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Cultures intermédiaires : un simple roulage pour détruire son couvert

L’utilisation d’un rouleau peut suffire à détruire sa culture intermédiaire. Mais cela ne marche pas à tous les coups ni sur toutes les espèces. Le point.

rouleau hacheur destruction de couvert
Les rouleaux hacheurs imposent un débit de chantier moins élevé que les rouleaux plats.
© C. Gloria

Comment détruire son couvert à moindre coût et le plus efficacement possible ? L’équation n’est pas simple, si en plus on doit se passer de la chimie. « Nous incitons à la mise en place de couverts végétaux d’interculture pour protéger trois captages d’alimentation en eau potable de Niort et de communes alentour, explique Cédric Billy, qui officie au SEV, le Syndicat des eaux du Vivier concernant l’alimentation en eau potable de cinq communes des Deux-Sèvres dont Niort. Nous prônons le maintien le plus longtemps possible des couverts mais cela peut poser problème pour leur destruction. Pour cela, nous avons mis à disposition un rouleau de marque Dal-Bo Maxicut après concertation avec les agriculteurs pour le choix d’un matériel approprié. » La FDCuma a négocié la location de ce rouleau avec un concessionnaire pour une campagne pour que les agriculteurs en testent l’usage sur une année. « Le coût est pris en charge partiellement par le Syndicat des eaux, souligne Mickaël Madier, conseiller machinisme à la FDCuma des Deux-Sèvres. C’est une mesure à titre exceptionnel. » Mais l’originalité de la démarche valait d’être signalée.

Des rouleaux « plats » et des rouleaux hacheurs

Le roulage est une technique qui est déjà familière pour de nombreux producteurs. Il y a deux types de rouleaux. Les rouleaux « plats » de type Cambridge utilisés pour rappuyer les sols après des semis sont utilisables pour la destruction des couverts. Ils écrasent simplement la végétation et, pour être efficaces, ils nécessitent d’être utilisés sous des conditions de gel, les végétaux étant alors « cassants ». Dans ce cas, il convient de choisir la composition du couvert en conséquence, à savoir avec des espèces gélives. Les rouleaux hacheurs de type rolofaca n’ont pas besoin de ce gel pour bien détruire les végétaux. Ils sont plus souples d’utilisation pour la date de passage. Mais les équipements présentent une largeur de travail moins importante que les rouleaux plats et donc un débit de chantier moins important. Dans tous les cas, le roulage sera d’autant plus efficace qu’il sera réalisé sur un couvert bien développé. « Le facteur mécanique intervient en blessant alors les plantes en plusieurs endroits, multipliant les portes d’entrées pour le froid, la chaleur, les pathogènes ou les ravageurs, lit-on sur la note dévolue au roulage sur le portail Ecophytopic (1). À partir de la floraison, les plantes sont beaucoup plus sensibles à ce mode de destruction. Les réserves végétales sont alors réorientées vers la reproduction plutôt que vers la végétation. »

Un roulage pour garder un paillage sur le sol

Les espèces sont plus ou moins sensibles à ce mode de destruction. Le roulage est très efficace sur les moutardes, phacélie, sarrasin. Il l’est moyennement sur radis, navette, vesces, trèfles… Les graminées quant à elles sont difficiles, voire impossibles, à détruire avec cette technique, tout comme le broyage et le déchaumage.

« Beaucoup d’outils ont une efficacité proche pour détruire les couverts. L’objectif est aussi de maintenir un paillage. Ce dernier doit être suffisamment épais et maintenu le plus longtemps possible pour empêcher le salissement de la parcelle par des adventices », précise Mickaël Madier. Technique peu onéreuse en comparaison d’autres modes mécaniques de destruction, le roulage est très utilisé chez les agriculteurs adeptes du semis direct où l’on cherche à garder le paillage. « Les rouleaux hacheurs peuvent trouver d’autres usages que la simple destruction de couverts comme la lacération des fanes de maïs grain après récolte pour aider à la dessiccation de ces tiges et y éliminer les larves de pyrales », ajoute Mickaël Madier.

Ce type d’équipement peut bénéficier d’une aide PCAE (2) à l’achat, à hauteur de 40 % du montant. Des organismes comme les chambres d’agriculture ou les fédérations de Cuma instruisent les dossiers pour obtenir cette aide au financement.

(1) www.ecophytopic.fr
(2) Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles.
 

Avis d’exploitant : Jean-Luc Thibaudeau, agriculteur à Airvault dans les Deux-Sèvres (1)

« Plus le couvert est développé, plus le rouleau est efficace »

« Je pratique le semis direct depuis dix ans (2) et J’utilise le rouleau mis à disposition par notre Cuma de Soulièvres, un équipement Dal-Bo de 6 mètres de large. Il me permet de détruire les couverts entre deux céréales, semés fin juillet et composés de tournesol, vesce, féverole, phacélie et moutarde d’Abyssinie. En année normale, une semaine avant le semis d’une céréale fin octobre, ce couvert atteint plus d’un mètre de haut au moment de le détruire. Ce point est important car plus le couvert est développé, plus le rouleau est efficace dans sa destruction. Après le passage du rouleau Dal-Bo, les végétaux sont couchés et hachés. J’ajoute l’application d’une petite dose de glyphosate (0,5 l/ha). Il y a toujours des graminées qui passent au travers de la destruction avec des rouleaux. Le glyphosate reste indispensable pour les détruire. Le débit de chantier du rouleau est de 5 ha/h pour un outil que j’utilise sur une centaine d’hectares chaque année et qui m’est facturé par la Cuma à 7,79 €/ha. Je passe le rouleau également sur mes couverts d’hiver (avoine brésilienne + vesce + moutarde + phacélie) quand il n’y a pas eu de gel pour les détruire. Le rouleau m’est bien utile aussi pour détruire les pailles de colza. L’outil couche et éclate les tiges. Une herse peigne à l’arrière du rouleau me permet de bien étaler les pailles de colza, ce qui facilite l’action des rapaces contre les campagnols. C’est obligatoire pour réduire la pression des rongeurs sur des sols qui ne sont pas travaillés. »

(1) 230 hectares dont 80 de blé tendre, 40 de colza, 20 d’orge, 20 de blé dur, 20 de lin de printemps, 20 de sarrasin.
(2) Membre du groupe Sols vivants constitué en GIEE avec une trentaine d’agriculteurs.

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