Dossier
Formation, les professionnels prennent le taureau par les cornes
Alors que le chômage dans l’Hexagone ne cesse de progresser et que l’emploi est considéré comme la priorité pour une majorité de Français, de nombreuses offres restent vacantes dans certains secteurs de l’économie française. C’est ainsi le cas de l’agroalimentaire, et en particulier de la meunerie et des industries céréalières. En cause, des formations en déphasage avec les besoins du terrain.

L’agroalimentaire représente 412.000 salariés, essentiellement employés par les petites et moyennes entreprises. Chaque année, ils s’y effectuent 30.000 embauches mais 10.000 postes ne trouvent pas preneur. Ce secteur, qui recrute, est en effet parfois victime d’une mauvaise image pour son côté technique, quand il n’est pas méconnu par les étudiants. C’est notamment le cas des métiers liés à la transformation des grains.
Formation initiale, continue ou “maison”, tout est bon
Les raisons du déséquilibre existant entre l’offre et la demande d’emploi en industries céréalières sont multiples : méconnaissance des métiers de la filière des grains, absence d’intérêt des jeunes pour les métiers techniques, manque d’attractivité de certaines professions (niveau salarial jugé faible, travail en 3x8, localisation en milieu rural, …). L’accélération des départs en retraite de la génération du baby-boom ne fait qu’accentuer le décalage entre les offres et les demandes d’emplois. Et quand la main d’œuvre est là, la faible propension des jeunes diplômés à la mobilité peut entraver l’embauche.
Les professionnels, comme les semenciers, multiplient les opérations séduction pour attirer les étudiants. Mais « les jeunes restent peu attirés par les métiers de la production en agroalimentaire, reconnaît Cécile Courtois, coordinatrice pédagogique de la licence professionnelle “Industries des céréales” du Cnam, à Paris. Il y a des listes d’entreprises qui recherchent des apprentis.» Ainsi, en meunerie, les écoles ne fournissent pas assez de techniciens. « Pour dix candidats sortant, il y a une vingtaine de demandes. Ce n’est pas un phénomène nouveau mais il s’aggrave », s’inquiète Nelly Duprat, responsable Recrutement de l’Aemic (Association des écoles des métiers des industries céréalières). Et de regretter : « De plus en plus de chômeurs avec une formation technique, électronique... sont embauchés et formés sur le tas. Mais à terme, cela peut entraîner une perte de sensibilité sur les produits blé-farine-pains » D’où l’investissement de l’ANMF dans le renforcement en meunerie et boulangerie de la licence Pro, proposée à l’Ensmic-Enilia à Surgères (Charente-Maritime). Un enseignement ouvert aux étudiants étrangers, qui permet aussi de former des meuniers compétents dans les pays importateurs de blé français.
De leur côté, les organismes stockeurs ont développé des modules de formation pour professionnaliser le métier de personnel de silo. Les courtiers qui bénéficient, pour leur part, d’une meilleure attractivité, sont confrontés au problème d’absence de formation initiale et façonnent en interne leurs jeunes recrues. Un enseignement très prisé par les professionnels de la filière des grains, qui n’hésitent pas à débaucher les courtiers juniors.