Installation
Pour Philippe Monnet il est nécéssaire de « reconnaître la diversité des projets »
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Pour Philippe Monnet, en charge du dossier installation pour les Jeunes Agriculteurs, la réussite tient avant tout à la qualité du projet. Il faut donc reconnaître la diversité des choix et des systèmes de production.
L´accès au foncier n´est-il pas un frein à l´installation en grandes cultures ?
Philippe Monnet - La question du foncier est une priorité de notre mandat. Il y a l´urbanisation et l´artificialisation des territoires qui retirent de l´agriculture 60 000 hectares chaque année. A ce rythme, l´équivalent d´un département est artificialisé tous les dix ans. Le phénomène périurbain conduit à une hausse du prix du foncier déconnectée de l´économie agricole.
Un autre frein touche aux ressorts de la course à l´agrandissement. Au-delà de l´équilibre nécessaire entre l´agrandissement de ceux qui sont en place et l´installation, certaines études montrent que l´agrandissement s´accompagne d´une perte de valeur ajoutée pour l´agriculture. Quand on le peut, s´agrandir est une solution facile mais elle ne stimule pas la recherche de valeur ajoutée.
Où trouver de la valeur ajoutée supplémentaire en agriculture ?
P. M. - Une des pistes importantes du moment concerne les énergies vertes. La biomasse et les biocarburants ouvrent des perspectives de valeur ajoutée pour les agriculteurs. Mais à condition que l´organisation des filières soit telle qu´une partie de la valeur ajoutée revienne au producteur. Ce n´est pas toujours garanti. Nous ne souhaitons pas que les agriculteurs soient cantonnés à un rôle de fournisseur de minerai aux filières. Il est crucial qu´ils soient organisés économiquement pour maintenir un certain contrôle sur leurs débouchés. Il est évident que les marchés locaux ou de niche ne peuvent pas englober tout le chiffre d´affaires de la ferme France. Mais la coexistence entre grandes filières et circuits plus courts n´est pas antinomique, au contraire.
Comment voyez-vous l´avenir de la PAC et de l´organisation des marchés ?
P. M. - Nous voyons bien que l´environnement économique des exploitations bascule d´une PAC qui garantissait une certaine stabilité à une PAC beaucoup moins protectrice. Ce qui nous inquiète le plus, ce n´est pas tant la disparition des aides en elles-mêmes que la disparition de notre revenu.
A ce propos, nous restons sur notre ligne définie en 2001 ; celle de prix rémunérateurs plutôt qu´un revenu basé sur des subventions et d´une autosuffisance des grandes régions du monde.
A l´échelle des exploitations, il nous paraît clair qu´il faut nous préparer à travailler dans un environnement instable, qui se traduit notamment par une volatilité accrue des prix. C´est pourquoi, nous défendons l´organisation économique et la mise en place d´outils tels que l´assurance récolte, une meilleure adaptation de la fiscalité.