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« Je suis repassé en aire paillée pour viser 2 millions de litres dans mon élevage laitier des Côtes-d'Armor »

Dans les Côtes-d’Armor, Antoine Boixière a choisi de démonter ses logettes pour améliorer le confort de ses 110 prim’Holstein et faciliter son travail, aidé d’un paillage et d’un raclage automatisés.

À Pleudihen-sur-Rance, dans les Côtes-d’Armor, la SCEA du Tertre Goutte a fait évoluer à plusieurs reprises ses bâtiments d’élevage. « La stabulation d’origine date de 1994. Elle accueillait à l’époque une aire paillée et la production laitière se limitait à 400 000 litres », retrace Antoine Boixière, associé avec son père Michel, accompagnés de deux salariés. En 2007, l’aire paillée est remplacée par 60 places de logettes pour atteindre les 600 000 litres. C’est en 2015, quatre ans après l’installation d’Antoine, que l’élevage prend une autre dimension dans le but de produire 1,4 million de litres. « On passe alors à 160 places de logettes pour accueillir 120 vaches laitières et 40 génisses. C’est aussi le moment où l’on décide d’automatiser un maximum de tâches en installant un deuxième robot de traite, un robot d’alimentation, un système de paillage automatique des logettes et quatre racleurs à câble. »

Cette configuration a donné satisfaction les premières années, mais les éleveurs se sont ensuite rendu compte qu’elle devenait gourmande en temps de travail et en coût d’entretien. « Je voulais aussi améliorer le confort des vaches, pour les faire davantage vieillir et augmenter la production, notre laiterie nous encourageant dans ce sens. Nous sommes actuellement à 1,8 million de litres, l’objectif étant d’atteindre 2 millions sans augmenter l’effectif de 110 laitières. »

Deux lots de 55 vaches sur 1 200 m2

C’est ainsi qu’un nouveau projet voit le jour en 2024 avec l’aménagement d’une aire paillée d’un peu plus de 1 200 m2 en lieu et place des 160 logettes. « Nous avons aussi déplacé la fumière, qui était en bout de bâtiment, pour profiter d’un maximum d’espace », précise Antoine Boixière. Le stockage du fumier s’effectue à l’extérieur, à proximité de l’incorporateur du méthaniseur. Toutes les génisses, les taries et les vaches en préparation au vêlage sont désormais regroupées dans un autre bâtiment, dont la largeur a été doublée. « Nous n’avons gardé que les veaux jusqu’à 8 ou 9 mois à côté des vaches laitières, sur une aire paillée déjà existante. »

La nouvelle aire paillée est séparée en deux parties accueillant 55 vaches chacune. « Chaque lot a son robot dont l’emplacement n’a pas été modifié. En supprimant les logettes, on a toutefois gagné de l’espace de circulation autour du robot », apprécie l’éleveur. Les deux zones paillées sont bordées d’un couloir raclé donnant accès à une rangée de cornadis. « Nous avons choisi de mettre des murs de séparation espacés de 4 ou 5 mètres à l’aide de barrières relevables, de façon à favoriser la circulation, tout en préservant des zones de couchage où les vaches ne sont pas dérangées. »

Des couloirs raclés par un robot aspirateur

Les deux couloirs d’exercice sont nettoyés par un robot aspirateur de lisier. « L’ajout d’une marche en plastique recouverte de caoutchouc devant les cornadis a permis de réduire la surface à racler, de façon à ne pas avoir besoin d’un second robot. Cette marche est aussi utile pour bloquer les vaches aux cornadis, tout en laissant passer le robot aspirateur, chose qu’on ne pouvait pas faire avec les racleurs », précise Antoine Boixière.

Les deux aires de repos sont paillées trois à quatre fois par jour par les canons de l’automate de paillage. « On applique une fine couche de paille défibrée, qui a un excellent pouvoir d’absorption et qui maintient une litière propre en surface. Cette méthode semble porter ses fruits : on n’a pas plus de mammites et les leucocytes sont restés à 80 000. »

Deux heures par semaine pour curer

Le gain de consommation de paille déjà observé lors de l’adoption de l’automate pour les logettes se confirme avec l’aire paillée. « Pendant la période de réaménagement du système de paillage, nous avons utilisé la pailleuse d’un voisin. On consommait dix balles cubiques par jour pour pailler tous les bâtiments, sans obtenir une litière aussi propre qu’avec l’automate, qui en absorbe seulement quatre et demie. » Les éleveurs curent l’aire paillée une fois par semaine, une fréquence validée par un suivi de température de la litière. « À deux, équipés d’un télescopique et d’un valet de ferme, on évacue tout en moins de deux heures, assure Antoine Boixière. Le sol est fini en surface avec un GRH [grave reconstituée humidifiée] 0/20 très compacté, qui facilite le curage. Il nous suffit ensuite de répartir quatre sacs d’asséchant et une couche de 2 centimètres de miscanthus sur toute la surface. Pour gagner encore du temps, il serait possible de l’éparpiller avec un godet pailleur. C’est de toute façon déjà moins pénible que l’heure que l’on passait quotidiennement à racler les logettes. »

Un automate de paillage reconfiguré

L’adoption de l’aire aillée s’est accompagnée d’une modification du système de paillage automatique Schauer. « On voulait à tout prix conserver ce système qui offre une paille absorbante, crée peu de poussière et s’avère très économique à l’usage, insiste Antoine Boixière. On a seulement 500 euros de frais d’entretien par an sur le broyeur. » Le système de transport de la paille par chaînes à pastilles et diffuseurs qui paillait les logettes a dû être remplacé par un dispositif à transport pneumatique et canons d’épandage. « Chaque canon rotatif couvre un diamètre de 15 mètres. Il est possible d’ajuster la trajectoire de la paille selon sa position de façon à avoir une couverture homogène. » Une partie du circuit à chaînes à pastilles a été réutilisée pour l’agrandissement du bâtiment des génisses et le restant revendu. L’unité de broyage et de dépoussiérage de la paille a été renouvelée et déplacée sous le hangar de stockage de la paille. « On peut charger six balles cubiques sur la table d’alimentation du broyeur, de quoi nous offrir une journée d’autonomie. » En effet, en plus des quatre balles et demie utilisées pour le paillage, l’équivalent d’une balle et demie est envoyé vers la cuisine du robot d’alimentation. « Cette paille défibrée intégrée aux rations a permis de doubler les quantités ingérées par les veaux et les génisses. L’âge de vêlage est ainsi rapidement passé de 24 à 22 mois. Et aujourd’hui, nous avons atteint une moyenne de 20 mois ! », se félicite Antoine Boixière.

Plus de fumier pour la méthanisation

La SCEA du Tertre Goutte est autonome à 95 % en électricité. « Nous disposons de cinq trackeurs solaires capables de fournir une puissance de 125 kW. Dès que leur production est insuffisante pour couvrir les besoins de l’exploitation [120 kW en moyenne], le cogénérateur de 120 kW vient en complément et prend le relais la nuit », explique Antoine Boixière. La cogénération absorbe moins de 10 % du biogaz produit par l’unité de méthanisation, dont 90 Nm3/h sont injectés dans le réseau.

L’aire paillée des vaches produit deux fois plus de fumier qu’auparavant. « Grâce à la paille broyée et défibrée, ce fumier s’incorpore beaucoup plus facilement et il est deux fois plus méthanogène qu’un fumier pailleux, autant qu’une Cive. L’aire paillée nous permet donc de faire des économies de maïs et de Cive pour alimenter le méthaniseur. »

Fiche élevage

340 ha de SAU (120 ha de blé, 120 ha de maïs, 30 ha de colza, 15 ha de luzerne, 25 ha de miscanthus, 25 ha de silphie, 5 ha d’herbe)

1,8 million de l de lait

110 vaches

1 200 m2 d’aire paillée

90 Nm3/h de gaz injecté

Côté éco

80 000 euros pour reconfigurer le bâtiment

80 000 euros de revente d’équipements (logettes, matelas, tapis, racleur, circuit de paillage…)

200 000 euros pour renouveler le système de paillage, dont 50 000 euros pour la table de stockage et l’unité de broyage

40 000 euros pour le robot aspirateur de lisier

Rédaction Réussir

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