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Picardie/Agriculture durable
Tous les atouts d´un système intégré

Se donner les moyens d´appliquer un minimum d´intrants en culture tout en gardant un haut niveau de production : c´est possible par une approche intégrée de son itinéraire cultural.


« Mon métier est plein d´avenir, je cultive en intégré. » Tel était l´intitulé d´un colloque ouvert aux agriculteurs picards sur l´initiative des Chambres d´agriculture de la région et de l´organisme Agro-Transfert/Alternatech. Si l´on en juge par le nombre de participants, près de 350 personnes, le colloque a connu un succès certain. Preuve que les producteurs cherchent toujours les moyens d´économiser leurs charges en intrants.
Que faut-il comprendre par « système intégré » ou plus précisément « protection intégrée » ? Il ne s´agit en aucun cas d´une démarche d´intégration des agriculteurs par un grand groupe économique, des industries. « La protection intégrée, c´est une façon de raisonner, voire un état d´esprit. Un itinéraire très raisonné à bas niveaux d´intrants peut ne pas être différent d´un itinéraire intégré, explique François Dumoulin, conseiller à la Chambre d´agriculture de l´Oise. Ce qui fait la différence, c´est comment et quand les décisions ont été prises. Si un agriculteur remplace une variété trop sensible aux maladies par une plus tolérante pour limiter les interventions fongicides, il a eu un raisonnement que l´on peut qualifier d´intégré. » Adaptations sur la préparation du sol, sur les rotations culturales, sur les dates et densités de semis, sur le choix variétal, sur les apports azotés. un producteur intègre plusieurs paramètres agronomiques et culturaux pour influer sur l´infestation en parasites de ses cultures ou en maîtriser la croissance.
La réduction des densités de semis de blé est l´une des orientations d´automne réduisant les risques de verse et de maladies au printemps. ©B. Compagnon

Plus 45 euros de marge brute en moyenne par hectare
Résultats : des économies notamment sur les fongicides, régulateurs, insecticides et engrais azotés. « En intégré, on ne fait pas d´impasse, ajoute François Dumoulin. Les seuils d´intervention sont les mêmes qu´en itinéraire raisonné mais on prend des précautions pour ne pas les atteindre. »
Chercheur à l´Inra de Dijon, Vincent Falloya a travaillé à Agro-Transfert sur la protection intégrée entre 1997 et 2002. Il livre des résultats concrets : « Entre 1998 et 2002, 63 essais de comparaison d´itinéraire intégré et de référence régionale ont permis de constater, sans surprise, un rendement légèrement pénalisé en intégré :
moins 5 quintaux/hectare en moyenne. Mais les économies d´intrants compensent légèrement ce manque à gagner avec moins 90 euros/hectare sur les charges opérationnelles et plus 45 euros/hectare de marge brute en moyenne et ce, sans perte de qualité. Si l´on tient compte de l´évolution du prix du blé, il faudrait des prix de vente élevés pour annuler les bénéfices économiques de la protection intégrée. »

Pour Philippe Viaux, ingénieur Arvalis, le système intégré est une troisième voie agricole(1) à côté de la production conventionnelle et l´agriculture biologique. Il donne sa définition : « une approche globale de l´utilisation du sol pour une production agricole qui cherche à remplacer au maximum les intrants extérieurs (énergie, produits chimiques) par des processus naturels de régulation. On peut ajouter l´idée de l´autonomie du système, c´est-à-dire être moins dépendant des achats de l´extérieur. »
Philippe Viaux trouve plusieurs avantages au système intégré : les rendements restent élevés ; les produits de récoltes sont de qualité aussi bien sur le plan technologique que sanitaire ; les techniques de production respectent l´environnement et le système intégré est valorisable par contrat de type CAD.

Selon le spécialiste d´Arvalis, « on peut imaginer le système intégré plus durable que la production biologique dans la mesure où cette dernière limite les rendements, se montre d´une maîtrise technique difficile et n´est pas parfaite vis-à-vis de l´environnement. Mais l´agriculture biologique est bien valorisée par le prix de ses produits. On ne va pas gagner beaucoup d´argent avec le système intégré mais le respect de l´environnement est nettement amélioré par rapport à l´agriculture conventionnelle. »
Diminuer les risques pour moins intervenir
La protection intégrée est une démarche préventive dans le sens où l´on devance les problèmes culturaux par l´adaptation des pratiques. « On commence par faire diminuer les risques. Les interventions sont alors moins fréquentes. Le suivi des cultures devient plus facile, moins stressant, plus rapide, moins compliqué, moins dépendant des conditions climatiques. » énumère François Dumoulin.
« Sur le plan économique, le besoin en fonds de roulement est plus faible et la prise de risque plus limitée en terme d´argent investi à l´hectare. » Sans compter un gain de confort pour l´agriculteur avec moins de traitements et de manipulation.
Le conseiller de la Chambre d´agriculture ne voit pas d´inconvénient majeur aux itinéraires intégrés. Sauf peut-être que, si ceux-ci sont bien définis sur blé, ils restent à l´être sur les autres cultures. Ils sont à l´étude.

(1) Livre paru en 1999 aux éditions Agridécisions : « Une troisième voie en grande culture. ».

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