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Cahiers des charges, traçabilité
« Plus-value et pragmatisme dans l´élaboration des cahiers des charges »

Yves Le Morvan, directeur général adjoint de la FFCAT commente le point de vue des coopératives de collecte, exprimé par leur président Michel Fosseprez.


Réussir :
Pourquoi le président Fosseprez fait-il une mise en garde vis-à-vis de ce qu´il a appelé le « dossier des qualités » ?
Yves Le Morvan : Nous avons deux lignes directrices.
A ceux qui pensent que la contrepartie des démarches qualité se limite au « droit d´entrée sur le marché », il faut rappeler que nous vendons depuis toujours des céréales « saines, loyales et marchandes » et que nous travaillons sur des volumes considérables, dans un marché concurrentiel, à l´échelle mondiale et avec des prix bas. Donc, nous pensons que toute démarche de progrès qui génère des charges supplémentaires mérite rémunération.
Second point, les chartes et cahiers des charges doivent coller à la réalité du terrain. Certains d´entre eux mélangent les genres. On y trouve pêle-mêle des éléments d´ordre réglementaire, des critères qui relèvent de la négociation contractuelle et des critères de qualité technologique qui jouent déjà depuis fort longtemps sur le prix de vente.
Pierre-Olivier Drège, directeur de l´Onic a annoncé un dispositif,
élaboré en collaboration avec la FFCAT, pour aider les collecteurs à améliorer la traçabilité. De quoi s´agit-il ?

Les organismes stockeurs ont beaucoup à gagner dans l´amélioration de leur travail d´allotement pour obtenir des lots plus homogènes et bien identifiés sur les critères de qualité technologique (protéines, Hagberg, force boulangère...).
Il est utopique d´imaginer une traçabilité qui permette de remonter systématiquement aux parcelles pour plusieurs raisons évidentes : cela représenterait une charge colossale pour les producteurs et les collecteurs et ce n´est pas la demande de nombreux débouchés dont l´exigence porte avant tout sur les critères de qualité technologique.
Il nous paraît donc plus efficient d´améliorer la traçabilité à l´entrée et au sein des organismes stockeurs au service de ces critères. Ce projet vise à soutenir les collecteurs pour franchir le saut informatique nécessaire à cette meilleure traçabilité globale. Ce qui n´empêche pas d´aller jusqu´à la parcelle pour certains segments du marché.
Ne faut-il pas, justement, chercher à généraliser la segmentation pour gagner de la valeur ajoutée ?
La question de fond est en définitive celle d´éviter la banalisation qui conduirait à des surcoûts qui restent et des plus-value qui disparaissent. Il faut garder à l´esprit que seule la différenciation favorise la valorisation. Les cahiers des charges ont donc leur place dans le cadre de démarches verticales. C´est-à-dire celles qui s´appuient sur des contrats avec l´aval et qui visent des segments de marchés spécifiques, identifiés et rémunérateurs.
Position des coopératives de collecte « Attention au toujours plus »
« Les réformes successives de la Pac, en renforçant la consommation intérieure de céréales par les industriels, les différentes crises alimentaires, la méfiance suscitée par les OGM..., tout cela a entraîné l´apparition de pléiades de cahiers des charges, de chartes diverses... qui nous sont demandées ou plutôt exigées. (...)
Ce mouvement contient un germe : l´exclusion (...) Le « toujours plus » correspond souvent à un plus demandé aux producteurs par les industriels, sous le contrôle de l´organisme stockeur (OS). Si le rôle de l´OS est réduit à cela, nous aurons perdu une bataille essentielle. Celle du collecteur regroupant une offre adaptée, proposée aux acheteurs.
Dés lors le rôle du collecteur sera-t-il celui d´une société de surveillance ?
Le « toujours plus » correspond souvent à une accumulation de charges pour le producteur et le collecteur. Sous le couvert d´une nécessaire élévation d´un niveau sanitaire toujours plus lointain et pourtant rendu nécessaire pour « accéder aux marchés », attention à ne pas créer une machine qui va exclure. Sinon quel est notre avenir ? S´entre-tuer pour un sanitaire virtuel ? (...) Le prix des céréales a baissé d´environ 50 %.
Les acheteurs industriels, y compris nos propres outils d´aval, ont bénéficié d´une exceptionnelle baisse du coût de leur approvisionnement. Ont-ils su en profiter ? Ou certains ont-ils dilapidé en concurrence stérile ce qui était offert pour demander encore plus aujourd´hui ? (...) Le poids des charges a atteint ses limites.
Demander plus en cahier des charges ou en chartes de production c´est accepter de rémunérer, de primer une offre spécifique minoritaire par définition ; sinon la banalisation guette, la rémunération s´affaiblit, l´organisation de marché que nous essayons de défendre sur le plan international, est mangée de l´intérieur.
La FFCAT s´opposera toujours à tout cahier des charges affaiblissant l´organisation de marché ».

Extrait du discours de clôture de l´Assemblée générale de la FFCAT du 13 novembre 2001

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