Photovoltaïque : sécuriser son installation pour écarter les risques d’incendie
Quelles sont les mesures préventives à adopter de la conception à l’exploitation du bâtiment sur lequel sont implantés les panneaux photovoltaïques ?
Quelles sont les mesures préventives à adopter de la conception à l’exploitation du bâtiment sur lequel sont implantés les panneaux photovoltaïques ?

Selon Olivier Gaubert, responsable technique chez Pacifica, « Le risque de sinistre augmente de 30 % en présence de panneaux photovoltaïques sur bâtiment agricole ». Si Groupama ne constate pas un tel pourcentage, les deux assureurs s’accordent sur la nécessité de mettre en œuvre des mesures préventives pour réduire les risques et « préserver l’assurabilité », résume Olivier Gaubert. Autrement dit, si certains garde-fous ne sont pas mis en place, l’assureur pourrait appliquer une différenciation de tarif, limiter certaines garanties, voire, sur de grosses installations, refuser d’assurer le bâtiment.
Schéma des différentes mesures préventives à adopter à la conception du bâtiments avec panneaux photovoltaïques

Une conception préventive de l’installation
Il y a quelques années les assureurs demandaient une étude de solidité de la structure qui était onéreuse. Ils craignaient des installateurs peu fiables et des matériaux inadaptés. Désormais, ils se contentent de l’attestation d’assurance de responsabilité civile professionnelle et de la garantie décennale. « Reste à vérifier que la garantie décennale de l’installateur soit bien relative à l’activité photovoltaïque », alerte Olivier Pardessus de Groupama.
Bien sûr, l’installation doit prévoir un parafoudre (quelques centaines d’euros pose comprise) et un paratonnerre (environ 500 €) dans les régions sensibles, deux dispositifs distincts conçus pour protéger respectivement les équipements électriques et le bâtiment.
En outre, afin de limiter les propagations d’incendie, verticales et horizontales, des matériaux isolants, comme la laine de roche et de verre, sont préconisés entre chaque partie. À ce titre, il est également préconisé de bâtir à plus de 10 m des autres constructions, pour éviter la propagation.
Installer des optimiseurs de puissance entre les panneaux photovoltaïques
Par ailleurs, à titre secondaire, Pacifica recommande à ses clients d’installer des optimiseurs de puissance entre chaque panneau, qui agissent comme des régulateurs de la tension et de l’intensité du courant continu. En effet, les optimiseurs détectent les hausses de températures, de coupure de réseau et déclenchent des opérations de maintenance curative, en plus d’optimiser le rendement.
Groupama préconise également l’installation des panneaux en surimposition avec une lame d’air de 5 à 7 cm, sur un support incombustible de type bac acier simple peau. Un passage de 50 cm devrait être laissé pour la maintenance sur la toiture.
Quant aux câbles de courant continu, on évitera de les faire passer au milieu du bâtiment, pour éviter tout arc électrique et risque d’échauffement, encore plus en cas de stockage de fourrage.
Placer l’onduleur dans un local spécifique
L’onduleur devrait être fixé sur une paroi incombustible, dans un local ventilé, non exposé à la poussière, et à l’ombre. « Nous conseillons de placer l’onduleur à l’extérieur du bâtiment dans un local spécifique », avise Flore Cheverolle, responsable du pôle prévention des marchés spécialisés chez Pacifica.
Afin de vérifier tous ces points, une vérification électrique par un bureau contrôle technique agréé est conseillée, après la mise en service, en période de production optimale, afin de détecter les potentielles anomalies. Le contrôleur remet un rapport et un compte rendu de vérification des installations électriques par thermographie infrarouge, dit « Q19 ».
Dès les premières étapes du projet, il est intéressant de prendre contact avec son assureur. En effet, les principaux assureurs agricoles disposent de préventeurs, c’est-à-dire de techniciens spécialisés, qui ont un regard plus neutre sur la construction que celui des entrepreneurs.

Une occupation vigilante par l’exploitant
Pour les employeurs de main-d’œuvre, une vérification de l’installation électrique, dite « Q18 », doit être renouvelée tous les ans.
L’exploitant, utilisateur du bâtiment, doit éviter de garer des véhicules à moteur à proximité de matières inflammables et au moins de façon que leur pot d’échappement soit situé à l’opposé. La paille ou le foin stockés ne devraient pas toucher la structure ou la toiture du bâtiment, afin de faciliter la circulation de l’air pour réduire le risque d’échauffement.
Par ailleurs, une dératisation rigoureuse évite que l’installation soit pernicieusement endommagée dans des interstices non visibles.
Les travaux par point chaud, générateurs d’étincelles ou de surfaces chaudes, tels que la soudure, le découpage, le meulage, devraient être pratiqués de préférence en dehors du bâtiment équipé de panneaux. « Quand un tiers intervient dans le bâtiment, l’exploitant devrait lui remettre « permis de feu »* », prévient Flore Cheverolle.
Le local de l’onduleur et les armoires électriques doivent être fermés, pour réduire l’impact des chocs de matériel agricole qu’ils pourraient subir.
Enfin, afin de faciliter, la maîtrise des départs de feux, il faut prévoir un extincteur CO2 dans le local de l’onduleur et des extincteurs adaptés aux risques dans le bâtiment.
Un entretien au minimum annuel
Les assureurs et les normes applicables exigent une maintenance annuelle des panneaux qui permet d’identifier des défaillances avant qu’elles ne deviennent source de risque. La surveillance quotidienne de la production (par monitoring) permet aussi de dépister des anomalies. « Pensez aussi à changer les parafoudres, qui ont pris la foudre », rappelle Olivier Pardessus de Groupama.
Origines des incendies sur bâtiments agricoles

- Travaux par points chauds (soudure, découpage, meulage…)
- Défaillance de l’installation électrique
- Mise en surtension, arc électrique
- Court-circuit de véhicule terrestre à moteur
- Échauffement de fourrages
- Défaillance des panneaux photovoltaïques
- Vandalisme
- Dégradation de rongeurs ou d’oiseaux
Faciliter l’intervention des secours
Le registre de sécurité doit contenir au minimum le schéma électrique de l’installation photovoltaïque, les procédures d’intervention, les consignes de sécurité et un plan d’implantation. Ce plan, à remettre aux secours dès leur arrivée, identifie la position des coupures du courant alternatif (AC) et du courant continu (DC), les cheminements des câbles et les composants photovoltaïques.