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Plan de fumure : 10 points clés pour bien le réaliser

Le plan prévisionnel de fumure azotée est un outil qui permet de calculer les besoins de la culture en tenant compte de l’azote disponible dans le sol. Dans un contexte où chaque unité d’azote compte, il est un levier pour ajuster au mieux les apports et maîtriser ses charges de fertilisation, que l’exploitation soit ou non en zone vulnérable.

Epandage d’engrais minéral sur céréales en sortie d’hiver
Le plan prévisionnel de fumure doit être établi avant le démarrage de la fertilisation des céréales d’hiver
© V. Marmuse

 


 

Qui est concerné par l’obligation de plan prévisionnel de fumure azotée ?

Le plan de fumure est une obligation en zone vulnérable

Le plan prévisionnel de fumure azotée (PPF) est une obligation réglementaire annuelle pour les exploitations agricoles qui ont une SAU supérieure à 3 hectares située en zone vulnérable aux nitrates. Il répond aux exigences de la directive européenne « Nitrates », qui vise à réduire la pollution des eaux provoquée par les nitrates utilisés à des fins agricoles. L’obligation de plan de fumure porte sur les parcelles de l’exploitation situées dans la zone vulnérable qu’elles reçoivent ou non des fertilisants azotés. Il revient à chacun de vérifier la situation de ses parcelles sur le site.

Lire aussi : Directive nitrates : une extension des zones vulnérables de plus de 1,6 million d’hectares

Le plan de fumure, un outil pour adapter les apports aux besoins

Le plan de fumure peut également être obligatoire hors zone vulnérable, lorsque l’exploitation agricole est engagée dans certains contrats ou certifications (MAEC, HVE…), ou quand elle est soumise à une ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement), notamment liée à la présence d’un élevage important. Mais au-delà de l’obligation administrative ou contractuelle, c’est un outil utile pour tout agriculteur car il permet d’adapter les apports d’engrais azotés aux besoins des cultures. 

 

Quel est l’objectif du plan prévisionnel de fumure ? 

Le plan de fumure pour calculer la dose d’azote

L’objectif du plan de fumure est de calculer la dose d’azote à apporter sur chaque culture. Ce calcul repose sur un bilan prévisionnel : il s’agit d’estimer les besoins totaux de la culture en azote en fonction du rendement visé, puis de soustraire les différentes sources d’azote déjà disponibles dans le sol (azote minéral résiduel, restitutions du précédent cultural, apports déjà réalisés d’effluents organiques, minéralisation de la matière organique, etc.).

Lire aussi : Directive nitrates et grandes cultures : quelles nouveautés en zones vulnérables ?

Le résultat correspond à la dose d’azote à apporter sous forme d’engrais minéral ou organique pour atteindre l’objectif de rendement.

 

À quelle période de l’année faut-il réaliser le plan de fumure ?

Le plan de fumure doit être réalisé en janvier / février 

Le plan de fumure doit être établi pour toutes les parcelles concernées avant une date définie par le GREN (Groupe régional d’expertise nitrates), qui est le 31 mars, 15 avril ou 30 avril selon les régions. Il est établi à l'ouverture du bilan (semis ou sortie d'hiver pour les cultures d'automne), terminé avant le premier apport d’azote réalisé en sortie d'hiver, ou avant le deuxième apport réalisé en sortie d'hiver en cas de fractionnement. En pratique, il est souvent réalisé entre décembre et février, voire mars, avant le démarrage de la fertilisation des céréales.

Lire aussi : Directive nitrates : quelle date pour le premier apport d’azote en zones vulnérables en 2025 ?

Le plan de fumure peut être élaboré culture par culture

Dans le cas où l’exploitation est très diversifiée (céréales, légumes, cultures pérennes…), le PPF peut être élaboré culture par culture, à mesure que les besoins en azote apparaissent. L’essentiel est qu’il soit daté et archivé avant le premier apport, afin de pouvoir être présenté en cas de contrôle.

 

Que doit contenir un plan prévisionnel de fumure ?

Le plan prévisionnel de fumure rassemble l’ensemble des informations nécessaires au raisonnement de la fertilisation :

  1. l'identification de la parcelle (n° ilot PAC, nom ou n° de parcelle) et sa surface ;
  2. le type de sol ;
  3. la culture implantée ou prévue, et la variété (si blé ou orge) ;
  4. la période d'implantation de la culture ;
  5. le précédent cultural ;
  6. le pourcentage de légumineuses si association graminées/légumineuses ;
  7. l'objectif de rendement ;
  8. la présence de CIPAN (culture intermédiaire piège à nitrates) avant la culture et son effet sur la restitution d’azote ;
  9. les apports d’effluents d’élevage ou d’amendements organiques sur la parcelle (fréquence d’apport) ;
  10. le reliquat d’azote présent dans le sol en sortie d’hiver. Il est issu de référentiels ou de l’analyse de reliquat sortie hiver (RSH) réalisée sur la parcelle (ou sur une autre de même caractéristique) ;
  11. les apports par irrigation envisagés et la teneur en azote de l'eau d'irrigation ;
  12. La quantité d'azote totale à apporter par fertilisation (le détail du calcul de la dose n'est pas exigé lorsque la quantité d'azote totale est inférieure à 50 unités/ha) ;
  13. les apports détaillés (avec fractionnement) pour chaque type de fertilisant, organique et minéral, envisagé. 

 

Comment déterminer l’objectif de rendement dans son plan de fumure ?

L’objectif de rendement peut être déterminé de deux façons. Soit en faisant la moyenne des rendements réalisés sur l'exploitation pour des conditions comparables au cours des 5 dernières années en excluant la valeur maximale et la valeur minimale. Soit en utilisant les valeurs par défaut retenues par l'arrêté de région si c’est la première fois que la culture est présente sur l’exploitation ou si le recul est insuffisant.   

 

Comment est calculé la dose d’azote à apporter dans le plan de fumure ?

Il faut ensuite calculer la dose d'azote à apporter en utilisant la méthode du bilan :

  1. Besoins en azote de la culture agricole = (rendement prévu * azote absorbé/quintal) + reliquat azoté post-récolte après fermeture du bilan
  2. Fournitures en azote du sol = azote déjà absorbé + reliquats azotés + effet minéralisation + effet retournement prairie + effet résidus du précédent + effet CIPAN (cultures intermédiaires) + azote eau irrigation + effet d'apports de matières organiques
  3. Quantité d'azote totale à apporter = besoins en azote de la culture - fournitures en azote du sol. Les valeurs des paramètres agronomiques (abaques) sont fixées par les arrêtés régionaux. Des adaptations justifiées (analyses) sont possibles par exploitation. 

Enfin, il faut indiquer les types d'engrais prévus avec les doses pour chaque période d'apport prévu (fractionnement). 

Témoignage : Fertilisation azotée : « Nous arrivons à économiser 90 U/ha d’azote avec la modulation de dose en culture de colza dans la Vienne »

 

Peut-on dépasser la dose prévisionnelle d’azote calculée par le plan de fumure ?

En cas de dépassement de la dose totale prévisionnelle d'azote du plan de fumure, l’excès doit être justifié par des moyens appropriés. Concrètement, il faut utiliser un outil de pilotage de la fertilisation (N-testeur, Jubil….) pour prouver que la quantité d'azote absorbée par la culture est supérieure à celle qui était initialement prévue. 

Témoignage : Fertilisation azotée : « Sur mon exploitation dans le Cher, je module les apports en fonction des besoins de la culture et des conditions météo en fin de cycle » 

Si un accident cultural survient après le calcul de la dose, une description détaillée des événements (incluant la nature et la date) doit être consignée dans le cahier d'épandage. Les exploitants doivent également conserver tous les justificatifs (attestant de l’utilisation d’un outil de pilotage) en cas de contrôle.

 

Quels sont les outils disponibles pour réaliser un plan prévisionnel de fumure ?

Le plan prévisionnel de fumure sur Excel

Plusieurs solutions existent pour élaborer un plan prévisionnel de fumure conforme aux exigences règlementaires. Un simple fichier Excel peut convenir, à condition de mentionner toutes les informations nécessaires, de respecter la logique du bilan azoté et de justifier les calculs (référentiels…). 

Le plan prévisionnel de fumure via des logiciels de traçabilité

Les logiciels de traçabilité comme Mes P@rcelles, Geofolia, Smag… disposent d’un module plan prévisionnel de fumure paramétré avec les référentiels régionaux, qui permet d’avoir un calcul de dose d’azote automatique une fois les informations propres à l’exploitation agricole renseignées. Ils évitent à l’exploitant d’avoir à justifier chaque étape du calcul. 

Témoignage : « J'utilise un logiciel pour enregistrer mes pratiques mais aussi faire des vérifications réglementaires et économiques » 

Le plan prévisionnel de fumure via une prestation de service

Par ailleurs, les coopératives, chambres d’agriculture, entreprises de conseil proposent des prestations de service pour accompagner les exploitants dans la réalisation du plan de fumure chaque année.

 

Combien de temps faut-il conserver le plan prévisionnel de fumure ?

Le plan de fumure doit être conservé au moins pendant cinq ans.  Dans le cas de certification (HVE…) ou de contractualisation (MAEC…), il peut être demandé chaque année. En cas de contrôle conditionnalité PAC ou de la Police de l’eau, il est à fournir lors de la visite du contrôleur ou au préalable.   

Lire aussi : Contrôles PAC 2025 : comment y faire face le plus sereinement possible ?

 

Quel est le document obligatoire qui permet le suivi du plan prévisionnel de fumure ?

Le cahier d’épandage ou cahier d’enregistrement des pratiques (CEP) consigne les apports de fertilisants réalisés sur chaque parcelle. Il mentionne tous les apports de fertilisants réalisés avec pour chacun, le nom, la date d’épandage et la dose par hectare. En cas de dépassement de la dose préconisée, un justificatif doit être présenté. Le CEP doit être actualisé après chaque épandage de fertilisant azoté. Un délai de 30 jours maximum est recommandé.

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