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Minimiser les charges opérationnelles grâce à la précision

Sur sa ferme aux potentiels limités, David Vincent compte sur la modulation pour réduire encore davantage ses charges. L’année 2016 était déficitaire, 2017 ne sera peut-être pas bien meilleure. En attendant de pouvoir réinvestir, il s’appuie sur ses calculs et ses outils.

Les cartes de rendement que David Vincent récupère sur sa moiss’batt’ sont au cœur de sa stratégie de réduction des intrants.
© V. Noël

Ses terres sont hétérogènes, David Vincent le sait bien. Mais en 2017, les différences sont plus marquées que jamais. « Nous avons eu une année atypique, avec du temps sec à l’automne et en hiver, de la sécheresse en mai et juin, et quelques pluies en juillet. En bonnes terres, je n’ai pas eu de souci. Mais les rendements ont suivi les potentiels et j’ai fait des résultats décourageants dans les petites terres. » En blé dur par exemple, principale culture de l’exploitation, la moyenne de 43 q/ha cache une large fourchette de rendements comprise entre 36 et 52 q/ha.

Moduler, de l’herbicide de pré-semis jusqu’au dernier apport d’engrais

Pour David Vincent, la modulation des doses d’un maximum d’intrants va contribuer à sauver sa marge. « Sur une parcelle de blé dur de 10 hectares avec précédent pois, la modulation me permet d’économiser 80 euros/ha, calcule-t-il. À l’échelle de la ferme, cela me fait quasiment 8000 euros d’économie sur céréales à paille. Sans être miraculeux, c’est intéressant. » Sur les engrais de fond P et K, il a recalculé ses apports en s’appuyant sur son zonage Defisol et ses cartes de rendement. À la clé, un coût divisé par deux par rapport aux préconisations de son logiciel Agrimap. Toujours grâce à ses cartes de rendement, l’exploitant a également modulé ses doses de semences. Les photos satellites fournies par le service SatRepère de sa coop, Arterris, lui ont permis de n’apporter à montaison qu’un tiers de la dose d’ammonitrate préconisée. L’agriculteur a même ajusté sa dose de glyphosate en présemis selon le niveau de végétation. Ces adaptations seraient impossibles sans un matériel adéquat (outils isobus compatibles entre eux, rampe avec coupure de tronçon…)… qui a un coût : David Vincent compte 200 euros/ha hors irrigation de charges de mécanisation en incluant la main-d’œuvre. Mais c’est un choix. « J’ai environ huit heures de travail pour réaliser les cartes de préconisation pour toute l’exploitation, ce n’est pas tant que cela », ajoute-t-il.

90 000 euros de pertes sur les deux dernières récoltes

Reste que l’agriculteur doit encore digérer ses pertes, 55 000 euros en 2015 et 35 000 euros supplémentaires en 2016. « C’est 20 000 euros de salaire que je n’ai pas prélevés, mais il reste 15 000 euros de pertes, liées au retournement des marchés en blé dur et à l’impact financier des retards de versement des aides PAC. » Effective en février 2017, l’année blanche que les banques lui ont accordée ne se verra que dans les comptes 2018. Pour cette récolte, l’agriculteur ne sait pas encore ce qui l’attend, puisqu’il ne stocke pas et vend toute sa production en prix de campagne à sa coop. Mais il est à la recherche d’optimisations. Parmi celles-ci : le partage de matériel. Il s’est inscrit sur Wefarmup, site qui va lui permettre de louer ses cueilleurs à maïs. « J’ai créé une banque de travail avec mon frère installé à 25 km, indique-t-il par ailleurs. J’ai renouvelé mon épareuse tandis que lui achetait une déchiqueteuse, dont je me suis servi quatre ou cinq jours. »

Aujourd’hui, David Vincent voit l’avenir aussi hors de son exploitation. Il se sentirait prêt à lancer une activité de consultant pour expliquer sa méthode de gestion basée sur de l’analyse fonctionnelle qui l’aide à réduire ses coûts. Il ne lui reste plus qu’à sonder l’ampleur de la demande pour de telles prestations. À suivre.

Continuer de maîtriser la moisson

Avec 220 ha seulement, David Vincent a bien conscience qu’il pourrait se passer de sa moissonneuse-batteuse et déléguer la récolte à un tiers. « Mais faire faire la récolte, c’est 50 % de la collecte de données qui s’en va, estime-t-il. La moiss’-batt’ est le principal outil d’acquisition de données sur la ferme, puisqu’il fournit le résultat de tout ce qui a été fait dans l’année. Or une partie du travail est réalisé par le chauffeur, qui vérifie ponctuellement les rendements sur certaines zones, par exemple… Ce sont autant d’éléments qui permettent les ajustements ultérieurs. » David Vincent ne serait en revanche pas contre partager sa machine. Mais il n’a pas encore trouvé de voisins intéressés par une mise en commun de matériel.

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