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Météo connectée
Un réseau de stations météo monté avec l’aide de la région Ile-de-France

La région Île-de-France soutient à hauteur de 70 % les investissements en stations météo de la chambre d’agriculture. 250 d’entre elles sont dorénavant installées chez les agriculteurs franciliens.

Grégoire Bouilliant, agriculteur à Frémécourt (95)."La station météo est indispensable pour optimiser les pulvérisations et épandages au champ, avec la mesure précise de la vitesse du vent et aussi de l’hygrométrie."
© C. Gloria

Elles poussent comme des champignons dans les champs franciliens. « Deux cent cinquante stations météo ont été installées depuis l’été 2017 sur tout le territoire, informe Camille Orus, chargée de mission innovation à la chambre régionale d’agriculture d’Île-de-France. Ce n’est pas terminé : 30 stations supplémentaires sont en cours d’installation. » La chambre d’agriculture est en train de constituer le réseau le plus important de stations météo, avec le concours substantiel de sa région. « L’investissement est pris en charge à 70 % par la région Île-de-France pour des stations coûtant de l’ordre de 700 euros avec l’ensemble des capteurs de mesures. La région souhaite favoriser l’émergence de nouvelles technologies dans les exploitations franciliennes, explique Camille Orus. Sans le soutien de la région, nous aurions quand même installé des stations mais avec un maillage moins serré et un coût de service aux agriculteurs plus élevé. »

Suite à un appel d’offres, le choix des stations s’est porté sur des équipements Sencrop. « En 2017, ces stations étaient agréées pour alimenter le modèle Miléos notamment, utile pour le contrôle du mildiou de la pomme de terre. Leurs tarifs étaient intéressants et nous avons pu négocier la mise en réseau des stations avec un accès des agriculteurs à l’ensemble des informations provenant de ces équipements. » L’agriculteur qui fait le choix du service paie un abonnement annuel d’un peu moins de 200 euros. Les stations restent la propriété de la chambre.

Pour optimiser les pulvérisations et épandages au champ

À Frémécourt dans le Vexin français (Val d’Oise), Grégoire et Romain Bouilliant ne se contentent pas de regarder le mouvement des feuilles d’un arbre pour se faire une idée précise du vent. « Installée dans une de nos parcelles, la station météo est indispensable pour optimiser les pulvérisations et épandages au champ, avec la mesure précise de la vitesse du vent et aussi de l’hygrométrie, souligne Grégoire Bouilliant. Je n’ai pas longtemps hésité pour en avoir une avec l’offre de service de la chambre d’agriculture. » L’agriculteur réalise des traitements à bas volume (60 à 80 l/ha de bouillie), ce qui exige une bonne hygrométrie et peu de vent pour intervenir. Même pour les engrais, la vitesse du vent est importante. « Je n’épands que des engrais solides dont des produits uréiques très pulvérulents et sensibles à la dérive par le vent », précise le producteur.

Sa station est située au milieu de la plaine avec des relevés instantanés des données météorologiques, ainsi que des cumuls de ces mesures. Les informations et applications sont consultables sur smartphone, tablette, ordinateur… « La pluviométrie cumulée peut me permettre de me conforter dans l’idée de réaliser un traitement herbicide, remarque Grégoire Bouilliant. C’est une indication aussi pour la prévision d’un risque de maladies sur les cultures. » « Avec les sommes de températures, on peut prédire les stades des cultures pour anticiper certaines interventions », ajoute Camille Orus. L’intérêt du maillage des stations est de pouvoir mutualiser les données entre agriculteurs. « En moyenne, les producteurs se connectent sur trois à dix stations pour s’informer au mieux des données les plus proches de leurs parcelles », note l’experte de la chambre d’agriculture.

Accès à l’ensemble des stations pour les agriculteurs

L’EARL Bouillant qui exploite 340 hectares de terres (1) bénéficie d’un parcellaire regroupé. « Je ne visionne pas les données d’autres stations sauf pour voir arriver les événements pluvieux notamment sur deux d’entre elles, situées plus à l’ouest de la mienne », informe Grégoire Bouilliant. Un de ses voisins a produit en 2018 des pommes de terre à quelques centaines de mètres de la parcelle comportant la station. Il en a récupéré les informations pour l’alimentation du modèle Miléos. D’ailleurs, sur le territoire francilien, les stations se concentrent plus particulièrement dans le Sud de l’Essonne où sont produites des pommes de terre. Le lien avec l’outil Miléos est un facteur de choix de ces stations.

À L’EARL Bouilliant on recourt très peu aux outils d’aide à la décision. La chambre d’agriculture met néanmoins en œuvre le service Optiprotect pour les prévisions de stades culturaux et des maladies du blé tendre, en s’appuyant sur des modèles de prévision d’Arvalis. Des outils sur blé dur, orges et maïs vont suivre en 2019 et 2020. Les stations servent à alimenter ces modèles de prévision en plus de Miléos. Par ailleurs, le réseau de ces stations donne l’occasion aux conseillers de la chambre d’agriculture de consulter les données locales et d’apporter aux agriculteurs les conseils les plus pertinents en fonction des conditions agrométéorologiques. En dépit d’une pression urbaine importante, l’Île-de-France veut voir son agriculture à la pointe en matière de précision.

(1) 150 hectares de blé, 45 de maïs grain, 45 de betteraves, 30 d’orge d’hiver, 15 de lentille, 10 de colza, 15 de prairie permanente, 30 en MAE.

Assurance contre dégradations ou vols

Le coût de l’abonnement aux données et applications de la station météo comprend l’assurance contre les dégradations, voire les vols. Pour le moment, les stations météo installées n’ont pas fait l’objet de dégradations, hormis un dégât malencontreux par le passage d’un engin agricole. Les stations doivent être placées loin des axes routiers et au plus près des cultures. Leur entretien concerne surtout le pluviomètre. Cet équipement n’est pas exempt de salissures pouvant compromettre la fiabilité des mesures. Le pluviomètre doit donc être nettoyé régulièrement.

Plusieurs capteurs par mesure pour fiabiliser les données

Pour la fiabilité de ses mesures, Sencrop met en avant la triple mesure avec trois capteurs pour l’hygrométrie et la température, le système à double augets du pluviomètre et des algorithmes pour assurer la fiabilisation des données. Les prévisions météo du service Sencrop sont données à sept jours avec l’emploi de modèles européens. Elles intègrent un radar de pluie. Sencrop revendique sa place de numéro 1 sur le marché émergent des stations météo avec plus de 4 000 de ces équipements installés (à 80 % en grandes cultures) en France depuis un peu plus de deux ans que la start-up est sur ce marché. Elle se développe en Belgique, aux Pays-Bas… « Une bonne part de nos stations sont installées en réseaux pour des distributeurs (Unéal, Axereal, Soufflet…) et la chambre d’agriculture d’Île-de-France », précise Martin Ducroquet, directeur général de Sencrop. C’est un moyen pour les conseillers d’être plus proches de leurs agriculteurs. Sencrop ne conçoit pas de modèles de prévisions de maladies ou de stades culturaux mais la société permet des connexions avec les systèmes référents en la matière (outils d’instituts techniques, de firmes…). « Les stations apportent un produit simple d’utilisation, utilisable tous les jours, fournissant du confort dans le travail et pouvant permettre des économies d’intrants », résume Martin Ducroquet.

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