Aller au contenu principal

Vols en agriculture : limiter les risques de vols de GNR

Très convoité compte tenu de son prix, le GNR est très exposé. Quelques mesures limitent toutefois les risques, à la cuve ou dans les engins. Mais les pompes des irrigants restent vulnérables.

Installer un interrupteur distant et protéger l'accès à la pompe de la cuve est un moyen efficace pour dissuader les vols.
Installer un interrupteur distant et protéger l'accès à la pompe de la cuve est un moyen efficace pour dissuader les vols.
© G. Omnès

En juin 2021, le GNR coûtait moins de 1 euro par litre TTC. Un an plus tard, il avoisine 1,60 euro, quand ce n’est pas plus, selon les distributeurs et les échéances. Face à une telle hausse, se prémunir des vols de carburant sur les exploitations agricoles est plus que jamais un enjeu économique. Mais en pratique, ce n’est pas toujours aussi simple.

Preuve de la difficulté, les témoignages d’agriculteurs victimes de rapines se sont multipliés depuis deux ans dans la campagne, avec des vols allant de quelques centaines à quelques milliers de litres de gasoil. Tracteurs au champ ou au milieu de la cour de ferme, stations de pompage d’irrigation, cuve de carburant… ce sont autant de cibles potentielles pour des malfrats aiguillonnés par la flambée des prix du précieux liquide.

Ces différentes situations appellent des remèdes différents… quand il en existe ! La cuve est probablement le bien le plus facile à préserver, du fait de son emplacement fixe dans la ferme. « La cuve de carburant doit si possible être placée dans un endroit sécurisé, recommande l’adjudant-chef Laurent Jannet, référent sûreté à la cellule de prévention technique de la malveillance GGD de la Marne. Il faut mettre le maximum d’obstacles afin que le voleur ne puisse pas arriver avec sa voiture et siphonner tranquillement. »

Installer sa cuve dans un hangar verrouillé est idéal. Il faut ensuite appliquer quelques mesures de bon sens : fermer à clé la trappe d’accès au carburant, sécuriser mécaniquement l’accès à la pompe… et ne pas laisser les clés en évidence ! Autre précaution indispensable : ne pas laisser la pompe branchée, pour ne pas faciliter l’action des malfaiteurs. « Souvent, ils mettent le système en route pour se servir, rapporte le gendarme. Pour empêcher cela, on peut installer un interrupteur caché dans le bâtiment, ou installer un disjoncteur à distance. Ce sera autant de temps précieux supplémentaire pour commettre le vol. »

Les engins sont eux aussi visés, et pas seulement lorsqu’ils sont laissés sans surveillance au champ : il est fréquent que le vol survienne en pleine cour de ferme, parfois dans la journée. Pour limiter la casse la nuit, il est recommandé de ne faire le plein que le matin, avant la journée de travail. En cas de vol, celui-ci portera sur une quantité limitée. Comme pour la cuve, on peut installer une crépine anti-siphonnage. Parfois mis en avant, les bouchons de réservoir sécurisés par une serrure peuvent être contreproductifs s’ils conduisent le voleur à percer le réservoir : non seulement le fuel a disparu, mais on est quitte pour une réparation.

« Il faut éviter tout ce qui peut tenter le vol, souligne Olivier Pardessus, responsable offres et services agricoles chez l’assureur Groupama. On peut par exemple garer les engins le long d’un mur, afin de rendre plus difficile l’accès au réservoir. Le plus compliqué, ce sont les moments de pause du midi et du soir en période de forte activité. »

 

Les pompes d'irrigation sont régulièrement la cible des voleurs, en raison de leur isolement.

 

Beaucoup plus délicate est la protection des pompes d’irrigation, situées au milieu des champs, et à des endroits qui peuvent être facilement identifiés par les malfaiteurs. Le GNR fait partie, avec les câbles et les batteries, des biens fréquemment dérobés aux irrigants. Il est malheureusement impossible de surveiller en permanence ces équipements qui, de plus, fonctionnent souvent la nuit pour accroître leur efficacité ou optimiser l’organisation des tours d’eau. Impossible de ce fait de ne faire le plein qu’en journée. Leur isolement les désigne donc comme des cibles très vulnérables. L’installation de caméras de chasse est rarement suffisante : les voleurs sont souvent en mesure de les arracher.

Pour limiter les risques, le plus efficace reste de faire des tournées de surveillance. Impossible toutefois de passer sa nuit à sillonner ses parcelles irriguées. Pour réaliser ces rondes, des opérations locales peuvent être mises en place avec la gendarmerie. Lorsque les forces de l’ordre sont informées du positionnement des pompes, les équipes sont en mesure d’organiser des patrouilles dissuasives autour des points signalés. Être abonné à un service d’alerte, tel qu’Alerte agriculteurs, qui existe dans de nombreux départements, s’avère un bon complément : cela permet de savoir s’il est impératif de renforcer la surveillance, dès lors que des cambriolages de ce type ont été constatés dans le secteur. Groupama recommande par ailleurs d’éloigner les engins et véhicules de la zone d’irrigation.

En cas de vol de GNR sur une pompe, il peut être tentant de la remettre en fonction aussitôt. Pensez toutefois, comme pour toutes les autres situations de vol, à préserver les indices que peuvent avoir laissés les voleurs : en ne piétinant pas les alentours de la pompe, vous épargnerez des traces et des indices qui pourront aider la gendarmerie à mener son enquête.

Des systèmes connectés alertant des siphonnages

Des systèmes de détection à base de sondes ont été mis au point pour indiquer si un réservoir est en train de se faire siphonner. Le principe : l’envoi d’une alerte SMS dès que le niveau chute dangereusement de façon anormale. Si l’alerte porte sur un équipement éloigné, cela n’empêchera pas le vol, mais permettra d’avertir au plus vite la gendarmerie.

Les plus lus

Même si l'agriculteur retraité touche une pension sans rapport avec l'agriculture, retraite d'élu municipal par exemple, il ne peut plus prétendre aux aides de la PAC.
PAC 2023 et retraite : gare au critère d’âge pour ne pas perdre les aides

Nouveauté de la PAC qui peut engendrer de mauvaises surprises si l’on n’y prend pas garde : l’âge. Seuls les agriculteurs dits…

Parcelle de blé inondée dans le Pas-de-Calais suite aux fortes précipitations et à la crue de l'Aa, novembre 2023
Retard dans les semis d'automne : quelles solutions pour s'adapter à la situation ?

Depuis mi-octobre, les semis d'automne et les travaux de récolte sont entravés par la pluie. Toutes les régions de France sont…

IMG_0457 / jachère fleurie mellifère, abeilles, couvert végétal, couverture végétale, bande enherbée, verdissement, surface d'intérêt écologique SIE
PAC 2023 : respectez-vous bien les règles de la BCAE 8 sans dérogation Ukraine ?

En 2023, les obligations en matière d’infrastructures agroécologiques et de jachères ont été facilitées par la dérogation…

Portrait de Antoinette Sainte Beuve dans la salle d'épuration. Neuville-Saint-Amand, le 6 juin 2022.
Méthanisation : « Nous intercalons nos Cive d’hiver entre le blé et le maïs »

Antoinette Sainte-Beuve est agricultrice et co-gérante du méthaniseur SARL Agri-Aisnergie avec deux associés, à Neuville-Saint…

Implantation des blés après labour. Semis des céréales. Emblavement. Tracteur et semoir. Sol. Lit de semence. Semences. culture de blé.
Retards de semis de céréales : adapter ses variétés et sa stratégie de désherbage

Les conditions climatiques exceptionnelles de cet automne, entre fortes pluies et tempêtes, ont fortement retardé les semis de…

Implantation des blés après labour. Semis des céréales. Emblavement. Tracteur et semoir. Sol. Lit de semence. Semences. culture de blé.
PAC 2023 : l’obligation de rotation des cultures devient incontournable sans dérogation Ukraine

L’obligation de rotation des cultures instaurée par la PAC 2023 dans le cadre de la conditionnalité des aides doit être prise…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures