Aller au contenu principal

Produits phyto et régulateurs
Les adjuvants multiplient les associations

Qu´il s´agisse d´huiles ou de mouillants, les adjuvants sont toujours utilisés en large partie avec les herbicides. Mais ils montrent leur intérêt avec d´autres spécialités.


Anti-graminées foliaires, herbicides betteraves, désherbants non-sélectifs. les adjuvants de produits phytosanitaires sont utilisés en majorité avec des herbicides et ce, depuis des lustres. Leur utilisation s´étend à d´autres catégories de produits.

Association régulateur-mouillant
Les régulateurs de croissance sont déjà bien concernés. Avec ce type de produit, l´emploi de quelques mouillants est autorisé : Li700 (Elton) de la société Agridyne et, récemment, Surf 2000 (Surfagri), Héliosol/Mediator Sun (Samabiol/Nufarm), Rosemox (Optimagro) et Trader Pro (CCL).
Li700 occupe une bonne partie du marché. avec Agral 90 (Syngenta), qui n´a pourtant pas d´homologation avec les raccourcisseurs(1). Sur colza, le régulateur Parlay C est associé quasi systématiquement avec Agral 90. Ce mouillant garde une bonne réputation auprès des agriculteurs. Il s´utilise à faible dose : 0,1 l pour 100 l et il coûte moins de 2 euros par ha. Sur ce créneau, il n´a pas de concurrent. Sur le plan éco-toxicologique, il n´est pas irréprochable. Agral 90 est composé de molécules, les nonylphénols polyéthoxylés, présentes également dans les détergents. L´Union européenne pousse au retrait progressif de ce type de molécules du marché car on les retrouve en quantité dans certains cours d´eau. Agral 90 est voué à disparaître prochainement. Il sera peu soutenu. La société qui le commercialise, Syngenta, préfère concentrer ses efforts sur des produits plus élaborés à haute valeur ajoutée.

Recherche solution économique avec les régulateurs
Qui pour prendre la place d´Agral 90 ? Responsable technique chez Champagne-Céréales, Jean-Louis Garnotel préconise « l´utilisation de Li700 qui permet de réduire de deux dixièmes la dose à l´hectare de régulateurs de croissance. En ajoutant un litre par hectare de Li700, son coût est inférieur au gain qu´il procure sur la diminution de dose du raccourcisseur. »
©C. Gloria


La difficulté est de trouver un adjuvant qui apporte les mêmes performances techniques qu´Agral 90 à un coût à l´hectare analogue. C´est ce que tente de mettre en avant Philippe Paillisson, CCL : « Comparé à Agral 90, Trader Pro est un mouillant récemment homologué dont l´efficacité est équivalente avec Parlay C sur colza. Son coût économique est attrayant : de deux à trois euros par hectare selon le volume de bouillie à l´hectare. En plus, il est exempt de classement toxicologique. » C´est le cas aussi de Surf 2000.
Le retrait de l´atrazine des programmes de désherbage sur maïs génère une multitude d´idées pour reprendre son rôle. « Avec notre mouillant Surf2000, nous avons ouvert le marché des herbicides maïs aux adjuvants, n´hésite pas à affirmer Patrick Manière, chef produits Surfagri. Notre produit apporte un plus, notamment en mélange avec le complexe Mikado/Milagro en post-levée. » Il rejoint René Ardigier, responsable technique de Samabiol, quand celui-ci ajoute que « l´atrazine a un côté agent mouillant. Sa suppression ou réduction peut être palliée par des adjuvants. »

Ne pas confondre l´atrazine et les adjuvants
Spécialiste désherbage à l´AGPM-Technique, Valérie Bibard ne partage pas complètement ce point de vue : « L´atrazine permet de renforcer l´efficacité des programmes de désherbage du fait de son activité herbicide, notamment lors de conditions difficiles de traitement. C´est un herbicide et non un adjuvant. Il ne faut pas confondre ! » Et concernant l´intérêt de l´utilisation des adjuvants avec les herbicides maïs ? « Dans de bonnes conditions de traitement, il n´y a pas besoin d´adjuvants. Mais ces produits pourront assurer une meilleure action herbicide en présence d´un facteur limitant tel que des conditions de sécheresse, de froid (temps peu poussant), sur des adventices trop développées par rapport au stade optimal de traitement. » Du reste, des sociétés préconisent l´emploi d´adjuvants avec certaines de leurs spécialités : Éclat, Cursus, Cambio.

Sur les autres cultures ou en traitement non sélectif, l´usage d´adjuvants est courant avec les herbicides. Cela représente d´ailleurs l´essentiel du marché des huiles. Les huiles végétales semblent gagner des parts de marché au détriment de leurs homologues minérales. C´est du moins ce que mettent en avant les sociétés qui les commercialisent : « Les huiles végétales présentent l´atout d´être complètement biodégradables, assure Patrick Manière. De plus, notre produit ColSurf est à base d´huile de colza produite en totalité par des agriculteurs français ! » C´est bon pour l´image.

Huiles végétales contre huiles minérales
Jean-Louis Garnotel s´attend à voir progresser l´utilisation des huiles végétales, au moins dans sa région. « Nous ne les préconisions pas jusqu´à présent car la première génération de ces huiles montrait une efficacité moindre de celle des huiles minérales. Avec les produits actuels, ce n´est plus le cas. Les huiles végétales rivalisent avec les minérales du point de vue performance. Leur faible impact sur l´environnement et l´aspect filière (issu de produits agricoles) plaident en leur faveur. Mais leur coût est encore supérieur à celui des huiles minérales : près de trois euros le litre contre deux euros pour les huiles minérales. » Le responsable technique de Champagne Céréales remarque que « les huiles minérales sont de mieux en mieux affinées et contiennent moins de résidus indésirables pour l´environnement.» Pour CCL, Philippe Paillisson fait la promotion des huiles minérales : « L´avantage économique sur les huiles végétales est indéniable. » Il y a quelques années, planait le projet de les faire interdire en agriculture. Ceci ne semble plus d´actualité, même si elles ne sont pas autorisées depuis cette année en agriculture biologique.

L´amélioration d´efficacité ou de régularité d´un traitement avec un adjuvant se remarque surtout lors de conditions limites de traitement. Avec des surfaces par exploitation augmentant, les 35 heures pour les salariés, les agriculteurs n´ont plus les moyens d´attendre indéfiniment les conditions idéales pour traiter. L´adjuvant arrive pour palier la non maîtrise du temps.


(1) Agral 90 est homologué pour bouillies herbicide, fongicide et insecticide.

Les plus lus

Parcelles avec des infrastructures agroécologiques dans le lointain
Suppression des 4 % de jachère : quel impact sur ma télédéclaration PAC 2024 ?

Dès cette campagne 2024, il n’est plus nécessaire de mettre en place de la jachère, cultures fixatrices d’azote ou …

Installation de stockage de céréales de Jean-Christophe Dupuis, agriculteur à Mancey, en Saône-et-Loire
Stockage des céréales : « Mon installation simple me permet d’atteindre un coût de stockage de 8 €/t »
Jean-Christophe Dupuis est agriculteur à Mancay, en Saône-et-Loire. Depuis 2021, il stocke 1 200 tonnes de grains sur son…
Epandage d'engrais sur champ de blé
Engrais azotés : quelle stratégie d'achat adopter pour la prochaine campagne ?
La nouvelle campagne d’achats d’engrais azotés par les agriculteurs pour 2025 démarre à peine. C’est le moment de réfléchir à sa…
Parcelles agricoles au printemps, colza au premier plan, champ de blé et de colza au deuxième plan
PAC et DPB : les six points à retenir avant de faire un transfert

Le transfert des droits à paiement de base (DPB) est une démarche qu’il ne faut pas prendre à la légère puisqu’elle…

parcelles de blés au printemps
Blé tendre et orge d’hiver : quel impact du froid ces derniers jours ?
Le froid de ces derniers jours est arrivé sur des céréales à des stades sensibles localement. Le point sur le risque de dégâts…
Clément Savouré, agriculteur en Eure-et-Loir
Achat d’engrais : « Nous arbitrons entre l’ammonitrate et la solution liquide en fonction du prix de l’unité d’azote »

Clément Savouré, agriculteur à Le Gué-de-Longroi, en Eure-et-Loir, privilégie les achats d’engrais à la morte-saison pour…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures