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Désherbage des céréales
LES GRAMINÉES RÉSISTENT… MAIS QUE FAIT LA CHIMIE ?

La chimie, elle fait ce qu’elle peut... Contre les graminées, les agriculteurs peuvent compter sur l’efficacité des herbicides dans de bonnes conditions d’emploi mais aussi sur des alternatives agronomiques tout aussi efficaces.

Les dernières études le confirment. La résistance à des herbicides des deux graminées majeures, le vulpin et le ray-grass, est bien installée en France.Avec la mobilisation de 43 coopératives et le soutien de trois firmes phytosanitaires (DuPont,Dow Agrosciences, Syngenta), les travaux du Group’HD(1) livrent une première cartographie nationale de ces résistances. « Premier enseignement de cet état des lieux : aucune région n’est épargnée pour celles où des échantillons ont été prélevés. La présence de cas de résistance ou de dérive de sensibilités à un herbicide de la famille des fops et dimes et de celle des sulfonylurées touche toutes les zones échantillonnées, informe Nathalie Senesse, animatrice InVivo du Group’HD. Mais on compte encore beaucoup de populations de graminées sensibles aux herbicides testés », rassure-t-elle. Tout n’est pas perdu. La société Bayer CropScience fait à peu près le même constat avec ses propres études de terrain(2). Des populations de vulpins, ray-grass et folles avoines résistantes aux anti-graminées foliaires de la famille des fops et dimes sont connues depuis plus de dix ans. « Il y a un peu plus de cas de résistance aux produits de la gamme Puma (fenoxaprop-P éthyl) qu’au Celio (clodinafop) », relève Jacques Gasquez, spécialiste de la physiologie des adventices à l’Inra de Dijon. L’an dernier, la résistance de vulpins et ray-grass aux sulfonylurées avait été confirmée par des analyses. « Nous sommes au début de la phase exponentielle du développement de ces résistances », prétend Jacques Gasquez. Il est vrai que les sulfonylurées de DuPont et surtout de Bayer CropScience ont atteint un niveau d’utilisation très élevé, propice à la sélection de populations résistantes même si les agriculteurs ne peuvent plus réaliser qu’une seule application par campagne avec cette famille d’anti-graminées. Pour les firmes, la préoccupation majeure est de préserver l’efficacité du désherbage dans la durée, c’est-à-dire sur plusieurs années encore. Et cela passe par le bon usage de ces herbicides associé à des pratiques culturales adaptées.

UNE FACTURE HERBICIDE QUI ENFLE
Plus que jamais, il faut jouer la carte de l’utilisation d’autres familles chimiques d’herbicides contre les graminées sur céréales et sur les autres cultures dans le cadre de la rotation. Ces alternatives sont parfois coûteuses pour l’agriculteur. Les charges en matière de traitements herbicides sont en constante augmentation — la moyenne se situerait entre 50 et 60 euros sur céréales — et on voit bien que la simple présence de graminées résistantes a pour effet d’enfler la note comme le traduisent les deux reportages en Eure-et-Loir de ce dossier. Nous n’en sommes pas encore à la situation britannique où, en monoculture de céréales, le coût herbicide est en moyenne de 150 euros/hectare. Les Anglais sont allés jusqu’à sélectionner des populations de graminées résistantes aux urées substituées (isoproturon, chlortoluron). En France, ce phénomène n’a pas été constaté. Les alternatives à la lutte chimique apportent de multiples solutions de lutte efficaces contre les adventices. Un simple labour peut diviser par dix une population de vulpins. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’efficacité souvent insoupçonnée de pratiques agronomiques bien menées. Ce n’est pas encore la catastrophe annoncée.
Christian Gloria
(1) Groupe Herbicides durables mis en place par le réseau InVivo Agrofournitures.
(2) Voir Réussir Céréales Grandes Cultures, n° 206, pages 38-40.

AVIS D'EXPERT

Jacques Gasquez, UMR Biologie et gestion des adventices, Inra de Dijon
« La résistance au glyphosate est largement amorcée »

« Quelques cas de raygrass résistants au glyphosate ont été recensés dans les vignobles en France(1) mais il y en a sans doute plus. Une fois que l’on a trouvé un cas de résistance, il est normal d’en trouver d’autres dans la foulée. On a mis le doigt sur des développements dynamiques que l’on peut présager etmodéliser. La résistance au glyphosate est largement amorcée. Dans les situations de grande culture, l’herbicide est largement utilisé en interculture. Mais, comme le sol est souvent travaillé derrière les traitements, les résistances ne sont pas discernables si elles existent. En Australie, c’est pourtant sur des pratiques de faux-semis chimiques suivies de semis directs que les populations de ray-grass résistants au glyphosate se sont développées. »
(1) Voir Réussir Vigne n° 137, janvier 2008, page 25.

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