FONGICIDES CÉRÉALES
Les molécules SDHI transforment l'essai
La première année de commercialisation des
SDHI de nouvelle génération confirme le haut niveau de performance
sur les maladies foliaires des céréales, en particulier sur la septoriose.
Fluxapyroxad de BASF et bixafen de Bayer : les nouveaux SDHI confirment tout le bien que l’on pensait d’eux. Ces inhibiteurs de la succinate déshydrogénase entrent dans la composition de fongicides mis sur le marché en 2012. Les produits de Bayer CropScience et de BASF Agro sortent gagnant de l’épreuve du terrain, après les espoirs suscités dans les expérimentations passées. Qui plus est, l’année 2012 s’est caractérisée par une forte pression septoriose qui a permis de bien tester les limites des fongicides. Les essais Produits d’Arvalis, qui sont réalisés sur un seul traitement au stade dernière feuille pointante à gonflement, soumettent les spécialités à des conditions sévères de maladies.
DEUX NOUVEAUTÉS DE CHOIX
Dans ce contexte, parmi les nouveautés 2012, le produit phare de BASF, Adexar, se comporte très bien, autant pour son efficacité sur la septoriose que son effet sur le rendement. L’autre nouveauté à base de SDHI, Aviator Xpro de Bayer, donne également de bons résultats. Mais Arvalis note « un avantage à Adexar à coûts équivalents des deux produits en 2012 ». L’institut technique attribue cette différence nette à des conditions difficiles où les différences intrinsèques entre produits apparaissent de façon criante.Avec les produits utilisés en programme plus proche des pratiques de terrain, les conclusions sont différentes. « Dans les essais du réseau Performance (chambres d’agriculture, Ceta, distribution, firmes), les programmes Cherokee puis Aviator Xpro (0,6) donnent des résultats similaires aux programmes Cherokee puis Adexar (0,8) pour un coût identique », note l’institut technique.
NE PAS NÉGLIGER LE BOSCALID
En conclusion, sur les nouveautés à base de SDHI, on peut dire que les produits ne déçoivent pas sur leurs performances sur septoriose et qu’ils se démarquent par rapport à des spécialités utilisées en solo ne contenant ni le fluxapyroxad, ni le bixafen.Des projets de Bayer, de BASF et aussi de Syngenta et DuPont intégrant de nouvelles molécules SDHI n’arriveront finalement pas avant 2014. Chez les futurs fongicides de BASF notamment, les résultats sont prometteurs. La société leader en fongicides céréales a lancé la commercialisation d’autres spécialités, Bell Star et Viverda, à base de son SDHI « historique », le boscalid. Ces produits sont loin d’être ridicules. Si les efficacités antiseptorioses apparaissent en retrait par rapport à Adexar, les effets sur les rendements sont très intéressants. Arvalis compare les deux produits contenant de l’époxiconazole en plus du boscalid aux autres spécialités à base de ce triazole. « Ces solutions donnent en tendance des résultats de rendement un peu supérieurs à ce que laissent attendre les efficacités observées. Bell Star à 1 litre/hectare apparaît moins efficace (66 %) qu’une pleine dose d’Opus New (1,5 l/ha) mais conduit au même rendement. » Dans Viverda, il y a une strobilurine (pyraclostrobine) en plus par rapport à Bell Star mais cela n’apporte aucun effet majeur sur septoriose.
RAPPORT QUALITE / PRIX
Quant aux triazoles, le produit Osiris Win apparaît comme la nouvelle référence avec sa composition en époxiconazole + metconazole. Opus New fait jeu égal à dose égale. Mais 1,5 litre/hectare constitue une pleine dose pour Opus New et une demi-dose pour Osiris Win d’où un prix plus élevé : 50 euros contre 36 euros. Le rapport qualité prix d’Osiris Win est excellent, associé à un IFT avantageux. L’association de prochloraze (Pyros EW) avec un triazole (Opus New ou Osiris Win) montre toujours un intérêt majeur dans le contrôle de la septoriose. Le mélange Opus New (1,2 l/ha) + Pyros EW (0,7 l/ha) apporte une efficacité et un rendement significativement supérieurs à Opus New à pleine dose pour un coût similaire des deux solutions, de l’ordre de 50 euros/hectare. Mais le mélange Osiris Win (1,25 l) + Pyros (0,7 l) présente une efficacité tout aussi intéressante pour un coût moindre de 42 euros/hectare. Mieux : l’association d’Osiris Win avec Bravo (chlorothalonil) présente des résultats encore meilleurs surtout en rendement. Malheureusement, ce mélange est toujours interdit malgré la demande insistante de BASF pour le faire autoriser par les instances officielles.
Sur rouille brune, les nouveaux produits à base de SDHI ne sont pas convaincants, selon Arvalis. Que ce soient Aviator Xpro et Adexar, les deux spécialités se situent en retrait en efficacité et rendement sur les situations fortement infestées en rouille brune par rapport à la référence Opus New.
SDHI MOINS CONVAINCANTS SUR ROUILLES
Contre cette maladie, les strobilurines constituent toujours une solution de lutte très efficace. Les fongicides contenant ce type de molécules, notamment la pyraclostrobine dans Viverda et le projet BAS 702F, montrent un niveau d’efficacité élevé. « Mais les strobilurines ne sont pas toujours indispensables », note Arvalis. En effet, on en revient aux produits à base de triazoles seuls, Opus New et Osiris Win, qui se situent en tête des performances dans les essais rouille brune. « Osiris Win s’affirme comme une solution sans strobilurine, ni SDHI, de tout premier plan sur rouille brune et d’un très bon rapport qualité prix », conclut l’institut technique.
La présence de la rouille jaune a été très remarquée en 2011-2012, avec le développement d’une nouvelle race notamment. Du côté des fongicides, beaucoup de spécialités montrent de fortes efficacités : Opus New à pleine dose arrive en tête. Mais si l’on prend en compte la réponse rendement, le classement diffère avec Bell Star (1,6 l/ha) nettement devant. Contre la rouille jaune, la résistance variétale est un bon moyen économique de lutte. Les fongicides ne peuvent pas tout faire.