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Pommes de terre : « Nous sommes trop dans l’opacité », pour Luc Chatelain, CNIPT

LUC CHATELAIN, MEMBRE DU CNIPT. « Dans le frais, il y a moins de transparence que dans l’industrie, et une atomisation de l’offre. »
© V. Noël

« En pommes de terre, nous avons des amplitudes de prix et de marché impressionnantes, et nous avons de grosses attentes par rapport aux États généraux de l’alimentation », indique Luc Chatelain, représentant des producteurs au CNIPT (Comité national interprofessionnel de la pomme de terre), spécialisé dans le frais. C’est l’une des trois interprofessions de la filière, aux côtés du GIPT pour la pomme de terre transformée, et du Gnis pour le plant. Cette configuration montre bien la difficulté qu’à le secteur à avancer « grouper ». Si cela peut arriver ponctuellement sur certains dossiers, tels la RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) qui mobilise notamment GIPT et CNIPT, c’est encore rare.

Une nécessité de mettre en place des contrats types

Dans le frais tout particulièrement, travailler collectivement apparaît compliqué. Aucune coopérative n’a par exemple réussi à exister durablement. Et la contractualisation reste limitée. « Dans la pomme de terre d’industrie, le contrat d’avant saison, qui précise une variété, un volume et un prix avec un cahier des charges, concerne 70 à 80 % des volumes, souligne Luc Chatelain. Mais dans le frais, il y a beaucoup moins de transparence, et une atomisation de l’offre. » Le responsable appelle de ses vœux la mise en place de contrat type. « En tant que producteurs, nous voudrions qu’ils définissent le calibre, la variété, l’aspect, la clarté, l’endommagement, explique Luc Chatelain. Ces critères pèsent lourds dans le prix, or ils sont difficiles à objectiver. Leur appréciation est soumise à l’ambiance commerciale du moment. Nous souhaiterions la création d’un outil d’appréciation objective des lots. » Selon le responsable, cette transparence est essentielle : « Quand on veut donner des orientations à une filière, par exemple en termes de quantité ou de qualité à produire, il faut en connaître les tenants et les aboutissants. Nous sommes trop dans l’opacité. » Pour Luc Chatelain, le partage de la valeur ajoutée est encore insuffisant, en partie à cause du manque de transparence.

Un aval qui profite de la guerre des prix à l’amont

Résultat, la grande distribution profite de la situation : « En face des quatre ou cinq centrales d’achat, nous avons une multitude d’offres, portées par des opérateurs de toutes tailles, décrit Luc Chatelain. Cela peut créer une surenchère à la baisse. Nous avons des relations intéressantes avec la GMS en interpro, mais quand on doit formaliser les choses, c’est difficile. » Pas assez concertées, les mises en avant à prix cassés ont souvent du mal à passer. Faute de transparence et d’indicateurs sur des coûts de production moyens, du fait aussi de la diversité des itinéraires techniques et des produits, il est également difficile pour la filière de se prononcer sur le seuil de revente à perte. « Nous essayons de faire des indicateurs, mais il faut qu’il soit reconnu sur le plan législatif », estime le responsable. Le travail en filière avance, mais à pas lents.

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