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Désherbage de sortie d´hiver
Traiter en conditions météorologiques stables

Température stable, bonne hygrométrie, vent faible. Les conditions de traitement ont leur part dans la réussite d´un désherbage. C´est encore plus vrai à l´approche du printemps.


Les à-coups climatiques sont l´ennemi des producteurs de céréales, en particulier quand il s´agit de réaliser un traitement herbicide. Risques encourus : phytotoxicité et faible efficacité.
Rechercher des températures clémentes
La plupart des herbicides utilisés en sortie d´hiver et au printemps contiennent des substances actives systémiques. Ces produits qui circulent dans la plante après pénétration foliaire ont besoin que ces plantes aient une physiologie active. Une température de 5 ºC est un minimum pour le traitement. Quelques degrés de plus sont l´idéal pour des anti-graminées foliaires de la famille des « fops » (Célio, Puma.) ou des sulfonylurées (Atlantis/Archipel, Oklar, gamme Lexus.). Dans une plaquette sur l´antigraminées Célio, Syngenta Agro conseille « d´utiliser de préférence l´herbicide lorsque la température est supérieure à 8 ºC. Entre 2 et 8 ºC, l´activité de Célio est bonne mais plus lente. »
Éviter les ruptures de température
Plus importante que la température le jour de l´application, les variations de température avant et après traitement peuvent réduire l´efficacité d´un produit et provoquer des phytotoxicités. « On évitera les conditions où l´amplitude des températures est trop forte, prévient Gilles Bertin, directeur développement chez DuPont de Nemours en France. Des différentiels de 15 ºC entre le jour et la nuit, comme cela peut encore arriver en mars et avril, peuvent perturber la sélectivité d´un produit, notamment chez les anti-graminées. »
« Il ne faut pas un froid trop significatif quatre-cinq jours avant traitement et trois à cinq jours après, précise Gérard Citron, Arvalis. Après une période de froid intense, on devra laisser les cultures se sortir de leur stress une bonne huitaine de jours. Ce laps de temps laissera en plus les adventices se reconstruire en développant de jeunes organes dans lesquels les herbicides pénétreront très facilement. En fait, on doit rechercher les conditions poussantes pour traiter, » résume le spécialiste désherbage d´Arvalis.
Une hygrométrie d´au minimum 60 % procurera une bonne qualité de pulvérisation et une pénétration optimale dans les adventices. ©Hardi Evrard

Bonne humidité de l´air, petite rosée
Une hygrométrie minimale de 50 à 60 % améliorera le contact entre les gouttelettes pulvérisées et la plante. Sur la feuille, ces gouttelettes se dessécheront moins vite ce qui laisse le temps au produit d´agir. L´humidité de l´air joue aussi sur la qualité de pulvérisation. « En air très sec, certaines gouttelettes n´atteignent pas la cible car elles se déshydratent avant, souligne Gérard Citron. On a une diminution de la taille des gouttes, ce qui les rend plus sensibles à la dérive. » En ce qui concerne les produits à absorption racinaire, un sol présentant une humidité relative améliorera les performances. Des sulfonylurées qui conjuguent absorptions racinaires et foliaires sont clairement moins efficaces en situation de sol sec.
Au niveau de la végétation, une rosée peut se former. Si elle est forte, elle équivaut à une petite pluie qui peut entraîner un lessivage des produits appliqués. Une petite rosée sera bénéfique car elle hydrate la cuticule des plantes et en accroît la perméabilité. Un produit foliaire pénètrera mieux. Enfin, il faudra éviter de traiter si une pluie est annoncée dans les heures qui suivent.

Effets sur les cultures suivantes
Des produits présentent une certaine persistance d´action. En conséquence, des cultures peuvent être déconseillées en semis d´automne si certains herbicides ont été utilisés lors de la sortie d´hiver ou du printemps précédents. Après l´application d´Attribut, le colza est déconseillé de même que les crucifères en culture intermédiaire. Pour ces dernières cependant, les agriculteurs peuvent tolérer quelques pertes de pieds.
Pour d´autres produits à base de sulfonylurées, il y a moins de restriction mais on déconseillera des semis trop précoces selon les conditions de l´été. Après un Atlantis ou un Archipel, une luzerne ou un colza ne devront pas être semés avant fin-août. De plus, si l´été a été sec, un labour sera recommandé avant cette implantation. « Les années sèches, les produits se dégradent moins facilement du fait du manque d´hydrolyse ou de la faible activité des micro-organismes », explique Gérard Citron.

Des adjuvants avec les anti-graminées foliaires
Les sulfonylurées à action anti-graminées de Bayer CropScience (Archipel.) sont recommandés de façon quasi systématique avec de l´huile. De même, ces mêmes huiles associées à des antigraminées foliaires comme Célio ou ceux de la gamme Puma permettent d´améliorer l´efficacité ou de diminuer le dosage de l´herbicide. « Les graminées sont des plantes peu mouillables sur lesquelles les huiles améliorent la pénétration, » explique Gérard Citron.
Dans d´autres situations, les adjuvants sont déconseillés : avec Illoxan CE en traitement de printemps, avec les produits de la gamme Lexus de DuPont de Nemours, avec les antidicotylédones de façon générale.
Avec des spécialités contenant du bifenox, de la carfentrazone-éthyl, du pyraflufen. les adjuvants peuvent occasionner des phytotoxicités.

Des buses à injection d´air pour limiter les dérives
Un vent de 10 à 15 km/h fait apparaître une dérive des produits appliqués. Cela correspond à un vent de force 3 ou plus, une petite brise qui agite les feuilles et les petites branches de façon constante et qui déploie les drapeaux légers. « L´utilisation des buses à injection d´air est la meilleure solution pour limiter les dérives », selon l´institut Arvalis.
Ne pas jouer avec le pH des bouillies
« Modifier le pH d´une bouillie : on a plus à perdre qu´à y gagner, souligne Gilles Bertin. Les produits sont constitués selon des formulations qui évitent une dégradation trop rapide quelque soit le type d´eau utilisée. » Pour Bayer CropScience, Jean-Paul Souchal prend l´exemple de produits à base de sulfonylurées sous forme de granulés dispersables (WG). « C´est une formulation optimisée pour rendre le produit stable en solution. Il faut être prudent quand on utilise des adjuvants connus pour leur pouvoir acidifiant. »

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