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Réduire les charges pour passer les années difficiles

Le climat hors normes a pesé sur les résultats de Philippe Houdan. La baisse drastique de ses charges opérationnelles, directement liées à son mode de production, devrait lui permettre de faire face.

Le colza associé, semé très précocement, fait son retour sur la ferme de Philippe Houdan, qui compte sur sa bonne valorisation.
© V. Noël

« À chaque fois, les orages sont passés à côté de la ferme. » Pour Philippe Houdan, sécheresse et anomalies climatiques resteront les faits marquants de la campagne 2016-2017. Il n’est pas près d’oublier certains épisodes : « En avril, nous avons eu un pic de chaleur à 27,7 °C sous abri, suivi juste après de quelques jours à -5 °C, se souvient-il. Les orges de printemps étaient toutes blanches ». Les céréales à paille, qui couvrent les trois quarts des 375 hectares de la ferme, ont souffert de ces conditions difficiles : si la qualité est au rendez-vous, les rendements sont en baisse de plus d’un tiers par rapport aux valeurs habituelles. Le blé tendre ne fait que 47 q/ha, par exemple, soit tout juste mieux que les 41 q/ha de 2016. Mais le malaise est général et Philippe Houdan ne s’en sort pas moins bien que ses voisins, eux aussi à la peine. Sauf qu’il a beaucoup moins de charges. Grâce aux macérations végétales (ortie, consoude…) qui aident la culture à renforcer ses défenses naturelles, aux couverts qui enrichissent les sols ou aux semis ultra-précoces (fin août en blé) qui contribuent à limiter le désherbage, il est parvenu à réduire drastiquement ses charges opérationnelles. Elles sont tombées à une moyenne de 185 euros/ha pour la campagne 2016-2017. « Il n’y avait pas de maladies, je n’ai utilisé que 15 litres de fongicides pour toute l’exploitation, qui m’ont servi uniquement sur une partie de mon orge d’hiver », précise-t-il. À l’inverse, l’agriculteur n’a pas lésiné sur les macérations qui ne lui coûtent rien. « J’ai fait quatre apports sur blé », note-t-il. Philippe Houdan a également limité les frais en engrais : « Après le gros coup de gel du printemps, j’ai arrêté l’azote sur blé et orge, qui n’ont donc pas reçu de dernier apport ». Et il a réduit ses densités, qui ne dépassent pas les 90 kg/ha en blé d’hiver.

Un EBE qui tournerait autour de 355 euros/ha grâce à des charges maîtrisées

Ces faibles charges devraient lui permettre de passer l’année sans trop de dommage. L’agriculteur a déjà arbitré une bonne partie de la récolte. Il a ainsi vendu une partie de son blé avant moisson à Dijon Céréales, à un prix minimum garanti de 150 euros/t. Un put à la baisse intégré dans le contrat devrait lui permettre de profiter d’une éventuelle hausse des cours. À ce stade, l’agriculteur, qui a presque tout récolté hormis son mélange de soja-sarrasin et sa luzerne, prévoit un produit moyen de 855 euros/ha. Le chiffre comprend les 210 euros/ha des aides PAC. Avec des charges de structure de l’ordre de 315 euros/ha, il compte sur une EBE de 355 euros/ha. De quoi couvrir annuités d’emprunts et rémunération mais sans autoriser la constitution d’une réserve de trésorerie.

Une envie d’aller davantage vers le citoyen-consommateur

Reste que le contexte est difficile. Philippe Houdan a différé son projet d’achat d’un moulin à farine, faute pour l’instant de temps et de moyens. L’ouverture d’un magasin à la ferme reste elle aussi en stand-by, même si l’agriculteur compte bien commercialiser au détail la production de ses quelques sept hectares de lentilles, cultivées comme en bio. L’envie d’interagir davantage avec le monde extérieur est bien là. En attendant mieux, Philippe Houdan s’est investi dans la nuit de l’agroécologie… Un petit succès : « On aurait pu aller bien au-delà des horaires prévus, il y avait beaucoup de questions ! », se remémore-t-il, ravi de la quarantaine de personnes venues assister aux exposés de son GIEE Envisol. Si elle n’est pas bio, l’agriculture durable que pratique Philippe Houdan plait aux consommateurs.

Les huiles essentielles en ligne de mire

Un feu vert des autorités et Philippe Houdan se lancerait immédiatement dans l’application d’huiles essentielles à grande échelle. Les essais qu’il a conduits cette année l’ont renforcé dans ses convictions. Clou de girofle et carvi contre les champignons, ail et pamplemousse contre les insectes… Ses connaissances se sont affinées. Il a notamment testé un mélange de trois huiles qu’il a apporté à une concentration maximale de 60 à 70 ml/ha. « Dans le blé, mes deux témoins ont fait 2 q/ha de plus que le reste de la parcelle », indique-t-il. Philippe Houdan a envie de progresser dans cette voie.

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