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Virus de la JNO et pucerons jouent la complexité

Il n’existe pas un mais plusieurs virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) de même que plusieurs espèces de pucerons pour les transmettre aux blés et aux orges. État des lieux des connaissances et des moyens de lutte.

Jusqu’à récemment, il était admis que le virus de la JNO était transmis principalement par le puceron Rhopalosiphum padi à l’automne sur les céréales à paille. Assez courantes sur céréales, d’autres espèces de pucerons comme Sitobion avenae et Metopolophium dirhodum sont également capables de transmettre ce virus. Mais en fin de compte, le cortège de pucerons vecteurs de JNO ne s’arrête pas à ces trois espèces. Cela aurait été trop simple.

« Des reconnaissances d’échantillons réalisées par l’Inra de Rennes ont permis de montrer que d’autres espèces de pucerons pouvaient être présentes à l’automne sur céréales, et ce dans de fortes proportions », constate Nathalie Robin, Arvalis. Cela a été le cas pour l’espèce Schizaphis graminum sur le site de Montans (Tarn) en 2013 ou encore de Rhopalosiphum maidis en 2015 sur ce même site. Au Magneraud (Charente-Maritime), on a trouvé cinq espèces de pucerons à l’automne 2014 sur une parcelle. Et en ce qui concerne Rhopalosiphum padi, l’espèce peut parfois être quasiment absente d’un site alors que les céréales ont bien été infectées par la JNO. « Nous ne nous attendions pas à avoir autant d’espèces de pucerons ni même au fait qu’une très faible présence de Rhopalosiphum padi n’évitait pas une forte contamination en JNO », admet Nathalie Robin.

Trois virus principaux de la JNO en France

Si l’on se penche sur la jaunisse nanisante de l’orge proprement dite, la virose n’est pas due à un seul virus mais à plusieurs. Selon Nathalie Robin, « le virus BYDV-PAV (1) est l’espèce identifiée comme majoritairement responsable de la JNO en France et en Europe de l’Ouest plus largement ». Mais lors de la campagne 2014, les analyses moléculaires réalisées par Arvalis sur des plantes issues de quatre parcelles d’essai ont mis en évidence la présence plus forte d’un autre virus causant la jaunisse, BYDV-MAV, ainsi que celle soutenue de BYDV-SGV. En outre, on trouvait les trois virus ensemble dans un nombre élevé de feuilles échantillonnées. « Il y a quelques années, on considérait que le BYDV-PAV était le virus qui provoquait les symptômes les plus graves, le MAV étant jugé modérément sévère et le SGV provoquant des symptômes bénins », rapporte Nathalie Robin. Mais dans d’autres régions du monde, la hiérarchie de la gravité des virus s’établit différemment et l’on trouve encore d’autres types de virus provoquant les symptômes de la JNO.

Retrait des néonicotinoïdes l’an prochain

Les insecticides prescrits pour lutter contre les pucerons sont efficaces sur l’ensemble des espèces vectrices de virus de la JNO. Mais à compter de 2018, cette gamme va perdre les produits de la famille des néonicotinoïdes, principalement représentés par les traitements de semences à base d’imidaclopride (Gaucho 350, Gaucho Duo FS, Ferial, Matrero, Nuprid 600 FS…). Ces solutions protégeaient plus de la moitié des semis des orges d’hiver dans certaines régions et parfois près de 80 %. « Nous avions un moyen de lutte efficace sur les pucerons vecteurs de JNO. Sa disparition va soulever beaucoup de questions, estime Nathalie Robin. Il restera les solutions insecticides d’application foliaire qui impliquent un suivi des populations de pucerons à la parcelle pour bien positionner le traitement. Les observations sont délicates voire trompeuses si les conditions climatiques ne sont pas favorables. » En outre, l’efficacité de ces traitements aériens est tributaire de la météo.

La génétique est la solution d’avenir, avec des variétés d’orges (voire de blé dans un futur lointain) comportant des gènes de tolérance ou de résistance à la JNO. Leur utilisation devra tenir compte du risque de sélection de virus capable de contourner les résistances génétiques. Enfin pour le moment, les variétés d’orges tolérantes à la JNO se comptent sur les doigts d’une main.

(1) Barley Yellow Dwarf Virus.

Des pucerons vecteurs malgré eux

Comment les pucerons deviennent-ils vecteurs de virus nuisibles aux plantes ? Les insectes acquièrent le virus par prélèvement de sève sur des plantes infectées. Ce virus se retrouve dans l’appareil digestif, s’y multiplie, passe la barrière intestinale pour se répandre dans le corps et gagner les glandes salivaires du puceron. L’insecte virulifère peut alors inoculer le virus aux plantes dont il se nourrit en suçant leur sève. Précision : il n’est pas du tout affecté par la présence de ces virus dans son corps.

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