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« Je suis passé de 1,9 à 2,5 traites par vache et par jour avec mon robot de traite », dans les Vosges

Chez Stéphane Simonin, dans les Vosges, la traite robotisée a connu un démarrage chaotique en 2023. Il s'est fait accompagner pour revoir tout le paramétrage de son robot et amélioré la fréquence de traite. 

« Depuis mon installation il y a neuf ans, j’avais pour objectif de m’équiper d’un robot de traite », retrace Stéphane Simonin à la tête d'un troupeau de 75 vaches dans les Vosges. Il franchit le pas en mars 2023. « La mise en route du robot de traite s’est plutôt bien passée », partage-t-il, mais au bout d'une quinzaine de jours, l'éleveur commence à déchanter. Les stocks d'ensilage de maïs diminuent plus vite qu'attendu.

Le manque d'anticipation fourragère et le pâturage n'ont pas facilité la période de démarrage. « J'ai vu le nombre de passages au robot rapidement diminué. Pour le maintenir à un niveau suffisant, nous allions chercher les vaches trois fois par jour », se souvient l'éleveur. Pour compenser le manque de maïs fourrage, un méteil de mauvaise qualité était distribué aux vaches, « ce qui a contribué aussi à faire chuter la production de lait ».

Gaec de la ferme des Hetz

200 ha

600 000 l

75 vaches 

1 exploitant, 1 apprenti, 1 saisonnier

À l'automne, avec la récolte du nouveau maïs ensilage, la production a un peu redémarré « mais elle n’était pas à la hauteur de ce que j’avais prévu », se souvient Stéphane Simonin. Pour favoriser la circulation des vaches vers le robot, l'éleveur décide alors d'abandonner le système de maïs en libre-service avec DAC, et de le remplacer par une ration distribuée à la mélangeuse. « Mais avec une moyenne de 1,9, le nombre de traites se montrait toujours insuffisant. J’avais l’impression de passer mon temps à pousser des vaches. J’étais déstabilisé, reconnaît-il. J’avais investi pour faire plus de lait dans de meilleures conditions de travail mais j'en produisais moins et la situation économique était tendue. »

Revoir la distribution des concentrés

Pour améliorer la situation, l’éleveur fait appel à Seenorest en septembre 2024. Clément Deviterne, consultant robot et nutrition, réalise d’abord un audit à distance, en analysant tous les paramètres du robot. Puis, sur l’exploitation, il échange avec Stéphane Simonin sur ses pratiques et objectifs. « Même si l’éleveur a envie que les choses s’améliorent rapidement, il faut y aller par étape, prévient le conseiller. En modifiant un paramètre à la fois, c'est plus facile pour repérer ce qui fonctionne ou pas. »

Le premier chiffre qui a interpellé Clément Deviterne est la trop faible part de concentré consommé, seulement 60 %. « En comparant le concentré attribué et la consommation réelle, nous nous sommes rendu compte que le robot gardait une partie du concentré pour les attribuer aux DAC externes alors que ceux-ci n'étaient plus en fonction depuis l'arrivée du robot », remarque le consultant. Les quantités apportées au robot ont été complètement revues avec une nouvelle répartition entre la part apportée dans la mélangeuse et celle amenée au robot. La vitesse de distribution a également été changée pour l’adapter aux concentrés sous forme de granulés que l'éleveur a préféré à son précédent mélange fermier céréales-tourteaux de colza.

Les chiffres de consommation se sont alors améliorés, mais ils se révélaient anormalement faibles sur quelques vaches. « Nous avons alors suspecté un problème technique », explique Clément Deviterne. En effet, certains colliers se montraient défaillants et ont dû être remplacés... L’ensemble de ces ajustements a enfin permis d’atteindre les 95 % de la consommation de concentrés visée.

Désaturer le robot de traite

Mais si ces changements autour de l’alimentation ont eu un impact positif sur la fréquentation du robot et la production, le nombre journalier de traites plafonnait encore à 2,1 traites par vache. 

Avec une stalle pour 67 vaches à la traite, le robot était surchargé. « Il fallait dégager du temps pour faciliter l’accessibilité pour toutes les vaches », souligne Clément Deviterne. L’effectif a été légèrement diminué en anticipant la réforme de trois vaches, sans compensation par des génisses.

Les paramètres de lavage ont également été optimisés. « Dans un système avec des logettes paillées bien entretenues comme ici, les vaches sont plutôt propres. Il n’y a pas besoin de laver chaque trayon deux fois. » En diminuant l’effectif et le temps de traite individuel, du temps a été libéré, ce qui a permis d’augmenter le nombre de traites par vache. Mais pas encore suffisamment. L'étape suivante a consisté à « modifier les permissions de traite pour freiner certaines vaches qui venaient trop souvent et surchargeaient le robot », complète le consultant.

Pour mieux comprendre le fonctionnement du troupeau, Clément Deviterne a également analysé la fréquentation du robot heure par heure. Des moments de creux en pleine journée ont été repérés. « Auparavant, je bloquais les vaches au cornadis après la distribution de la ration, explique Stéphane Simonin. Elles avaient gardé ce rythme, ce qui entraînait des creux de fréquentation. » Il a fallu recréer du mouvement toute la journée en distribuant la ration en deux fois et par des passages fréquents au sein du troupeau. L’ensemble de ces réglages a permis à Stéphane d’atteindre les niveaux de production souhaités. « La production journalière est passée à 32 kilos par vache et par jour avec une moyenne de 2,5 traites, alors que nous étions descendus à 25 kilos », se félicite-t-il. 

Vérifier le paramétrage à chaque changement

Pour optimiser le fonctionnement du robot, il est nécessaire d’ajuster le paramétrage à chaque changement. Ainsi, au printemps, Stéphane Simonin a installé une porte de tri pour faciliter l’accès au pâturage. « Nous avons affiné les autorisations de sortie pour ne pas avoir à aller chercher des vaches, détaille l’éleveur. Jusqu’au coup de chaud, cela fonctionnait bien. Puis, en juillet, le stress thermique a eu un impact marqué sur le niveau de production. Il a fallu attendre un peu que le lait remonte. »

Un autre point de vigilance concerne les concentrés. « Lors d’un épisode caniculaire, d’un changement de silo ou d’un passage de grippe par exemple, il faut penser à changer les paramètres d’alimentation pour figer les quantités de concentrés allouées », conseille Clément Deviterne. Sinon, à la sortie de l’événement perturbateur, lorsque la production voudra repartir, les vaches se verront freinées par le manque de concentrés, dont la quantité est calculée selon la moyenne de production des sept derniers jours. 

Côté éco

L'optimisaton du fonctionnement du robot a eu une répercussion positive sur la marge sur coût alimentaire. Elle se chiffrait à 7,80 €/VL/j en février 2024 quand la production se limitait à 28,3 kg. En décembre de la même année, malgré l'augmentation du coût de la ration, passé de 4,15 à 5,22 €/VL/j, la marge sur coût alimentaire a atteint 9,19 €/VL/j, avec une production de 33,8 kg/VL/ j.

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