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Les variétés au secours du traitement de semences contre la JNO

L’offre en variétés d’orges tolérantes au virus de la jaunisse nanisante de l'orge (JNO) commence à se développer. Elle pallie la prochaine disparition des traitements de semences insecticides à base de néonicotinoïdes.

L’utilisation de variétés d’orges tolérantes à la JNO devient la méthode de lutte la plus efficace contre ce virus transmis par des pucerons.
© V. Marmuse

Les néonicotinoïdes vivent vraisemblablement leurs derniers mois en traitement de semences. Les États membres de l’Union européenne ont voté l’interdiction de trois d’entre eux le 27 avril, dont l’imidaclopride qui concerne les traitements de semences en céréales à paille. La loi française pour la reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 avait déjà inscrit leur interdiction à compter du 1er septembre 2018. Il y a encore l’espoir d’une dérogation pour certains usages jusqu’en juillet 2020 mais un avis récent de l’Anses met en avant les différentes alternatives à l’utilisation de ce type de traitement de semences insecticides en céréales qui vise surtout les pucerons et cicadelles vecteurs de virus(1).

Parmi ces solutions, il y a le recours aux variétés d’orges tolérantes au virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), maladie transmise par des pucerons. « Cette tolérance génétique agit sur le virus lui-même en empêchant sa multiplication dans la plante. Mais elle n’a aucun effet sur les insectes piqueurs-suceurs que sont les pucerons », rappelle Isabelle Chaillet, Arvalis.

Trois nouvelles orges contre la JNO dont une variété brassicole

Jusqu’à cette campagne, seules trois variétés d’orges d’hiver présentaient cette tolérance à la JNO : Amistar, Domino et Rafaela. Aucune d’entre elles n’est brassicole. « Nous aurons trois nouvelles inscriptions disponibles pour les prochains semis, annonce Isabelle Chaillet. Il s’agit des variétés Hexagon (obtention DSV), KWS Borrelly (KWS) et Margaux (Unisigma). Cette dernière est la seule inscrite en qualité brassicole et elle est en cours de validation technologique par le CBMO(2). » Toutes ces variétés sont commercialisées par Semences de France.

Le nombre de variétés tolérantes à la JNO double donc pour les prochains semis avec une ouverture sur le débouché brassicole. « Mais il n’y aura pas pléthore de semences pour ces nouveautés lors de leur première année de lancement », prévient la spécialiste d’Arvalis. Pour autant, les surfaces de multiplication des escourgeons tolérants à la JNO dépassent les 10 % pour la production des semences certifiées et de multiples autres variétés sont en cours d’inscription. Pour les orges au moins, la réponse génétique à la lutte contre la JNO est au rendez-vous. Ce n’est pas le cas pour le blé tendre, mais il est beaucoup moins touché par cette maladie.

Les insecticides foliaires restent autorisés contre les pucerons à l’automne

Il existe d’autres alternatives à la lutte contre la JNO comme retarder les dates de semis de façon à réduire le temps de présence des pucerons sur les céréales et de la transmission des viroses. « Un semis retardé au 15-20 octobre ne supprime pas le risque malgré tout. Tout dépend des conditions climatiques qui suivent », souligne Isabelle Chaillet. Si les températures s’avèrent douces en novembre et décembre comme cela s’est vu en 2015, il pourra y avoir une forte infestation en JNO.

Les insecticides foliaires, eux, restent autorisés à l’usage sur céréales à l’automne contre les pucerons et autres cicadelles. Ils sont surtout à base de pyréthrinoïdes et sont à appliquer en fonction de la présence de ces ravageurs. Arvalis conseille un premier traitement insecticide quand 10 % des plantes portent au moins un puceron ou quand leur présence se prolonge sur la culture plus de dix jours. La persistance d’action des produits est limitée : pas plus de quinze jours. Une nouvelle application peut être nécessaire en cas de présence prolongée de pucerons avec des conditions automnales favorables et aussi pour protéger les nouvelles feuilles émergentes.

Jusqu’à récemment, les deux tiers des semences certifiées d’orges d’hiver étaient protégées avec de l’imidaclopride (un tiers en blé tendre environ). Mais avec l’absence programmée des traitements de semences insecticides à base de ce néonicotinoïde, l’utilisation en orges de variétés tolérantes devient la méthode la plus efficace et pertinente pour lutter contre la JNO.

(1) Il existe d’autres traitements de semences insecticides sans néonicotinoïdes visant d’autres ravageurs que les pucerons (taupins, mouche grise…).
(2) Comité des orges de la brasserie et de la malterie.

De nouvelles compositions en traitement fongicide de semences 

« Le traitement fongicide des semences est incontournable. Et en plus, il est efficace et il y a des nouveautés », annonce Nathalie Robin, spécialiste des traitements de semences chez Arvalis. Plusieurs produits sont proposés pour protéger les céréales de la carie, de charbons, de fusarioses, du piétin échaudage, de l’helminthosporiose… Parmi les matières actives fongicides, le fludioxonil est tombé dans le domaine public, ce qui a généré l’arrivée de quelques nouvelles spécialités. La dernière en date est Celest Power (Syngenta), composé de fludioxonil et de sédaxane. « Cette composition renforce le produit classique Celest Net, vis-à-vis de la carie », précise Nathalie Robin. « Celest Power est utilisable sur toutes les céréales à paille et vise les champignons causant des fontes de semis, les maladies charbonneuses (carie, charbons) et celles affectant le système racinaire (rhizoctone) », communique Syngenta. Pour les semis 2017 déjà, deux nouvelles spécialités commercialisées par Certis à base de fludioxonil avaient été mises sur le marché : Negev comportant du tébuconazole en plus et Difend Extra contenant du difénoconazole.

Les biostimulants peu présents

L’entrée des biostimulants est timide en enrobage des semences. S'ils commencent à exister pour le maïs ou la pomme de terre, ils sont quasiment inexistants pour les céréales à paille. « Ces applications peuvent apporter des bactéries symbiotiques ou des mycorhizes mais il faut constater que les cultures en France sont bien implantées, dans des terrains bien préparés et fertilisés. Dans ces conditions, ce genre de produit ne peut pas permettre un gain de rendement significatif », remarque Laurent Largant, de l’Afaia qui réunit des producteurs de biostimulants. En revanche, des produits sont en cours de test pour leurs actions de biocontrôle sur certains organismes nuisibles du sol.

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