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Une coach sur les routes de France à l'écoute des difficultés des agriculteurs

Partager le vécu des agriculteurs pour aider ceux qui sont en difficulté, c’est l’idée de Marie Godard qui va démarrer le 19 juin un périple dans l’ouest de la France. Jusqu’au 7 juillet, elle va aller à leur rencontre pour réaliser des séquences audio qui seront diffusées en épisodes sur son site Be agris et sur YouTube. Pour la coach qui aime le contact humain, cette expérience a du sens. Explications avec l’intéressée avant qu’elle ne prenne la route au volant de son Kangoo jaune. 

Marie Godard : « Pour moi, c’est important de ne pas nier les difficultés. »
© M. G.

J – 1 pour Marie Godard. Son périple sur les routes de France à la rencontre des agriculteurs démarre le 19 juin. Direction la Bretagne où elle va tendre son micro à deux jeunes éleveurs laitiers qui s’installent et qui sont en réflexion. Pour la suite du parcours, jusqu’au 7 juillet, sept autres rendez-vous sont déjà pris et d’autres vont venir s’ajouter. Son Kangoo jaune va la mener jusqu’en Nouvelle Aquitaine en passant par les Pays de la Loire. Elle a reçu beaucoup de demandes mais elle veut prendre le temps de parler avec les gens, ne pas rester juste une heure et partir. Celle qui a décidé de laisser la parole aux agriculteurs pour qui le chemin a parfois été chaotique nous explique sa démarche.

Lire aussi : « Marie se lance sur les routes pour tendre son micro aux agriculteurs »

Pourquoi avez-vous décidé d’organiser ce périple ?

Marie Godard – « J’aime le contact humain et j’aime l’agriculture. Ce projet me permet de relier les deux. Pour certains agriculteurs, le parcours est difficile et l’effet confinement n’a pas facilité les choses. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment ils font avec toutes ces difficultés et comment ils font pour trouver des solutions. Le métier d’agriculteur n’est pas un métier comme les autres et pour eux, c’est parfois compliqué de faire avec les contraintes administratives, la demande sociétale, le contexte économique. Ces paramètres font que ce n’est pas facile. Ils ont parfois un sentiment d’impuissance et se sentent victimes. Ils sont soumis à des pressions et parfois, dans ce contexte, prendre des décisions peut être difficile. Pire que des mauvais choix, ce sont les non-choix qui peuvent parfois mettre en danger la pérennité de la ferme, et leur bien-être. Le fait de se laisser happer par le contexte et le système sans prendre de recul. Moi, je ne suis pas du tout dans une approche culpabilisante. Je veux être très vigilante et leur dire " je vous entends ". Parfois, remettre en question le système permet de s’en sortir mieux, de ne pas subir le contexte, mais c’est une décision qu’ils doivent prendre individuellement et qui génère du stress. »

Les personnes que vous allez rencontrer sont-elles sorties de leurs difficultés ?

M. G. – « Pour ceux que je vais rencontrer au début, oui, c’est le cas. C’est aussi parce que quand on est en plein marasme, on n’a pas forcément envie de témoigner. Mais je le fais aussi pour aider les agriculteurs en difficulté. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils puissent avoir des témoignages et qu’ils puissent se dire " S’il a réussi, je peux y arriver aussi ". J’espère pouvoir toucher des gens qui vont se dire : " C’est possible ". Pour moi, c’est important de ne pas nier les difficultés. Mais pour eux, la question, c’est ensuite : " Qu’est-ce que je fais avec ça ? Qu’est-ce que je ressens ? Est-ce que je me renferme ? " Dans mon parcours professionnel, j’ai été confronté à des cas de suicide. Moi, je n’ai pas de solution miracle. Je pose des jalons. J’y vais par étapes et je rentre par la brèche humaine. Modestement, je me dis que faire parler d’autres agriculteurs, ça peut aider. Le témoignage est un premier pas pour qu’ils se disent : " J’ai de la ressource ". »

« Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment ils font avec toutes ces difficultés et comment ils font pour trouver des solutions.»

Comment financez-vous ce projet ?

M. G. – « Sur mes fonds propres. Je ne voulais pas me faire financer, pour rester libre. J’ai un statut d’auto-entrepreneur et je démarre une activité de coach. Ce projet a du sens pour moi.»

Le format audio est-il un choix délibéré ?

M. G. – « Pour ce premier voyage, j’ai choisi le format audio. Quand on est seule, c’est compliqué de s’occuper à la fois de l’image et du son. Le format audio me permet de miser sur l’échange. Les épisodes seront en ligne sur mon site Be agris mais ils seront aussi diffusés via YouTube. »

Et pour la suite de l’aventure, qu’envisagez-vous ?

M. G. – « J’ai prévu un deuxième périple en août, plus dans l’Est et dans le Sud. Là, ce ne seront pas des éleveurs laitiers mais des apiculteurs des maraîchers… Pour le moment, j’y vais comme ça, tranquille mais j’aimerais que ça puisse résonner. Par la suite, j’aimerais bien réaliser un long documentaire. »

Lire aussi : « Chaîne Podcast - " La clé des Champs " de Louise Lesparre permet aux citadins " d’écouter l’agriculture " »

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