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La sélection ovine à la recherche de la perfection

Que la sélection soit faite au niveau de l’élevage individuel ou au niveau de toute une race, elle participe au progrès génétique. Les organismes de sélection s’attellent à des projets d’envergure, à la recherche de l’ovin parfait.

« Il y a plusieurs dizaines d’années que les organismes de sélection ont commencé à travailler sur les gènes majeurs tels que la résistance à la tremblante, la prolificité, le gène culard. C’est de la génomique, mais gène par gène », explique Agathe Cheype, de l’Institut de l’élevage. La production ovine française est riche de toutes ces avancées, plus ou moins grandes, qui donnent aujourd’hui des animaux de grande qualité, avec les caractéristiques des races préservés.

Néanmoins, les sélectionneurs, épaulés des généticiens, cherchent toujours de nouveaux leviers pour améliorer la conduite d’élevage, la santé animale et les performances zootechniques. « Le prisme de l’actualité et des défis d’aujourd’hui et de demain oriente nos travaux en matière de sélection », souligne Pascal Potard, le vice-président de Géode.

Sélectionner sur la résistance au parasitisme

D’ailleurs, la coopérative spécialisée en génétique ovine a lancé, voilà cinq ans, un programme d’étude sur la résistance au parasitisme, en partenariat avec l’école vétérinaire de Toulouse (ENVT) et l’Inrae. Ce projet, innovant et unique en France en production allaitante, a débuté avec des béliers Rouge de l’Ouest, car c’est la race avec le plus de reproducteurs gérés par la coopérative, mais il est dorénavant étendu aux Berrichons du Cher, aux Berrichons de l’Indre, à la Charmoise et à la Solognote.

« Nous faisons du phénotypage sur les béliers pour connaître leur résistance aux parasites gastro-intestinaux », pose Clémence Vallade, apprentie ingénieure agronome chez Géode. Les béliers qui entrent en station de contrôle individuel (SCI) sont infestés par des larves de strongles deux fois à 28 jours d’intervalle. Entretemps, l’équipe prélève du sang et des fèces pour contrôler le niveau d’infestation. « Nous avons établi trois paliers : très résistant, résistant et sensible, nous apprend Clémence Vallade. Nous n’avons pas remarqué de corrélations négatives entre la résistance au parasitisme et les autres critères de sélection. » Les béliers vont donc pouvoir être comparés au sein d’une même race mais « notre volonté est de ne pas comparer les races », appuie Pascal Potard. Géode travaille avec l’Institut de l’élevage pour faire rentrer le critère de résistance au parasitisme dans l’indexation des béliers.

Le projet nécessite encore un peu de temps pour permettre aux généticiens de prendre du recul sur les résultats, mais « il semblerait, d’après nos observations et les données qui nous reviennent, que la résistance au parasitisme serait un gène héritable », annonce Clémence Vallade. D’ailleurs, certains éleveurs ont compris l’intérêt de ces reproducteurs résistants. « Lors de notre vente aux enchères de sortie de station, nos béliers résistants ont été vendus jusqu’à 3 500 euros », s’exclame Pascal Potard.

Vers l’héritabilité de la vigueur à la naissance ?

En Bourgogne, l’OS Mouton Charollais et ses adhérents se sont intéressés à la vigueur des agneaux à la naissance. En 2021 et 2022, une vingtaine d’éleveurs a pris part à l’étude en enregistrant toutes les données autour de chaque agnelage : facilité, vigueur à la naissance, faculté à téter, poids de l’agneau. « À court terme, cette étude nous permet de produire des références techniques sur les facteurs qui impactent en bien ou en mal la vigueur des agneaux à la naissance, explique Claire Debrut, de l’OS Mouton Charollais. Mais à plus long terme, nous voudrions savoir si un facteur génétique entre en jeu à ce niveau, s’il y a des lignées d’agneaux plus vigoureux que d’autres. »

Dans le Sud, on améliore la filiation

L’organisme de sélection des races ovines du Sud (OS Rose) a mis au point un protocole pour suivre la parenté des agneaux. « En 2017, nous avons arrêté l’insémination artificielle en Préalpes du Sud, car malgré le fort progrès génétique, la technique est très coûteuse et peu efficace », explique Manon Daux, de l’OS Rose. Il a fallu de ce fait mettre en place un système de contrôle de parenté. « Après chaque naissance, nous prélevons un échantillon de cartilage dans l’oreille de l’agneau pour faire un test ADN. Le prélèvement et le test coûtent 18 euros. »

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