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Second pilier : les productions végétales mal servies en Poitou-Charentes
Tourné sur l’élevage ou le bio, le plan de développement rural du Poitou-Charentes fait une place réduite aux productions végétales. Globalement, la politique régionale n’est pas non plus toujours favorable aux cultures.
Tourné sur l’élevage ou le bio, le plan de développement rural du Poitou-Charentes fait une place réduite aux productions végétales. Globalement, la politique régionale n’est pas non plus toujours favorable aux cultures.

La Nouvelle Aquitaine est une exception. Avec la Normandie, elle fait partie des deux régions qui ont réussi à unifier les Plans de développement rural (PDR) des anciennes régions qui la composent. Sa motivation : « éviter toute discrimination entre les bénéficiaires des anciens territoires », signale-t-elle dans un document publié en juin 2018. Toutefois, ce souhait ne vaut pas pour toute sa politique agricole. Fin juin, les élus ont décidé de conserver les règlements d’intervention des trois anciennes régions à propos de la création des retenues d’eau, un sujet très polémique. En Poitou-Charentes où ce texte était nettement plus restrictif qu’ailleurs, les quelque 200 projets en attente d’un soutien en sont pour leur frais : ils ne recevront aucun soutien de la région…
Le PVE dix fois moins doté que le plan de modernisation des élevages
De fait, la politique de la région apparaît peu favorable aux grandes cultures. Les Maec (Mesures agroenvironnementales et climatiques) en sont un exemple. Dans sa maquette financière initiale, le conseil régional avait prévu sur ce poste 113 millions d’euros (M€), soit presque 30 % de son budget Feader total. Ces mesures ont eu un franc succès, avec 59 % de cette somme engagée à fin 2015, un engouement logique pour ces aides qui ont pris la suite directe de l’ancienne programmation… sauf que « les Maec grandes cultures n’ont pas décollé », explique-t-on au conseil régional. Autre exemple avec les 31 M€ alloués aux aides aux investissements (mesure 4) : le volet « modernisation des élevages » devait bénéficier de 20 M€ contre 1,85 M€ pour le plan végétal environnement (PVE) et un peu moins pour la préservation de la ressource en eau. À fin 2017, les 44 dossiers présentés dans le cadre du PVE ont finalement été financés en top-up par les agences de l’eau. Faible, le budget alloué à la réduction des pollutions était quant à lui dépassé de 14 %.
De l’argent pour le soutien au bio
La région est nettement plus sensible au développement du bio, par exemple. La révision effectuée en 2017 a permis « de réajuster les sections financières en proposant notamment des mouvements de maquette en faveur de l’agriculture biologique », signale le rapport annuel 2017 de mise en œuvre du Feader par la région. Il faut dire que 69 % du budget initial a été engagé sur 2014-2015, soit 33,70 M€. En parallèle, la région a adopté à l’été 2017 un « pacte bio » qui vise à amener 260 000 ha vers la conversion d’ici 2020 (+ 38 % par rapport à 2015). Un objectif qui sera accompagné par des aides provenant du Feader mais aussi du budget propre de la Nouvelle Aquitaine.
Des aides pour faire face aux intempéries
Suite aux accidents climatiques subis par la Nouvelle-Aquitaine en 2017 et 2018, la région a voté mi-septembre la mise en place d’aides conjoncturelles agricoles spécial « intempéries ». Le dispositif a des chances d’être reconduit : la commission permanente en charge de l’agriculture précise qu’il s’agit d’une « crise » à « mettre en perspective avec les conclusions du rapport Acclima Terra (1) qui prévoit que ces intempéries seront dans l’avenir plus fréquentes et plus intenses ». De nombreuses productions sont concernées, dont les grandes cultures. Les aides sont toutefois limitées, avec une aide forfaitaire à la trésorerie de 1000 € pour les fermes victimes du gel ou de la sécheresse en 2018. Ce soutien ne repose pas que sur la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, car la région intégre également les zonages établis par les chambres d’agriculture ou les organismes interprofessionnels. Au total, elle prévoit 5,128 M€ pour cette action.
(1) Produit par le Comité scientifique régional sur le changement climatique qui réunit 21 scientifiques issus des milieux académiques de la région.en chiffres
Le PDR de Poitou-Charentes
25450 exploitations agricoles
1,70 million d’hectares de SAU
397,50 M€ sur 2014-2020, dont 44,90 M€ transférés du premier vers le second pilier
28 % des fonds consacrés aux Maec (mesure 10), 25 % aux ICHN (mesure 13), 9 % aux investissements (mesure 4), 9 % au bio (mesure 11)
230 €/ha de SAU issus du Feader, 13e position sur 22
Source : ODR, ministère de l’Agriculture, Inra.