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Pois, féverole.
« Redynamisons la culture des protéagineux », propose Benoît Carrouée de l´Unip

Benoît Carrouée, responsable du service technique de l´Union nationale interprofessionnelle des protéagineux, fait le point sur la campagne et sur les travaux de l´interprofession protéagineux.


Comment expliquer les mauvais résultats de la récolte pois 2005 ?
Benoît Carrouée - Le pois de printemps a souffert de la sécheresse et des fortes chaleurs de la deuxième quinzaine de juin dans la zone Nord. En Picardie, principale région de production en France, le rendement moyen est de 42 quintaux par hectare : c´est 13 quintaux de moins que la moyenne des années passées ! La déception des producteurs a été d´autant plus grande que le potentiel jusqu´à début juin était élevé. Le pois d´hiver, plus précoce, a été moins affecté. Plus au sud, les pois étaient à des stades plus avancés à l´arrivée des chaleurs. La sécheresse a été un facteur limitant, mais les résultats sont proches de la moyenne. Quant aux féveroles, elles confirment leur intérêt dans le Nord, où elles ont donné des rendements un peu supérieurs aux pois de printemps.
Quelles leçons en tirer ?
B. C. - Le pic de chaleur en juin dans le Nord a atteint un niveau exceptionnel, du jamais vu. Les années à venir ne seront pas toutes aussi chaudes ! Néanmoins, pour les prochaines campagnes, nous conseillons aux producteurs d´adopter de nouveaux choix de type de protéagineux ou de dates de semis pour optimiser les rendements en fonction des régions et des sols.
Pouvez-vous donner des exemples ?
B. C. - Dans le Centre et l´Est de la France, pour éviter les fortes températures et la sécheresse assez fréquents en juin, on peut développer le pois d´hiver y compris en sols profonds, avec les nouvelles variétés et sous réserve de pouvoir semer assez tard.
Dans les limons du Nord-Ouest, pois et féveroles de printemps ont leur place en alternance dans les rotations. Dans les assolements irrigués en Poitou-Charentes et dans le Sud-Ouest, les semis de pois de printemps dès la mi-décembre permettent d´échapper aux fortes températures et de réduire parfois les besoins en irrigation. Pour les éleveurs de ruminants à la recherche de sources de protéines, les nouvelles variétés de pois de printemps résistantes à la verse et productives en paille constituent une option.

La filière protéagineux a bénéficié d´un « plan de relance ». Qu´en est-il ?
B. C. - Ce programme financé par les Pouvoirs publics a mobilisé 850 000 euros par an pendant cinq ans pour conforter les actions de recherche développement coordonnées par l´Unip. La majeure partie des moyens a été investie dans la création variétale, donc sur des résultats à moyen terme. Trois axes ont été retenus en 2001.
Le premier concernait la lutte contre l´Aphanomyces du pois. Là nous savions que ce serait long. Les travaux de l´Inra et des sélectionneurs privés sont encourageants. Une tolérance génétique stable a été trouvée et nous ne sommes plus très loin de variétés tolérantes de bonne valeur agronomique. Un autre point a été la mise au point d´un test permettant de détecter la présence d´Aphanomyces dans le sol.

Le deuxième axe portait sur le développement du pois d´hiver. Plusieurs semenciers ont ainsi repris ou accentués leurs travaux de sélection. Alors qu´aucune variété de pois d´hiver n´avait été inscrite depuis 1997, les quatre nouveautés inscrites cette année sont le signe de cette reprise.
Troisième axe : la relance de la féverole. La sélection et les surfaces en production étaient tombées à un niveau très bas en 2000. Depuis, de nouvelles variétés de qualité, sans vicine-convicine(1), avec de bonnes performances agronomiques ont été inscrites. Et surtout, les surfaces de féveroles ont été multipliées par cinq, ce qui a permis aux producteurs français de se placer sur le marché export vers l´Égypte, exigeant en qualité mais générateur de valeur ajoutée.

Ce plan sera-t-il poursuivi ?
B. C. - Nous sommes en discussion avec les Pouvoirs publics. A court terme, le besoin porte principalement sur le développement et les démonstrations sur le terrain. L´objectif est de redynamiser la culture dès la prochaine récolte, afin de retrouver le plus rapidement possible le niveau d´équilibre des 600 000 hectares de protéagineux. Une telle surface rend en effet les cultures protéagineuses plus intéressantes pour les sélectionneurs, mais aussi pour les collecteurs et les fabricants d´aliments. La production actuelle est insuffisante pour alimenter tous les marchés : les marchés export pour l´alimentation humaine exigeants en qualité, mais aussi l´alimentation animale qui demande des volumes importants et réguliers.

(1) La vicine-convicine est un facteur anti-nutritionnel pour les hommes et les poules pondeuses.

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