SEMIS DE COLZA
Le semoir de précision ouvre la voie à moins d’intrants
La régularité d’implantation du semoir de précision favorise la réduction des doses de semis et rend possible le recours aux techniques de désherbage mécanique.
Dans l’implantation du colza, la maîtrise de la densité de semis et surtout de la levée sont les critères essentiels de la réussite comme le rappelle le Cetiom à chacune de ses interventions. En assurant un positionnement précis et régulier de la graine, dans la profondeur de semis et la répartition sur la ligne, le semoir de précision (ou monograine) convient parfaitement aux exigences du semis de colza. Le Cetiom indique ainsi que la surface implantée avec ce type de semoir ne cesse de progresser au détriment des semoirs en ligne. Cette évolution est d’ailleurs confirmé par la plupart des constructeurs de semoirs monograines. En considérant que le peuplement optimal se situe entre 20 et 35 pieds par m2 selon le type de sol et les variétés (hybrides ou lignées), la précision du semoir permet d’obtenir une densité de 15 à 20 pieds par mètre sur la ligne de semis. On reprend quasiment les mêmes chiffres pour le réglage du nombre de graines par mètre linéaire, sachant que « les pertes à la levée avec le monograine sont de l’ordre de 1 à 2 graines/m2 contrairement au semoir en ligne où elles peuvent atteindre les 30 % » indique Jean- Pierre Palleau du Cetiom.
Outre la réduction des coûts de semences (surtout en hybrides), baisser la densité de semis offre des avantages dans le développement de la culture: moins de risque d’élongation automnale, augmentation du diamètre au collet qui devient moins sensible aux attaques parasitaires, meilleur potentiel de ramification et donc du nombre de siliques, plus d’azote absorbé à l’automne et enfin limitation du risque de verse. Ce dernier point est également source d’économie en limitant l’emploi des régulateurs de croissance.
DÉBIT DE CHANTIER LIMITANT
Devant ce constat, Jean-Pierre Palleau se veut prudent. « S’il a l’avantage de sécuriser la levée, le semoir de précision ne compense pas les mauvaises préparations du sol. Le débit de chantier peut aussi être limitant par rapport au semoir en ligne, tout comme le coût d’utilisation qui reste favorable à ce dernier. » Reste à gérer l’écartement des lignes de semis qui doit respecter un compromis entre la densité de pieds au m2 et celle du nombre de pieds au mètre linéaire.
JUSQU’À 60 CENTIMÈTRES
« Les meilleurs résultats sont obtenus pour des écartements de 40 à 50 centimètres, notamment dans les terres légères. Jusqu’à 60 centimètres, l’incidence sur le rendement reste faible. Mais au-delà, pour des écartements de 75-80 centimètres, il est très difficile de concilier un peuplement suffisant avec une densité pas trop élevée sur le rang. Ces écartements sont fortement déconseillés en terres superficielles, ils peuvent s’envisager dans des terres profondes riches en azote » explique Jean-Pierre Palleau.
DÉSHERBAGE MIXTE
Les écartements larges (à partir de 40- 45 cm) ont l’avantage de faciliter le désherbage mécanique. « L’association d’un désherbage chimique sur le rang au semis, et d’un binage à l’automne et au printemps permet d’économiser deux tiers de matière active. Le traitement est très efficace puisque l’on diminue la quantité de produit à l’hectare mais en conservant la dose efficace sur le rang » indique le spécialiste. Certains reprochent la faible autonomie du dispositif de traitement sur le rang et lui préfèrent le désherbage mixte en postlevée avec une désherbineuse. Solution plus radicale, l’abandon du chimique peut s’envisager en intervenant très tôt avec une herse étrille ou une houe rotative. « Il faut alors être très vigilant par rapport aux conditions d’intervention et au stade de la plante. La technique est pointue et le réglage des outils est décisif pour limiter le risque de pertes. » En parallèle de l’action de désherbage, le binage améliore l’assimilation de l’azote par la plante. En définitive, la solution du désherbage mécanique est un coût supplémentaire souvent compensé par l’économie d’intrants. « Mais il est important de calculer le coût d’un passage de bineuse » insiste Jean-Pierre Palleau. !
EN PRATIQUE
Quelques critères dans le choix du semoir de précision
Le semis de colza ne demande aucun équipement particulier à adapter au semoir monograine. Il suffit simplement de choisir les bons disques de distribution dont le diamètre des perçages et la distance qui les séparent sont compatibles avec la graine et le réglage de la densité de semis souhaitée.
Le choix du type de châssis dépend de la diversité des cultures à implanter. Si la largeur entre rang ne nécessite pas de modification (colza et tournesol ou colza et betterave) ou si un seul changement dans la campagne est nécessaire, un châssis à réglage manuel de l’écartement suffit. En revanche, si le semoir est partagé par plusieurs utilisateurs dont les cultures et les écartements varient, un châssis télescopique à réglage en continu de l’écartement peut se justifier. Les dispositifs intégrant un réglage mécanique sont moins coûteux, alors que les systèmes hydrauliques offrent plus de rapidité et de confort. Attention également à l’écartement minimal entre les rangs, il va de 25 à 50 centimètres selon les modèles. Pour les changements fréquents de graines et de densité, un système de réglage rapide de la distribution est à privilégier.
L’équipement de pulvérisation pour le désherbage sur le rang peut s’envisager à posteriori. Un montage d’origine par le constructeur offre une garantie supplémentaire en termes de fonctionnement.
Dans le cas d’un semis sans labour avec résidus, des éléments semeurs à disques spécialement équipés s’imposent. Un chasse-débris facilite le travail des disques d’enterrage et un disque ouvreur offre une meilleure ouverture de la ligne de semis. La force exercée sur l’élément semeur détermine également la capacité de pénétration, notamment en semis direct. Les roues plombeuses doivent enfin refermer efficacement la ligne de semis.
M. P.
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