Aller au contenu principal

Triticales, seigle, avoine, épeautre: des céréales pour suppléer le blé ou l´orge

Il n´y a pas que le blé ou l´orge parmi les céréales à paille. Triticales, seigles, avoine, épeautre peuvent répondre à des besoins spécifiques sur le plan agronomique ou en terme de débouchés. Le point sur les potentialités de développement de ces céréales pas si secondaires que ça.


Triticales
La plupart des semenciers obtenteurs de céréales à paille proposent des variétés de triticales dans leur gamme. La céréale occupe environ 230 000 ha, une surface en augmentation. Elle reste inféodée aux bassins d´élevage. &quote;On a fait le plein au niveau des surfaces chez les éleveurs avec le triticale&quote;, pense Jean-Pierre Brossillon, Sem-Partners. Pour lui, le prochain défi du triticale, c´est de pouvoir se substituer à des surfaces de blé dans les zones céréalières. &quote;Par rapport au blé, le triticale a au moins un atout, c´est d´être peu sensible au piétin échaudage. Il pourra arriver en deuxième ou troisième paille sans être pénalisé au niveau rendement&quote;. En Rotego (obtention suédoise), Sem-Partners détient déjà une variété prometteuse et bien placée sur le marché des triticales. Le semencier va proposer Kortego, &quote;une variété plus courte et intensifiable pour entrer en compétition avec le blé&quote;. Jean-Pierre Brossillon prévoit une surface de l´ordre de 400 000 ha de triticale dans 4-5 ans. En Allemagne, on en est déjà à 500 000 ha environ.
Pour les années à venir, le débouché majeur du triticale reste l´alimentation animale. &quote;La valeur alimentaire du triticale est très proche de celle du blé, considère Cyril Jeannot, directeur commercial d´Agri-Obtention. &quote;Le triticale est mieux adapté aux espaces traditionnels d´élevage car il y donnera de meilleurs rendements. Rustique, il nécessite moins d´entretien qu´un blé. Il répond bien aux attentes des éleveurs qui ne disposent pas de beaucoup de temps à consacrer à leurs céréales&quote;.
Qu´en est-il des bassins céréaliers ? &quote;Le triticale aurait comme concurrent le blé meunier et non le blé fourrager. Du point de vue débouché, le blé offre plus d´opportunités et de souplesse qu´un triticale. L´attractivité de ce dernier dans les zones céréalières est faible&quote;, selon Cyril Jeannot. Il n´imagine le triticale qu´à travers une utilisation pour l´élevage mis à part quelques débouchés plus que limités et à l´étude : pains spéciaux, production d´éthanol, bière spécifique
Cyril Jeannot voit un débouché du triticale aussi en ensilage. &quote;La valeur nutritive du triticale est similaire à celle de l´ensilage d´herbe et la culture permet à l´agriculteur de toucher une prime PAC.&quote; Ce qui n´est pas à négliger.
Seigle : hybrides ou populations
Le seigle joue en majeure partie sur le terrain du triticale si l´on se réfère à la liste de ses débouchés. Plus des 3/4 de la production est destiné à l´alimentation du bétail. Le seigle est l´apanage de la société Deleplanque en France qui commercialise des variétés du semencier allemand Hybro. Vision de Didier Lubrez, chargé de l´activité distribution seigle : &quote;Le seigle hybride que nous commercialisons a gardé la rusticité des seigles traditionnels avec une bonne résistance à la verse malgré la grande hauteur de paille. La productivité de ces hybrides est forte avec des rendements qui peuvent être de 5 à 10 % supérieurs à ceux de triticales. Le seigle peut intéresser des agriculteurs qui voient les rendements de triticale ou d´orge plafonner sur leurs parcelles. Il n´y a pas de différence majeure de valeur nutritive entre seigle et triticale&quote;.
La plante a du potentiel avec une productivité des seigles hybrides équivalentes à celle des meilleurs blés. Le caractère majeur à améliorer semble le comportement face à la rouille dispersée. Une variété comme Dino est présentée comme montrant une bonne tolérance à cette maladie. Le seigle est destiné surtout à des régions où la conduite des cultures n´est pas intensive.
Les semences de seigle hybride reviennent à 750 F/ha en utilisant trois doses/ha (750 000 graines par dose). Des variétés proposées par Deleplanque comme Rapid ou Amando sont affichées avec un gain de productivité de 20 à 30 % par rapport à des variétés conventionnelles (populations).
Sur les 36 000 ha de seigle en France, les variétés classiques occupent plus de la moitié de la surface malgré tout. Sem-Partners se situe sur ce dernier créneau en relevant que le seigle est un produit rustique bien adapté à l´agriculture biologique. Si la demande de panification évolue en France, le seigle peut tirer son épingle du jeu.
Épeautre en bio
Dans le créneau de l´agriculture biologique, l´épeautre s´inscrit dans une tendance qui est la recherche de produits originels par le consommateur. &quote;Aujourd´hui, on ne satisfait pas les besoins de la meunerie, constate Jean-Pierre Brossillon. Mais l´épeautre ne concerne qu´un marché de niche&quote;. Après vingt ans sans nouveautés, deux variétés sont proposées : Poème et Ressac. Des aides de la communauté européenne ont permis la relance de programmes de sélection sur cette espèce. Le Centre de recherche agronomique de Gembloux (Belgique), notamment, s´est beaucoup investi sur l´amélioration de cette culture. &quote;L´épeautre trouve son intérêt dans des régions où les sols sont de potentiel limité comme sur les contreforts du massif central par exemple, souligne Jean-Pierre Brossillon. L´épeautre est utilisé en autoconsommation pour l´élevage bovin. L´agriculture biologique s´intéresse à cette céréale pour sa rusticité. Mais la céréale se montre assez sensible au piétin-verse. Le directeur de Sem-Partners espère l´organisation d´un marché autour de l´épeautre avec la mise en place de groupes d´agriculteurs pour sa production.
L´avoine dégringole
L´avoine est une culture en très net déclin. Du fait d´un marché spéculatif, les prix de l´avoine sont au plus bas. Les récoltes d´avoines d´hiver sont surtout à destination des haras pour l´alimentation des chevaux. Fringante est la première variété du marché depuis des lustres avec plus de la moitié des emblavements. La couleur noire du grain est un critère déterminant pour la réussite commerciale d´une variété même si ce caractère n´a aucune relation avec la qualité du grain.* Les sélectionneurs français se voient contraints d´obtenir des variétés à grain noir alors que dans les pays d´Europe du Nord, on obtient des variétés à grains blancs ou jaunes. Cela réduit d´autant le champ de possibilité de développement de variétés en France pour l´alimentation équine. &quote;Avec Calèche, nous détenons la meilleure variété en rendement mais son développement est limité car le grain n´est pas assez noir, rapporte Daniel Dobroc, responsable développement de Serasem, un des rares semenciers à avoir garder un programme de sélection pour cette céréale. &quote;En revanche, nous avons une variété, Evora, qui progresse et qui est susceptible de prendre la place de Fringante grâce à son grain bien noir&quote;. Autres débouchés, autres avoines. Des variétés d´hiver à grains blancs et riches en amandes sont adaptées à des débouchés comme la floconnerie. Les productions se font sous contrat pour garantir une rémunération décente !
Les efforts de sélection des variétés d´hiver se font autour de la résistance au froid. L´avoine reste une céréale relativement gélive, ce qui explique que les 2/3 des variétés sont de printemps. Elles sont susceptibles d´être cultivées sur des zones plus continentales que leurs soeurs d´hiver.


*Voir nos numéros 118 (septembre 1999, p. 28-29) et 120 (novembre 1999 - p. 63).

Les plus lus

<em class="placeholder">Maxime Duchène, agriculteur dans l&#039;Oise à Choisy-la-Victoire</em>
Rotation des cultures : « Sur mon exploitation dans l’Oise, je privilégie le rendement de la betterave tout en obtenant de bonnes performances pour la céréale suivante »

Maxime Duchène cultive 100 ha de betterave dans l’Oise. Il n’hésite pas à repousser au maximum l’arrachage de ses…

<em class="placeholder">Alexis Brisset, agriculteur à Beauvois, dans le Pas de Calais, devant la haie qu&#039;il a implanté en 2022 sur son exploitation de grandes cultures</em>
Entretien des haies : « Je compte obtenir une haie basse et dense pour lutter contre l’érosion dans le Pas-de-Calais »
Alexis Brisset, exploitant à Beauvois dans le Pas-de-Calais, a implanté huit kilomètres de haies en 2022 et en 2024 : son…
<em class="placeholder">Laurent Bourgeois, céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube</em>
Aube : « Grâce à mon budget de trésorerie, je peux me projeter et connaître ma capacité à investir 6 à 8 mois à l’avance »

Laurent Bourgeois est céréalier à Chapelle-Vallon dans l’Aube. Il a mis en place un budget de trésorerie dans un tableau pour…

<em class="placeholder">Jean-Luc Marraud, agriculteur à Chantillac en Charente.</em>
« L’assolement en commun nous a permis de maintenir des grandes cultures sur nos exploitations des deux Charentes »

Jean-Luc Marraud est agriculteur et membre de la SEP Alliance du Sud, qui regroupe des soles de grandes cultures en…

<em class="placeholder">Stockage en big bag des engrais azotés, permettant une longue conservation.  Sac d&#039;ammonitrate. Fertilisation des cultures. Marché des fertilisants.</em>
Prix des engrais et compensation carbone : la menace d’une forte hausse en 2026

L’Association générale des producteurs de blé (AGPB) sonne l’alerte sur le prix des engrais. La mise en place au 1er …

<em class="placeholder">Julien Hérault, gérant de l’entreprise Conseils agroéquipements.</em>
Assolement en commun : « Il faut saturer les outils pour réduire les charges de mécanisation »

Julien Hérault, gérant de l’entreprise Conseils agroéquipements, met en garde contre le risque de suréquipement dans un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures