Un demande mondiale haussière en engrais… mais pas en Europe de l'Ouest
Le prix des céréales baisse, mais la consommation mondiale d’engrais augmente. Comme le montre la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies) dans son dernier rapport prospectif sur le marché des fertilisants, la demande a progressé de 2 % entre 2013 et 2014, une tendance haussière qui se confirme sur les quatre ans à venir. La consommation mondiale dépasserait les 200 Millions de tonnes (Mt) en 2018, contre 162 Mt seulement en 2008.
Dans ce scénario haussier, l’Europe fait bande à part, en particulier sur l’azote. « En Europe de l’Ouest, il pourrait y avoir une baisse nominale durant cette période », écrivent les auteurs du rapport. Celle-ci est estimée à 50 000 tonnes et prend sa source en particulier dans la réglementation européenne, qui incite à limiter les apports.
L’Amérique du Nord sur le chemin de l'export
À l’inverse, les agriculteurs nord-américains devraient augmenter leurs applications de 300 000 tonnes, soit une progression de 0,5 % par an. La demande mondiale, déjà très inférieure à l’offre, sera encore plus largement couverte par les capacités de production, qui selon la FAO, devraient s’accroître de 25 %. En Amérique du Nord, où fabrication et consommation s’équilibraient jusqu’à présent, les capacités de production dépasseront de 23 % les besoins estimés. Une nouvelle vocation à l’exportation se dessine. En Europe de l’Ouest en revanche, aucun changement n’est prévu. C’est de l’Asie, d’Europe de l’Est mais également d’Afrique que viendront les volumes supplémentaires, des zones où les besoins sont également attendus en hausse.
Les marchés des phosphates et de la potasse afficheront des progressions plus nettes que celui de leur grand frère azote, qui totalise toutefois 60 % de la demande mondiale. Dans les deux cas, le supplément de demande se concentrera en Inde, au Brésil et en Chine. L’Europe de l’Ouest restera à l’écart de ces hausses. Déjà supérieures à la demande, les capacités de production continueront également de progresser. Pas sûr pour autant que les prix s’en ressentent pour les producteurs européens.