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Récolte 2020 : le spectre de 2016 plane au-dessus des blés français

Surfaces de céréales d’hiver très basses, nombre d’épis réduit par l’excès de pluies automnales puis par la sécheresse printanière, et désormais températures échaudantes… La production française de blé tendre s’annonce mauvaise, et pourrait être la deuxième plus mauvaise depuis plus de dix ans après celle, calamiteuse, de 2016.

Après des conditions d'implantation dantesques puis la sécheresse du printemps, le rendement des blés est désormais menacé par l'échaudage dans plusieurs bassins de production français.
© C. Baudart

Le spectre de 2016 commence à planer au-dessus des champs de céréales de l’Hexagone. Les blés et orges d’hiver étaient déjà partis du mauvais pied, avec un excès d’humidité à l’implantation suivi de la sécheresse au printemps. Cette combinaison perdante avait déjà contribué à réduire le nombre d’épis, éloignant définitivement l’espoir d’une récolte de blé comparable aux 40 millions de tonnes (Mt) engrangés en 2019. La situation a continué de se détériorer avec les conditions échaudantes subies ces derniers jours dans certains bassins de production. Cela s’ajoute à des surfaces en blé au plus bas, en raison de conditions de semis dantesques.

Dans ses dernières prévisions, le cabinet d’analyse Tallage, qui publie le rapport Stratégie Grains, positionne la récolte de blé tendre tricolore 2020 comme la seconde plus mauvaise en dix ans. Sur cette période, seule la calamiteuse récolte 2016 (27,6 Mt) ferait pire que la récolte à venir. Vincent Braak, analyste chez Tallage, confirme son « inquiétude » face à des blés « poussés par endroit dans leurs retranchements ».

Le stade laiteux dépassé début juin dans la moitié Nord

« Nous n’attendons pas un rendement national moyen catastrophique, car il y aura des compensations dans certaines régions, mais c’est très mal engagé en Bourgogne et dans certaines zones de la région Centre, détaille Vincent Braak. Dans ces deux régions, des parcelles avaient déjà dépassé le stade laiteux début juin malgré des semis tardifs en novembre ou en décembre. Avec des températures maximales qui ont dépassé 30°C à plusieurs reprises, il y aura un impact sur le rendement, sur le poids spécifique et sur le poids de mille grains. »

L’avancée des stades est en effet inédite. Pour le blé tendre, selon la dernière livraison du rapport Céré’Obs de FranceAgriMer, le stade épiaison présente une avance de 12 jours en moyenne par rapport à 2019, qui était en ligne avec la moyenne des cinq dernières années. Le rapport confirme aussi le mauvais état général des parcelles de blé à l’échelle nationale. La part des blés jugés dans des conditions bonnes à très bonnes s’affiche depuis des semaines au niveau le plus bas depuis plus de dix ans. Seulement 56 % des blés tendres entrent dans cette catégorie, contre 80 % l’an passé à même époque.

Même son de cloche du côté d’Arvalis. « La situation est comparable à 2003 [production de blé de 29 Mt, NDLR] et 2011 [34 Mt] », indique François Laurent, directeur recherche et développement de l’institut technique. L’expert prévoit une très forte hétérogénéité de situations, en fonction de la date de semis, de la pluviométrie et du type de sol. « En sols profonds, l’état de croissance a été bon à correct à floraison, caractérisé par une absence de maladie et de verse, précise François Laurent. Dans les sols superficiels, le potentiel a été altéré, avec un niveau de croissance déjà inférieur à la normale et une réserve en eau du sol très entamée. »

Certaines régions pourraient mieux s'en tirer que la Bourgogne et la région Centre, notamment plus au nord. « Le rendement se joue maintenant, avec le remplissage des grains, relève Sébastien Rahault, technicien au CETA des trois vallées, dans l'Aisne. Les températures sont plus fraîches mais l’idéal serait d’avoir de la pluie. »

Pour l’orge d’hiver, la situation est analogue. La récolte de cette dernière donnera rapidement le ton. Elle a déjà commencé dans le Sud et dans de nombreuses régions, elle devrait se généraliser dès le 22 juin, date annoncée du retour de températures durablement élevées. C’est dans treize jours.

 

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