Quels sont les impacts et le coût du changement climatique sur l’agriculture mondiale ?
Le rapport « L’Impact des catastrophes sur l’agriculture et la sécurité alimentaire 2025 » vient d’être publié par la FAO. Il révèle que les impacts du changement climatique ont toujours un coût plus élevé et plus d’effets négatifs sur le secteur agricole à l’échelle mondiale.
Le rapport « L’Impact des catastrophes sur l’agriculture et la sécurité alimentaire 2025 » vient d’être publié par la FAO. Il révèle que les impacts du changement climatique ont toujours un coût plus élevé et plus d’effets négatifs sur le secteur agricole à l’échelle mondiale.
Combien de pertes enregistrées par le secteur agricole entre 1991 et 2023 ?
En 33 ans, de 1991 à 2023, les inondations, sécheresses et vagues de chaleur ont coûté près de 3 800 milliards à l’agriculture, révèle un rapport de la FAO intitulé « L’Impact des catastrophes sur l’agriculture et la sécurité alimentaire 2025 ». Les pertes se sont donc élevées à 99 milliards de dollars par an en moyenne. Des pics notables ont été observés en 2012 (138 milliards de dollars de pertes), 2019 (173 milliards de dollars), 2021 (192 milliards de dollars) et 2022 (215 milliards de dollars. )
Les céréales sont les plus touchées avec des pertes totales cumulées de 4,6 milliards de tonnes. Viennent ensuite les fruits, les noix et les légumes (2,8 milliards de tonnes), tandis que la viande, les produits laitiers et les œufs affichent une perte de 0,9 milliard de tonnes.
Quelles pertes par secteurs liées aux aléas climatiques ?
L’Asie totalise près de la moitié des pertes mondiales
L’Asie accuse les plus lourdes pertes, soit 47 % du total mondial (1 530 milliards de dollars), notamment en raison de son secteur agricole très vaste, sa population rurale nombreuse et sa vulnérabilité accrue aux catastrophes d’origine climatique. Viennent ensuite l’Amérique, avec 22 % du total (713 milliards de dollars), puis l’Afrique avec 19 % (611 milliards de dollars), « un chiffre qui a de profondes implications pour la sécurité alimentaire sur le continent, étant donné que l’agriculture y représente la principale source d’emplois et d’activités économiques » souligne le rapport. L’Europe totalise 11 % des pertes mondiales et l’Océanie 2 %.
Ce dernier insiste sur un autre fait marquant : lorsque les pertes sont exprimées en pourcentage du PIB agricole, la situation change du tout au tout. L’Afrique accuse l’impact économique relatif le plus marqué, avec des pertes équivalant à 7,4 % de son PIB agricole. L’Amérique suit avec 5,2 % de PIB agricole perdus à cause des catastrophes, puis l’Océanie avec 4,2 % et l’Europe avec 3,6 %.
A relire : Combien le changement climatique va-t-il coûter à l’agriculture française ?
Evolution des pertes du secteur agricole en trente ans
Les inondations, aléa le plus destructeur
La répartition des pertes par type d’aléa montre que les inondations ont occasionné plus de 1 500 milliards de dollars de dommages, ce qui en fait l’aléa le plus destructeur. Les tempêtes ont coûté 720 milliards de dollars, les tremblements de terre 336 milliards de dollars, les sécheresses 278 milliards de dollars, les températures extrêmes 187 milliards de dollars et les feux de forêt 166 milliards de dollars.
Répartition des pertes agricoles selon le type d'aléa climatique
A relire : Evénements climatiques extrêmes : quelle létalité pour les animaux d’élevage ?
Les disponibilités nutritionnelles impactées par les pertes de production
Les pertes de production ont un impact majeur sur les disponibilités nutritionnelles. Sur une période de 33 ans, au niveau mondial, elles se sont traduites par des pertes estimées d’environ 320 kilocalories par personne et par jour, soit 13 à 16 % des besoins en énergie quotidiens moyens. L’analyse révèle que les pertes de fer représentent 60 % des besoins pour les hommes et met en évidence de graves déficits en vitamines et minéraux essentiels, susceptibles d’affecter les populations vulnérables de manière disproportionnée.
Dommages aux infrastructures et perturbations des marchés
Le rapport souligne que les impacts des catastrophes sur l’agriculture vont bien au-delà des pertes immédiates de production, incluant les dommages aux infrastructures, les perturbations des marchés, les défaillances des systèmes financiers et la dégradation des services écosystémiques, qui peuvent persister pendant des années après les événements initiaux. La FAO estime que « les outils d’évaluation actuels doivent être étendus pour capturer systématiquement à la fois les impacts directs et indirects et prendre en compte les valeurs non économiques, les effets différenciés sur les groupes vulnérables, les pertes de biodiversité et les perturbations à long terme des écosystèmes ».
Lire aussi : Changement climatique : comment les agriculteurs le perçoivent et s’y adaptent avec l’agroécologie ?
Solutions numériques de prévention des catastrophes : encore des obstacles
La FAO estime que le développement foisonnant des capacités de télédétection, de l’IA, des détecteurs fondés sur l’internet des objets et des plateformes de communication mobile offre des possibilités sans précédent de mieux comprendre et prévoir les catastrophes et d’y faire face. Pour autant des obstacles demeurent comme la fracture numérique puisque 2,6 milliards de personnes dans le monde sont toujours privées de connexion. Les zones rurales, qui concentrent la majeure partie de la production agricole, sont confrontées à des défis particuliers, notamment une connectivité limitée, une alimentation électrique peu fiable et des infrastructures numériques inadéquates. La FAO préconise d’ adapter les outils aux conditions locales et favoriser la collaboration entre gouvernements, recherche, secteur privé, société civile et communautés agricoles afin de « garantir des impacts évolutifs, interopérables et durables ».