Sans s’éloigner de son village d’Auvergne, Sourniac dans le Cantal, il est allé à la rencontre des autres et a commencé à devenir ambassadeur de la profession. Aujourd’hui, il consacre une partie de ses journées à cette tâche qu’il juge essentielle. En plus de sa famille, de ses animaux et de la passion qu’il cultive pour le ballon ovale même s’il n’y joue plus, Cédric @agric15 trouve le temps de partager son quotidien sur la ferme de moyenne montagne avec ses « followers » sur Twitter. 4866 abonnés suivent ses joutes verbales et ses échanges quelquefois musclés avec ceux qu’il appelle « les intégristes verts ». Ce combat lui vaut aussi d’être repéré par les médias. Récemment, c’est un journaliste du Monde qui est venu l’interroger sur sa façon de « défendre son bifteck » face à la montée des alternatives végétales à la viande. « Je suis une grande gueule, » reconnaît-il volontiers. Mais il aime aussi expliquer, échanger, découvrir d’autres façons de travailler. Entretien.

Pourquoi êtes-vous sur les réseaux sociaux ?

Cédric V. - « Principalement pour communiquer sur mon métier. Il ne faut pas laisser la parole à tous nos opposants, il faut faire voir la réalité de ce qui se passe chez nous. Je veux permettre aux gens de se faire une opinion plus concrète. Il y a actuellement une génération de citadins déconnectés. La plupart des gens ne connaissent vraiment plus notre métier mais ils sont preneurs d’informations. Ils posent des questions et même si ce qu’on leur explique paraît basique, ils s’intéressent. »

Pourquoi avez-vous choisi Twitter exclusivement ?

Cédic V. - « Parce qu’à la base, je ne suis pas très « réseaux sociaux ». J’en ai donc assez avec Twitter. Au fil des années, j’ai découvert aussi que Twitter est un bon réseau pour communiquer avec des gens de pays étrangers. Je suis en lien avec des éleveurs d’Argentine, d’Australie, du Canada, d’Irlande, d’Angleterre, de pays d’Afrique, le Mali par exemple. Ils posent des questions et on sent que les façons de travailler peuvent être complètement différentes. J’aime bien échanger avec d’autres éleveurs, d’Aubrac en particulier. Le réseau est aussi un bon moyen d’échanger avec les politiques : des députés ou des sénateurs. On peut leur répondre et avoir des discussions sereines. »

Le post dont vous êtes le plus fier ?

 

 

 

Cédric V. - « Il n’y en en pas une en particulier. J’aime bien faire voir mes bêtes. Les gens aiment bien ce genre de vidéos où on voit des animaux paisibles, des images de campagne. Beaucoup de ceux qui me suivent me remercient de la fraîcheur que je leur apporte. »

 

 

 

Votre meilleure audience ?

 

 

 

Cédric V. - « C’est une vidéo de taureau postée il y a deux ou trois ans. Les vidéos de taureaux plaisent bien en général et celle-là a fait près de 20 000 vues. C’était un taureau en train de beugler. Les gens aiment ça.

 

 

Le bad-buzz que vous n’avez pas aimé ?

 

 

 

Cédric V. - « Au départ, j’ai eu à faire à des " vegan agressifs ". J’avais des messages du style " on va venir chez toi ". C’était terrible. Il s’agissait de comptes cachés qui ne t’insultent pas en nom propre. Ils soutenaient l’association L214. Si tu réagis, ils te tombent dessus à chaque fois. Si tu réponds méchamment, ils bloquent ton compte. Cela m’est arrivé. J’ai eu un premier avertissement 8 h, un deuxième avertissement 12 h. Léo Le Ster, chargé de campagnes L214, a même bloqué mon compte 24 h une fois et j’ai dû supprimer mon post. Aujourd’hui, je ne réponds plus. J’ai fait le tri et éventuellement, je bloque. Quand les gens menacent de s’en prendre à moi physiquement, je fais supprimer les comptes. »

 

 

 

« Même des gens qui ne sont pas du milieu agricole commencent à répondre aux associations animalistes »

 

 

 

Un post que vous regrettez ?

 

 

 

Cédric V. - « Non, j’assume toujours. Je suis une " grande gueule ". J’essaie de me maîtriser mais si ça me gonfle, je le dis, en faisant attention pour ne pas me faire bloquer.

 

 

 

Un post qui vous a amusé ?

 

 

 

Cédric V. - « Avec une dizaine de personnes, on a formé un groupe de communicants sur Twitter. On se chambre, on se répond, on rigole ensemble. Si on se voyait, on deviendrait vraiment copains. Ce sont des éleveuses et des éleveurs de l’Aveyron, du Berry, des Ardennes, de Bretagne. Le lien social, c’est ce qui me plaît aussi dans ces réseaux. Dans nos campagnes, on est un peu isolés. J’aime l’esprit d’équipe que l’on trouve dans le rugby, par exemple, mais aussi par le biais de Twitter d’une certaine manière. »

 

 

Un post qui vous a marqué ?

 

 

 

Cédric V. - « Il y a un compte Twitter qui me marque et que je suis. C’est quelqu’un qui relate la vie d’un soldat pendant la 2e guerre mondiale. Comment, il a vécu au front, comment il est décédé… Ca marque. »

 

 

 

Un post qui vous a énervé ?

 

 

 

Cédric V. - « Ce sont les vidéos des associations animalistes qui sont souvent mensongères. Leur communication s’appuie sur ces images et est en partie financée par l’industrie de la « malbouffe ». Mais ils commencent à avoir des détracteurs. Même des gens qui ne sont pas du milieu agricole commencent à leur répondre, c’est positif. Ils se font quelquefois laminer, c’est impressionnant. Dès que je peux les allumer, je le fais. »

 

 

 

« Les gens aiment bien les vidéos où on voit des animaux paisibles, des images de campagne »

 

 

 

Avez-vous un modèle sur les réseaux sociaux ?

 

 

 

Cédric V. - « Non, je n’ai pas de modèle. Quand j’ai envie de dire quelque chose, je le dis. Je ne prends exemple sur personne. »

 

 

 

Quel a été votre déclic pour vous lancer ?

 

 

 

Cédric V. - « C’est une émission que j’ai regardé sur France 2 en 2015. Un documentaire qui présentait une institutrice qui avait reçu des représentants de L214 dans se classe. Les messages étaient vraiment " pourris " et je me suis dit : " ce n’est pas possible que cette institutrice ne soit pas sanctionnée ". C’est comme ça que j’ai commencé. »

 

 

 

Combien de temps passez-vous sur les réseaux sociaux ?

 

 

 

Cédric V. - « Ca me prend beaucoup trop de temps, ma femme et mes enfants s’en plaignent.  C’est une succession de petites sessions mais en cumulé, j’y consacre deux à trois heures par jour. C’est aussi parce que je me fais un devoir de répondre à tout le monde. Je prends le temps d’expliquer. »

 

 

 

Quels conseils donneriez-vous à des agriculteurs qui veulent se lancer ?

 

 

 

Cédric V. - « Surtout, qu’ils le fassent. On a besoin de gens qui communiquent sur notre métier. Je n’ai pas de conseils à leur donner si ce n’est qu’ils y aillent franchement, sans tabou. Il faut essayer. C’est difficile de savoir pourquoi certains comptes y arrivent et pas d’autres. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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