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OLÉAGINEUX
Le soja cherche sa voie

Sur un marché de soja erratique, la rumeur de teneurs importantes de mycotoxines dans le maïs américain a fait bondir les cours de l’oléagineux.

Fausse alerte ou amorce d’une tendance lourde ? À la mi-novembre, le marché américain du soja décollait brutalement après des semaines de tergiversations. Le 12 novembre, le tourteau gagnait 4 % à Chicago, entraînant à sa suite le colza sur Euronext, qui bondissait de plus de 3 euros. Ce sursaut a été alimenté par des craintes concernant la qualité du maïs outre-Atlantique. Car aux États-Unis, le ciel est tombé sur la tête de farmers. Des pluies diluviennes —jusqu’à deux fois la normale dans de nombreux secteurs de la Corn Belt et des Grandes Plaines — se sont abattues sur des parcelles de maïs et de soja qui n’attendaient plus que l’entrée en piste des moissonneuses et des corn-pickers. L’avancement des chantiers de récolte en a donc été entravé. Au 1er novembre, date à laquelle 85 % du soja est habituellement à l’abri dans les silos, seulement la moitié des grains avait été rentrée. En maïs, le compteur n’arrivait qu’à un quart de la collecte, 46 % en dessous de la moyenne des cinq dernières années, soit un mois de retard ! Certains analystes s’alarmaient fin octobre devant « la moisson la plus tardive depuis trente ans ».

RÉCOLTES RETARDÉES

Si la situation est délicate pour le soja, elle s’avère plus critique encore pour le maïs. Compte tenu de l’humidité extrême des grains, le goulet d’étranglement au niveau des séchoirs n’a pas permis un redémarrage début novembre, lorsque les conditions climatiques se sont améliorées. Le 12 novembre, la rumeur s’est alors propagée sur les marchés: des teneurs significatives en DON ont été décelées dans nombre d’échantillons. Cette mycotoxine, produite par des champignons du genre Fusarium, pénalise les performances des élevages quand elle se trouve dans l’alimentation des animaux. La nouvelle a aussitôt fait chuter le cours du maïs américain, et a redonné des couleurs au soja, bénéficiaire présumé des phénomènes de substitution à l’oeuvre dans les usines d’aliments. Ce rebondissement a affolé un marché du soja qui peinait à trouver une tendance. Du côté des fondamentaux, le fait marquant demeure la récolte record à l’échelle mondiale, qui pourrait monter à plus de 250 millions de tonnes.

STOCKS ASSÉCHÉS

Le retard à l’allumage de la récolte aux États-Unis, producteur numéro un, a fait craindre pour les rendements, mais le dernier rapport du département américain à l’agriculture a balayé les doutes : le soja US afficherait un rendement moyen inédit, à plus de 29 quintaux à l’hectare. Combinée à des surfaces en progression, cette productivité propulserait la production à plus de 90 millions de tonnes, contre 80 l’an passé. Reste à lever l’inconnue des récoltes sud-américaines pour confirmer le chiffre de 250 millions de tonnes à l’échelle mondiale, alors que l’on n’en est qu’au stade du semis. Celui-ci s’est déroulé dans de bonnes conditions au Brésil, où l’USDA prévoit une grosse récolte de 63 millions de tonnes. L’Argentine devrait effectuer son grand retour, après une année de disette — 32 millions de tonnes de soja collectées seulement l’an passé pour cause de sécheresse — mais l’épée de Damoclès climatique demeure. Une récolte mondiale abondante ne serait pas superflue pour regonfler des stocks qui se sont évaporés lors des dernières campagnes. Ils ont plongé au niveau critique de 42 millions de tonnes à l’issue de 2008-2009, avec seulement 3,8 millions de tonnes pour les États-Unis.

ARGENTINE : L'espoir d'une récolte record menacé par la sécheresse

En Argentine, les surfaces en soja profitent de la désaffection pour le blé et le maïs, pour culminer à 19 millions d'hectares. L'USDA anticipe ainsi une récolte de 53 millions de tonnes pour le troisième producteur mondial.
Mais la sécheresse risque de déjouer les pronostics. Elle gêne les semis qui prennent du retard. La fenêtre de tir optimale s'est déjà refermée dans plusieurs secteurs, laissant présager des baisses de rendement. L'analyste Oil World joue déjà les Cassandre, évoquant une production d'au mieux 50 millions de tonnes, et susceptible d'être rabotée dans les semaines qui viennent.

ÉCHANGES : La boulimie chinoise

Selon l'USDA, les importations chinoises de soja devraient se maintenir à un haut niveau sur la campagne qui débute, autour de 40 millions de tonnes. Une boulimie qui profite aux États-Unis, dont les exportations vont encore s'accroître cette année. Dopées par un dollar faible et une concurrence internationale amoindrie, les expéditions américaines ont établi un record en octobre. En dix semaines de nouvelle campagne, les ventes de soja de l'Oncle Sam à destination de la Chine totalisaient 60 % des affrètements de l'an passé toutes destinations confondues.

 

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