Aller au contenu principal

Protection des cours d´eau et sols
Les bandes enherbées contre pollution et érosion

Avec la réforme de la Pac, les bandes enherbées sont au devant de la scène. Leur mise en place vise à protéger les cours d´eau de la pollution par les produits d´épandage et de traitement, mais aussi à freiner l´érosion des sols.


Les bandes enherbées font partie des dispositifs contribuant à réduire les risques de pollution de l´environnement, à diminuer l´érosion des sols et à apporter un semblant de biodiversité dans le paysage agricole. Déjà reprises dans diverses exploitations, les bandes enherbées vont être rendues obligatoires au travers de la réforme de la Pac.

Rétention des matières actives contenues dans les eaux de ruissellement
Des essais menés par Arvalis-Institut du végétal ont démontré qu´une bande enherbée de six mètres de large avait une efficacité de 60 % sur les volumes d´eau de ruissellement, ce qui permet de retenir 85 à 90 % des matières actives contenues dans ces eaux. Sur les produits appliqués « en amont » de la zone enherbée, l´efficacité de rétention d´une bande de douze mètres de large dépasse les 80 % aussi bien pour les nitrates, que les molécules phytosanitaires et les micro-particules solides.
Contre le ruissellement sur la parcelle, la bande agit de plusieurs manières. Elle a d´abord un effet de sédimentation et de filtration. « La rugosité de l´herbe ralentit l´eau qui dépose ses éléments terreux, les plus gros puis les plus fins », explique Dominique Soltner, dans son ouvrage consacré entièrement aux bandes enherbées(1).

Les substances organiques et de synthèse provenant des épandages ou des pulvérisations sont fixées par les débris végétaux et l´humus superficiels. C´est là que la bande enherbée joue à plein son rôle anti-érosif. Le système racinaire des graminées de la bande enherbée favorise la perméabilité du sol. L´activité biologique y est forte. Les résidus organiques et les produits de synthèse y sont dégradés. La bande enherbée remplit ici, sa fonction de lutte contre la pollution.
Si tant est qu´elle soit suffisamment large, la bande enherbée fait office de réceptacle pour les produits phytosanitaires pulvérisés qui sont sujets à la dérive produite par le vent. Ces produits ne risquent pas d´arriver directement dans le cours d´eau.
La zone de végétation non travaillée représente, en plus, un vivier important pour la faune sauvage : vers de terre, insectes auxiliaires, petit gibier.
L´Inao reconnaît que l´irrigation n´est pas incompatible avec la notion de terroir. ©D. R.


Localiser les bandes de façon pertinente
Les bords de cours d´eau, de fossés ou de chenaux sont à privilégier pour la mise en place de dispositifs enherbés. Dans les situations de parcelles en pente, le ruissellement est important et peut avoir un effet destructeur. Les bandes enherbées seront localisées de façon pertinente pour juguler la force du ruissellement : en aval des parcelles, dans l´angle des champs lorsque le ruissellement s´y concentre, à l´intérieur même des parcelles quand celles-ci sont grandes pour couper la vitesse de ruissellement, en fond de vallon où peuvent se créer des ornières. Les bandes seront d´autant plus larges que les conditions sont plus érosives, que la pluviométrie de la région peut se montrer forte et brutale (dans le Midi par exemple), que la pente est forte, que la surface de la parcelle en amont est grande.


La préférence aux graminées pour les semis
L´efficacité de la bande enherbée dépend de la qualité de son implantation et de l´entretien. Généralement, les graminées apportent satisfaction. « Dans notre région, nous privilégions les graminées de longue durée telles que les fétuques, ray-grass anglais, fléoles, dactyles. conseille Dominique Descoureaux, conseillère à la Chambre d´agriculture du Loir-et-Cher. Une fois installée, on est tranquille pour la pérennité. Nous déconseillons les légumineuses en bord de cours d´eau. A côté de bois ou de haies, on peut rechercher un rôle de biodiversité pour la bande enherbée. Dans ce cas, on peut choisir des mélanges de plusieurs espèces avec un pouvoir grainier important pour servir de source de nourriture à la faune sauvage. »

Un broyage chaque automne après l´implantation
« Fin d´été, début d´automne sont les périodes idéales pour ensemencer les bandes, recommande la Chambre d´agriculture de la région Centre dans une plaquette(2). Les graines seront semées à un centimètre maxi sur un sol rappuyé. Un semoir classique suffit pour semer de 15 à 25 kilos/hectare selon l´espèce. Ensuite, le passage d´un rouleau est nécessaire pour assurer une levée rapide et homogène. En détruisant les mottes, il doit freiner le développement des limaces. Le couvert limitera l´érosion hivernale et, pour ce faire, les plantes doivent atteindre trois à quatre feuilles avant les gelées. » La Chambre d´agriculture de la région Centre a estimé le coût d´implantation d´une bande enherbée à
100 euros l´hectare avec l´achat de semences, le travail du sol et le semis.

L´entretien revient à 30 euros l´hectare. « Il consiste en une fauche précoce de nettoyage au premier printemps, conseille la Chambre d´agriculture. Les années suivantes, il faut assurer au minimum une coupe ou un broyage chaque automne. » Pour ces entretiens, la période de nidification des oiseaux sera évitée. En même temps, la fauche ou le broyage doit intervenir avant la montée à graine d´adventices indésirables (particulièrement les chardons et les rumex). Compte-tenu du rôle « purificateur » de la bande enherbée, l´application de désherbants et de fertilisants est à éviter. Dans certains cahiers des charges, elle est même interdite.

(1) « Bandes enherbées et autres dispositifs bocagers », de Dominique Soltner, éditions Sciences et techniques agricoles.
(2) « Des bandes enherbées pour préserver la qualité des eaux », Chambre régionale d´agriculture du Centre.

Les plus lus

<em class="placeholder">Moisson des orges dans les plaines céréalières de la Marne. </em>
Moisson 2025 : de très bons résultats en orges, prometteurs sur les premiers blés et colzas

La récolte des cultures d’hiver s’annonce à ce jour très positive avec des rendements élevés et une bonne qualité des grains.…

Échange paille-fumier : comment définir les modalités entre éleveurs et céréaliers ?

L’échange paille-fumier est une pratique courante entre éleveurs et céréaliers sur le territoire. Des outils existent pour…

<em class="placeholder">Desséchement précoce des feuilles du bas des plantes dans une parcelle de maïs.</em>
Canicule et sécheresse : quelles conséquences sur le maïs ?

Du nord au sud, la canicule frappe la France avec des températures qui dépassent localement les 35 degrés. Les parcelles de…

<em class="placeholder">Les agronomes Marcelo Arriola et Andrés Madias sont chercheurs au sein de l’association argentine des producteurs en semis direct (AAPRESID).
Marcos Sincovich et Edgardo ...</em>
Argentine : pourquoi le travail du sol fait un retour en force dans le pays ?
Les céréaliers d’Argentine réintroduisent du travail du sol en système semis direct. Ce retour au binage est leur seule façon de…
Parcelles avec accident de culture
Telepac 2025 : mode d'emploi pour faire valoir son droit à l’erreur

Accident de culture, oubli d’une aide couplée, changement d’écorégime…, le droit à l’erreur permet de modifier sa déclaration…

calculatrice
Bail rural - indice des fermages 2025 en hausse de 0,42%  : calculer son nouveau montant de fermage

L’indice national des fermages 2025-2026 est annoncé à 123,06 soit une augmentation de 0,42 %, par rapport à 2024-…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures