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Pierre Pagesse
&quote;La transgenèse est un outil incontournable&quote;

Agriculteur dans le Puy-de-Dôme, Pierre Pagesse est président de la coopérative et du groupe Limagrain. Il s´explique sur l´intérêt des biotechnologies dans la sélection.


Réussir Céréales Grandes Cultures
Le groupe Limagrain s´est fortement impliqué dans les biotechnologies, notamment à travers Biogemma*. Pourquoi ?
Pierre Pagesse
Les biotechnologies sont aujourd´hui pour les sélectionneurs des outils d´usage courant. Limagrain a ouvert son premier laboratoire de biotechnologie en 1984. Les biotechnologies sont très utilisées car elles permettent une accélération de la sélection et surtout une sélection plus ciblée, vers des plantes ayant telles ou telles caractéristiques. La transgenèse n´est qu´un outil parmi d´autres mais un outil indispensable.
En quoi la transgenèse est-elle indispensable ?
La transgenèse est d´abord un outil permettant de créer aussi bien des variétés conventionnelles que des variétés OGM. Le séquencage d´Arabidopsis thaliana(1) est terminé... Le décryptage des génomes des plantes cultivées avance. On connaît la suite de gènes constituant l´ensemble du génome et leur place sur les chromosomes. Reste maintenant pour chaque gène à trouver sa fonctionnalité, ce à quoi il sert. Les chercheurs utilisent la transgenèse pour désactiver le gène ou au contraire l´introduire dans une autre plante de la même espèce. Il s´agit là de créer des plantes transgéniques comme outils de recherche et non de créer des variétés éventuellement commercialisables. Pour avancer dans la connaissance c´est un outil incontournable aujourd´hui.
Estimez-vous être bien armé face à la concurrence ?
Il y a en France une communauté scientifique qui a les compétences nécessaires pour travailler efficacement sur ces sujets. Quant aux moyens financiers nécessaires, ils sont importants d´où la création de Biogemma(2) pour mettre en commun des ressources entre des sélectionneurs français et les filières céréales et oléoprotéagineux et de Génoplante, partenariat entre la recherche publique (Inra, Cirad, IRD, CNRS) et privée (Biogemmea, Bioplante, Aventis). Le budget de Génoplante (200 millions d´euros sur cinq ans) permet de travailler efficacement.
C´est sur le plan réglementaire que nous avons le plus de difficultés. Pour la recherche sur les fonctions des gènes, il faut expérimenter au champ. Là, nous avons un fort handicap face à nos concurrents nord-américains notamment. Ils bénéficient d´une autorisation globale pour tester au champ. Or en France, pas question de faire un essai sans autorisation de la Commission de Génie Biomoléculaire. Cela génère des délais et fait prendre un retard très important. Pendant ce temps, nos concurrents déposent des brevets, menaçant la liberté d´opération de la communauté scientifique et la place de la sélection française.
Il ne faut pas que le principe de précaution aboutisse à des contraintes telles qu´elles empêchent la réalisation de recherches en France, qu´elles favorisent finalement les entreprises étrangères qui peuvent travailler plus facilement ailleurs que chez nous.
Quelle est votre position sur les brevets et la protection des variétés ?
Nous sommes opposés à la protection des variétés par brevet. Nous défendons la protection par Certification d´Obtention Végétale (COV) qui allie protection de celui qui améliore et mise à disposition de tous de la variété protégée pour en créer sans délais de nouvelles. Le brevet sur variété, c´est à terme la confiscation du vivant par quelques firmes et c´est le risque de perte de biodiversité. C´est un sujet important qu´il faut défendre à l´OMC.
De nombreux essais de maïs transgéniques ont été détruits cet été. Quelles en sont les conséquences?
Tous les essais détruits étaient des essais connus, autorisés... Il n´y avait rien d´illégal dans ces expérimentations de plein champ. En revanche, les détruire est une atteinte aux biens d´autrui et donc un acte illégal. C´est pourquoi nous avons porté plainte contre X pour chacun des essais Limagrain ou Biogemma détruits.
Nous demandons réparation car nous avons perdu, selon les cas, une ou plusieurs années de recherche. Mais surtout, s´il n´est plus possible de faire de recherche en France, elle se fera ailleurs... Nous deviendrions ainsi de plus en plus dépendants de l´extérieur. De plus, ceux qui détruisent les essais pour lutter contre les grandes multinationales étrangères ne font que les favoriser !
Comment concilier la transparence demandée par l´opinion publique et la sécurité des essais ?
Nous sommes prêts à continuer le dialogue. C´est un grand défi car certains opposants pratiquent la politique de la chaise vide. Il faut continuer la recherche, les expérimentations... et on ne peut en permanence mettre toutes les parcelles sous protection policière ! Nous allons continuer d´expliquer, surtout à la population locale directement concernée, le contenu des essais et leurs objectifs.

(1) Petite crucifère utilisée comme modèle car possédant peu de gènes.
(2) Biogemma a été constitué entre Limagrain, Pau-Euralis avec le soutien financier de Unigrains et Sofiprotéol.

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