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Commerce international
Une mondialisation à visage humain

Les paysans africains ne veulent plus être absents des grandes décisions concernant le commerce mondial des denrées agricoles. Ils souhaitent faire entendre leurs voix.


A l´occasion des 30 ans de l´association Agriculteurs français et développement international (Afdi), une rencontre entre représentants professionnels agricoles africains et français s´est tenue à Paris, les 30 novembre et 1er décembre derniers. L´événement a réuni plus de 500 personnes venues débattre de l´avenir de l´agriculture en amont des négociations de l´OMC à Hong Kong. Diverses questions ont été abordées autour des thèmes de la libéralisation des échanges commerciaux, de la souveraineté alimentaire et des relations entre l´Union européenne et l´Afrique.
Pour Ndiogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l´Afrique de l´Ouest, « le libéralisme débridé, tel que le conçoit aujourd´hui l´OMC, ne va pas dans le sens de la lutte contre la pauvreté. Sans refuser le commerce international, nous souhaitons que les règles fixées par l´OMC soient plus équitables et ne profitent pas qu´aux plus puissants ».

Les lois du commerce international ne peuvent s´appliquer à toutes les agricultures du monde, sans prendre en compte les disparités qu´elles présentent, notamment en termes de productivité. Pourtant, « la tendance actuelle de l´OMC est de banaliser l´agriculture, considérée comme une monnaie d´échange, sans se préoccuper de la sécurité alimentaire des pays en développement. Ce qui est contraire à la philosophie du cycle de Doha », a souligné Habib Sy, ministre de l´Agriculture du Sénégal.

Une politique d´engagement au niveau local
La libéralisation des échanges agricoles n´a pas un impact négatif que sur les pays du Sud. L´Europe subit également la baisse des prix agricoles en raison d´une concurrence mondiale toujours plus forte. C´est pourquoi l´heure est plutôt à l´échange et au partenariat qu´à la concurrence entre le continent africain et l´Europe.
Luc Guyau, président de l´APCA, a d´ailleurs tenu à rappeler les efforts réalisés par l´Europe concernant l´ouverture de ses marchés aux pays en développement (PED) dont elle est le premier importateur de produits agricoles au monde, absorbant plus que les USA, le Canada et le Japon réunis. Il a également souligné l´existence de divers régimes préférentiels permettant aux PED d´exporter à droit nul ou à des tarifs préférentiels vers l´Union européenne.

Sur le volet des subventions dont bénéficient les agriculteurs européens, et sur lesquelles l´UE doit souvent se défendre, Jean-Christophe Debar, directeur de Pluriagri, a tenu à préciser que « même si l´ensemble des subventions des pays du Nord était supprimées, toutes les difficultés rencontrées par les PED, et plus particulièrement par les pays les moins avancés (PMA), ne seraient pas pour autant résolues ».
L´amélioration de la situation agricole des pays africains passe aussi par une politique d´engagement et de réforme des gouvernements locaux. « Nous devons prendre nos responsabilités et nos états doivent réserver une part plus importante des budgets nationaux à notre agriculture, dont la grande majorité de nos populations vivent. Nous ne devons pas tout attendre de l´Europe mais mettre en place nos propres soutiens internes », a indiqué un agriculteur guinéen présent à la conférence.

Outre ces aspects politiques, l´organisation des producteurs et des filières agricoles africaines est un enjeu majeur pour le futur, et sur ce point les initiatives de collaboration entre la France et l´Afrique de l´Ouest restent primordiales. L´Afdi mène notamment divers projets d´échange entre agriculteurs français et agriculteurs du Sud dans plusieurs pays du monde.
Dominique Bussereau, en clôture du colloque, a insisté sur la nécessité de partenariats entre l´Union européenne et les pays en développement qui, selon lui, « partagent des préoccupations identiques » concernant les effets de la mondialisation. Il a rappelé la position très favorable de la France à l´adoption d´un ensemble de mesures en faveur du développement des pays les moins avancés.

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