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MALADIE DES CEREALES
L’ergot signe un retour sous haute surveillance

L’ergot touche des parcelles de blés en France avec une légère recrudescence ces dix dernières années. La présence de sclérotes dans les récoltes de céréales destinées à l’alimentation animale ou humaine font encourir le risque d’intoxications graves.

L’ergot est une maladie des céréales causée par le champignon Claviceps purpurea. Le seigle est la céréale la plus sensible à ce pathogène, mais le blé et l’orge peuvent également être infectés, de même que diverses graminées adventices. Le principal signe distinctif de l’ergot est la production d’un sclérote en lieu et place d’une graine sur l’épi qui prend la forme... d’un ergot. La maladie n’occasionne pas de perte de rendement mais les sclérotes peuvent produire des alcaloïdes (de type LSD) très dangereux pour l’homme. Leur présence dans des lots de céréales destinées à l’alimentation constitue un risque de santé publique.

Avec ses méfaits sur la santé publique, les effets de l’ergot du seigle sont inscrits dans la mémoire collective. Chercheur préparant une thèse à l’Inra de Dijon, Dominique Jacquin note une légère recrudescence de la maladie sur céréales depuis les années 2000. Le spécialiste trouve une des explications dans la régression du labour dans les itinéraires culturaux au profit des techniques cultu- rales simplifiées. Or, le labour a pour mérite d’enfouir profondément les sclérotes, organe de conservation du pathogène. Au dessous de 4 centimètres de profondeur, ces sclérotes ne peuvent plus germer pour produire des spores contaminatrices. « Mais ces organes peuvent se conserver plus de deux ans dans le sol, informe Julie Toussaint-Ferreyrolle, spécialiste des maladies des céréales chez Arvalis. Dans une parcelle particulièrement contaminée, il est recommandé de ne travailler le sol que superficiellement les deux années après le labour afin d’éviter toute remontée en surface de ces sclérotes. »

LES GRAMINÉES HÉBERGENT L’ERGOT

Les graminées adventices sont des hôtes de l’ergot. Les difficultés croissantes pour détruire ces mauvaises herbes ou l’absence de broyage des bords de champs peuvent être une explication à l’augmentation de l’ergot. « On peut retrouver de l’ergot sur des graminées telles que le vul- pin et le ray-grass. Les gra- minées sauvages intervien- nent dans la conservation de la maladie sur une par- celle d’une année sur l’autre, explique Dominique Jacquin. Mais elles peuvent avoir un rôle amplificateur sur la même année. La contamination d’un épi à sa floraison peut se traduire par le développement rapide d’un mycélium au-dessus des ovaires dans les épil- lets puis de spores (conidies) développées dans un miellat, le tout en une semaine ! Ces spores peuvent être propagées par des insectes attirés par le miellat. »

Chez le vulpin, cet effet amplificateur serait plus courant que chez le ray-grass. Des études en cours doivent préciser le poids des graminées adventices dans les infestations en ergot. Les conditions climatiques restent le facteur pré- pondérant dans le développement de la maladie. Des années à hiver rude et à printemps pluvieux (a fortiori au moment de la floraison des céréales) sont favorables au développement de l’ergot. Il existe des années à ergot avec des pics de contamination notés en 2000, 2003, 2006 et 2009 par les services de la protection des végétaux. Il sem- ble qu’en 2010, les contaminations soient faibles.

ENQUÊTE ET ÉVALUATION

Globalement, la présence d’ergot reste très sporadique en France. Il n’y a pas lieu de s’alarmer. Pour autant, une enquête est menée cette année auprès des organismes collec- teurs pour évaluer le poids de différents facteurs dans les infestations de céréales en ergot. Elle est mise en place par plusieurs organismes : Inra, Arvalis, Fnams, In Vivo, FNA et des semenciers. Dominique Jacquin se charge de recueillir les questionnaires (1) envoyés et d’en réaliser l’interprétation.

Christian Gloria

(1) Le questionnaire est disponible à l’adresse suivante : http://www2.dijon.inra.fr/bga/umrbga2009/ cliquer sur ‘enquête ergot 2010’.

Interview de Thierry Bouthillier, responsable production semences chez Saaten Union.

« Nous nous efforçons d’éliminer les sclérotes des semences de blé hybride »


« Nous entendons que les blés hybrides seraient sensibles aux attaques d’ergot. Il n’en est rien. Ne faisons pas d’amalgame entre la production des semences et la culture de variétés de blé hybride. La culture de blé hybride ne favorise pas plus le dévelop- pement de l’ergot que l’utilisation de lignées classiques. En revanche, la production de semences de blé hybride nécessite le croisement entre deux lignées dont l’une est stérilisée grâce à un agent d’hybridation pour tenir le rôle de femelle. Dans ce cas, les épillets de cette lignée femelle (mâle stérile) ne sont jamais fécondés à 100 %. Par leur bâillement les épis sont rendus plus sensi- bles aux contaminations par les ascospores d’ergot.

Nous sommes conscients de ce problème et, avec l’aide de la Fnams, nous travaillons aux solutions de lutte contre l’ergot. Dans le cahier des charges des agriculteurs multiplicateurs de semences de blé hybride, il y a obligation de labour pour enfouir profondément les éventuels sclérotes. L’ergot est présent dans tous les sols, véhiculé par les plantes hôtes de type graminées. D’autre part, nous participons au finance- ment pour l’équipement en trieurs optiques (1) des stations de semences avec qui nous travaillons. Sur ces quinze établis- sements, cinq sont déjà équipés et, d’ici deux ans, nous tablons sur plus de 90 % de ces stations pourvues. Les trieurs optiques sont très efficaces pour éliminer les sclérotes. »

(1) Un trieur avec une capacité de 8 t/h coûte 180 000 euros, installé.

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