« J’ai fait de mes rêves une réalité avec quelques compromis ! »
Lucie Seguela élève des brebis laitières au Viala-du-Tarn en Aveyron. Elle réalise son rêve d’enfance de travailler avec les animaux et a su s’adapter aux contraintes.

« Comme beaucoup d’enfants, mon rêve était de devenir vétérinaire, de m’occuper des animaux. La prépa pour l’école vétérinaire a été un échec… J’ai intégré alors une école d’ingénieur d’« agro-développement international », dans le Val-d’Oise. Grâce aux stages, j’ai voyagé en Inde, au Sénégal, en Bolivie ou à Madagascar où j’ai contribué à la gestion d’une coopérative agricole !
Mes voyages, stages ou métiers dans des domaines variés ont été une véritable force dans mon parcours d’installation. Cela m’a permis d’appréhender les démarches administratives et financières avec sérénité, de prendre du recul sur la situation actuelle, de jauger de la pertinence de certains de mes projets. Si c’était à refaire, je ne changerai rien ! Alors un seul conseil, avant de vous installer, bougez, voyagez !
De retour en France, j’ai été embauchée au CER France. J’aidais les agriculteurs lors des déclarations PAC [politique agricole commune] ou sur leur projet d’installation. Mais mon rêve de m’occuper des animaux était toujours vivace… J’étais attirée par la production laitière et la brebis m’a paru comme une évidence.
Après quelques recherches internet, j’ai trouvé la formation qui me correspondait : le certificat de Spécialisation en ovin lait à Saint-Affrique (Aveyron). Forte de mes convictions et de ma vision de l’élevage, j’ai effectué mon stage dans une ferme de brebis laitières bio en AOP Roquefort pour la laiterie Papillon et la fromagerie gérée par ses producteurs, les Artisous.
De nombreuses expériences professionnelles
À la suite de cela, je suis partie six mois dans une ferme de brebis laitières avec transformation fromagère dans les Alpes. J’avais une grande autonomie dans mes tâches mais j’ai aussi pris conscience que la gestion d’une exploitation seule pouvait être très complexe… J’ai multiplié les expériences en réalisant des saisons pour les agnelages ou autres. C’est en 2021 que mon ancien maître de stage m’a contacté pour me proposer de travailler sur la ferme.
L’opportunité d’une ferme voisine qui se libérait nous a décidés. J’ai réalisé un Cefi (contrat de parrainage qui finance une période d’essai entre un candidat à l’installation hors du cadre familial et un agriculteur à la recherche d’un repreneur ou d’un associé) et j’ai entrepris mes démarches d’installation avec la reprise de cette ferme. Mes expériences au CER ont été un grand atout durant tout ce parcours. En avril 2023, la fusion des deux fermes était effective et j’ai pu réaliser mon rêve : m’occuper des animaux !
De l’utopie à la réalité…
À mon arrivée, nos premiers investissements ont permis d’améliorer les conditions de travail. Actuellement, nous agrandissons et automatisons un peu la bergerie pour pouvoir loger 350 brebis. J’avais le projet de mettre en place un atelier de transformation fromagère mais mes expériences antérieures m’ont permis de relativiser. Je dois bien avouer que livrer son lait apporte un certain confort mental et permet de se libérer du temps…
Aujourd’hui à 34 ans, je prends mes marques en tant qu’associée à part entière. Il n’a pas été facile pour moi de passer de statut de salariée à associée ! Nous sommes maintenant polyvalents sur la ferme et cela me convient. Nous communiquons beaucoup, cela est essentiel pour conserver une bonne entente entre associés. Le temps de travail est aménagé de telle sorte que l’on arrive à prendre des congés.
Des idées, j’en ai plein la tête, mais je les garde pour plus tard… Les prochains mois seront consacrés à mon enfant que j’attends pour cet été !
La place de la femme en agriculture
La place de la femme en agriculture a beaucoup évolué ses dernières années. Le statut d’exploitante est mieux pris en compte. « Je suis actuellement en congé maternité et je bénéficie de l’allocation de remplacement maternité. Et grâce aux services de remplacement, nous avons pu continuer à maintenir l’activité sur la ferme sans pénaliser mon associé. Et pour ma part, je profite pleinement de ces instants ! Mais il ne faut pas relâcher les efforts pour que la place des femmes en agriculture soit encore plus reconnue… »