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Un impact du gel plus important que prévu sur colza

Le vent de Nord-Est qui a soufflé pendant plusieurs jours la semaine dernière a aggravé les effets des températures négatives sur colza. Plusieurs dizaines de milliers d’hectares pourraient être retournés. Diagnostics en cours.

Des tiges formant un U inversé voire complètement pliées, des nécroses foliaires, des pieds gelés… dans l’est de la France, le colza montre un visage peu reluisant dans nombre de parcelles. Le vent de Nord-Est associé aux températures négatives de la semaine dernière a eu un impact sur les colzas plus important que ce qui était attendu. « On s’est fait surprendre par l’effet du vent, » avoue Aurore Baillet, ingénieur régionale Grand Est de Terres Inovia, lors d’un webinaire consacré à ces effets du gel sur colza le 2 avril. A cette date, elle ne se risquait pas à faire des pronostics sur les surfaces fortement touchées. Mais le 7 avril, des remontées de terrain auprès de la FOP faisaient état de 40 000 à 50 000 hectares principalement dans les régions Grand-Est et Bourgogne Franche Comté, un peu dans le Centre.

Attendre quelques jours avant de décider

L’heure est toujours au diagnostic actuellement, pour décider ou non d’un retournement du colza. Plus que les boutons floraux, ce sont les tiges qui ont été touchées. En certains secteurs, des zones de parcelles sont complètement détruites avec des feuilles nécrosées, des tiges retournées en U, des pieds gelés. Cela reste relativement rare, selon Terres Inovia. Plus fréquentes sont les situations intermédiaires avec une certaine proportion de tiges tordues et de pieds gelés. Dans ce cas, le conseiller agricole ou l’agriculteur est amené à mesurer dans quelle proportion les plants sont touchés ainsi et observer si les ramifications en-dessous des cassures de tiges sont susceptibles de repartir ou pas. Le peuplement de plantes viables au mètre carré est à prendre en compte selon la profondeur du sol. Dans beaucoup de situations, des parcelles ne présentent que quelques pieds sévèrement touchés.

Des colzas déjà amoindris qui n’avaient pas besoin de cela

En divers endroits, les effets du gel et du vent de Nord-Est ont porté sur des colzas déjà amoindris par l’impact de ravageurs d’automne comme sur le plateau de Bourgogne, et/ou par des excès d’eau pendant l’hiver. Ces facteurs pèseront sur l’avenir à donner à sa production de colza.

Problème : si un retournement est envisagé, il n’y a pas forcément beaucoup de solutions de remplacement pour l’agriculteur en ce début avril. Un tableau de Terres Inovia apporte les indicateurs de choix qui sont dépendants surtout de la rémanence des herbicides employés sur la culture (voir en page 28 du guide de culture du colza). A titre d’exemple, si le colza a été traité avec un programme comportant les produits Mozzar/Belkar et Ielo, il ne reste quasiment plus comme solution que la culture de tournesol ou de maïs, deux espèces pour lesquelles la disponibilité en semences est déjà très limitée. Des agriculteurs n’auront pas d’autre choix que de renoncer à retourner leurs parcelles, faute de possibilité de remplacement.

Une couche d’air protectrice balayée par le vent

Comment expliquer que le froid ait eu autant d’impact ? « Un colza à montaison doit résister à un gel de – 5°C, – 6°C, explique Aurore Baillet, Terres Inovia Grand Est. Nous avons connu des températures descendant jusqu’à – 6°C sous abri. Mais le vent a été un facteur aggravant avec des températures ressenties (pour l’homme) en dessous de – 10°C. Sur la plante, autour des feuilles et de la végétation, il y a une couche d’air protectrice un peu plus chaude et humidifiée. Avec cette couche balayée par le vent, le froid touche directement la plante avec un assèchement de sa surface. La plante essaie de recréer une couche d’air en mobilisant de l’énergie ce qui a pour effet d’abaisser sa température… » D’où les conséquences destructrices sur les tissus cellulaires.

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