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Colza
LES VIRUS AVANCENT MASQUÉS

Sur colza, les virus sont discrets mais pour autant omniprésents. Leur impact sur le rendement est indéniable. Les pucerons vecteurs de ces virus méritent que l’on s’occupe de leurs cas.

Et si le plafonnement des rendements du colza en France venait des virus ? Les viroses sur colza sont connues depuis belle lurette mais les moyens de lutte n’évoluent pas depuis les années 90. Pourtant, certaines parcelles d’essais ont montré des impacts sur le rendement pouvant se chiffrer à 10 quintaux à l’hectare. « Le plus souvent, l’incidence des viroses se limite à 2-4 quintaux à l’hectare », tempère Julien Charbonnaud, ingénieur Cetiom en région Centre. La difficulté avec les viroses, c’est qu’ils ne génèrent quasiment pas de symptômes. « Il est difficile d’avoir une bonne appréciation du risque en temps réel, confirme Didier Chollet, du Cetiom en région Rhône- Alpes. Il n’y a rien de très visuel mais, à l’arrivée, les impacts ne sont pas négligeables sur les rendements. »

UN INSECTICIDE SINON RIEN

Et, sur la base des études réalisées notamment à la fin des années 90, la présence de viroses est généralisée dans les grandes régions de production de colza en France avec un virus dominant, celui de la jaunisse du navet (TuYV, « Turnip Yellow Virus »). Que faire contre ces virus? La lutte insecticide contre leurs vecteurs que sont les pucerons semble la seule alternative. Le principal responsable de la transmission des virus du colza est le puceron vert du pêcher (Myzus persicae). Les pucerons cendrés sont également désignés comme porteurs des virus. « Chaque plant de colza porteur d’un seul de ces pucerons est potentiellement virosé. La règle est d’intervenir si plus de 20 % des plantes sont porteuses d’au moins un puceron. Ce seuil est à appliquer dans les six semaines qui suivent la levée du colza, précise Yannick Ballanger, du Cetiom. Après cette période, il devient non rentable d’appliquer un insecticide, sauf si l’on est en présence de fortes pullulations. » Les pucerons verts sont résistants à l’ensemble des pyréthrinoïdes parmi les insecticides, ce qui limite considérablement le choix des produits(1). « L’utilisation à pleine dose de Pirimor G (pyrimicarbe) qui est un aphicide (anti-pucerons) strict est la meilleure des solutions, recommande Julien Charbonnaud. Nous le préférons au produit Karaté K qui associe le pyrimicarbe à la lambda-cyhalothrine (pyréthrinoïde) mais qui est trop peu dosé en pyrimicarbe. En plus, la pyréthrinoïde qui lui est associée, peut avoir pour effet de détruire les auxiliaires dont le rôle est important contre les pucerons. »

DEUX MOLÉCULES

Pour Syngenta Agro, Sébastien Vautrin met en avant « la bonne rémanence de la lambdacyhalothrine qui est de deux à trois semaines. Ces deux molécules sont intéressantes dans le même produit contre des pucerons dont les populations ne sont jamais totalement résistantes aux pyréthrinoïdes », affirme-t-il. Les insecticides peuvent être appliqués pour lutter conjointement contre d’autres ravageurs que les pucerons, comme les altises par exemple à l’automne. Mais le positionnement optimal du traitement n’est pas forcément le même entre les différents ravageurs.

UN GÉNOTYPE RÉSISTANT

La sensibilité des variétés de colza aux différents virus n’a pas été testée en France ni ailleurs en Europe. Pour autant, des chercheurs allemands ont isolé un génotype variétal résistant au TuYV. Le croisement avec trois variétés sensibles a permis d’obtenir une descendance dont une partie des plantes se montraient complètement résistantes au virus. Il existe donc une résistance génétique au TuYV transmissible à des variétés de colza avec les techniques modernes de marquage moléculaire. À base d’imidaclopride, de thiamethoxam ou de clothianidine, des traitements de semences insecticides sont utilisés à profit, semble-t-il, là où ils sont autorisés sur colza comme en Allemagne, en Angleterre… Ces spécialités permettent une baisse significative d’infestation par le virus TuYV sur les colzas traités, sans pour autant éradiquer la maladie. « Si elle est efficace contre les pucerons à l’automne, la protection des semences n’agit plus contre les pucerons présents lors des hivers doux ou au printemps », analysent des chercheurs britanniques(2).

LES HUILES EN QUESTION

Autre technique possible, sur les pommes de terre pour la production de plants, des huiles minérales sont utilisées pour limiter la transmission de virus par les pucerons. Spécialiste des virus à l’Inra, Camille Kerlan se pose la question de la transposition de la technique sur colza. « Mais ces huiles peuvent avoir des effets phytotoxiques sur les plantes », reconnaît le chercheur. La technique n’est pas homologuée sur colza et, en production de plants de pommes de terre, plusieurs applications d’huile sont nécessaires tous les sept à dix jours pour être efficaces. Pas sûr qu’en colza, le jeu en vaudrait la chandelle.
Christian Gloria
(1) Enduro est également une solution anti-pucerons associant une pyréthrinoïde à une molécule d’une autre famille. Mais il sera interdit d’utilisation après le 20 novembre 2008.
(2) Research Review N° 69, June 2008, HGCA (www-dev.hgca.com)

Trois virus et des pucerons
Trois virus sont décelés sur le colza : le virus de la jaunisse du navet (TuYV ou BMYV), le virus de la mosaïque du navet (TuMV) et celui de la mosaïque du chou-fleur (CaMV).
! Le TuYV est le plus courant d’entre eux et, en même temps, le moins préjudiciable (1 à 3 q/ha). Avec peu de symptômes visibles, il passe généralement inaperçu. Mais des analyses de plants de colza menées en 1998 montraient que le virus était présent dans 95% des 186 parcelles étudiées en France.
! Les deux autres virus sont beaucoup moins fréquents mais ont un impact très fort, jusqu’à 50 % de baisse de rendement selon le Cetiom, avec des symptômes visibles (déformations de tiges et feuilles, mosaïques, nécroses, rabougrissements…).
Ces virus sont véhiculés par quelques espèces de pucerons : principalement le puceron vert du pêcher et secondairement le puceron cendré du chou (Brevicoryne brassicae). Ce dernier peut passer sans encombre un hiver pas trop rude. Ce n’est pas le cas pour le puceron vert, plus sensible au froid.

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