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En chiffres
Le non-labour est possible mais sous conditions

Labourer avant un maïs n’est pas une obligation, même si la technique est plus sécurisante. Tout dépend du contexte pédoclimatique dans lequel se trouve l’exploitation, et du précédent.

Labour, pseudolabour, déchaumage, travail superficiel, strip-till… Il existe pléthore de façon de travailler le sol, et ce, même avant maïs, cette culture particulièrement exigeante vis-à-vis de la qualité de son lit de semences. « Si l’on raisonne à la culture, la tendance est de privilégier le labour car c’est le plus sécurisant, indique Jérôme Labreuche, spécialiste du travail du sol chez Arvalis. Mais si l’on raisonne à l’échelle du système, on s’aperçoit que l’on peut faire du non-labour. » Reste à choisir la technique de travail simplifié la plus adaptée à son exploitation. Le panel est large. La réponse est en fonction de la stratégie adoptée par ailleurs sur la ferme mais également du contexte pédoclimatique.

Des possibilités variées après un blé avec maintien du rendement

L’un des grands classiques consiste à broyer les résidus sous les becs de la moissonneuse-batteuse, puis à passer un outil à dents qui travaille à entre quinze et vingt centimètres de profondeur et brasse les résidus, et enfin à reprendre le sol sur cinq centimètres au printemps. « Cela restructure le sol et prépare le lit de semences, observe Jérôme Labreuche. L’enfouissement en automne des débris végétaux limite les risques de fusariose et permet de gérer plus facilement la pyrale et les insectes foreurs. » Encore faut-il trouver les bonnes périodes pour intervenir. Autre option : passer un déchaumeur à disque derrière un blé pour travailler le sol entre cinq et dix centimètres de profondeur avant de revenir au printemps avec un vibro ou une herse rotative. Un pseudolabour, qui va au-delà de quinze centimètres et peut être ou non précédé d'un déchaumage profond, est également envisageable. « L’outil mélange le sol mais sans le retourner, c’est la principale différence avec la charrue, indique le spécialiste. Il reste quelques résidus en surfaces. » Les essais systèmes conduits par Arvalis montrent que les mêmes niveaux de rendements sont atteints en labour, travail superficiel à dix centimètres de profondeur et pseudolabour lorsque le maïs est précédé d’un blé. « Le sol sèche l’été car le blé a pompé l’eau, ce qui permet une restructuration naturelle, observe le spécialiste. Puis ensuite, les pailles ont neuf mois pour se décomposer avant le semis.»

Strip-till et semis direct à manier avec précaution

À ces techniques de travail superficiel du sol de la parcelle, viennent s’ajouter le strip-till et le semis direct. Importé des États-Unis, le strip-till, qui consiste à travailler uniquement sur le rang, a fait l’objet d’un certain nombre d’essais. « La technicité est importante, observe Eva Deschamps, conseillère à la chambre d’agriculture du Gers. Il faut être un bon expert pour déterminer les conditions dans lesquelles passer l’outil, car si c’est trop humide, on abîme la couverture du sol. Dans nos boulbènes — des terres lourdes — la mise en œuvre du strip-till nécessite quasiment deux passages, un premier à l’automne et l’autre au printemps. Il faut travailler toujours la même zone pour limiter les passages de roue car il est difficile de décompacter ensuite. » La technique reste au final assez confidentielle. « Il y a eu un gros effet de mode, signale Jérôme Labreuche. Mais des gens ont eu des échecs car il faut de très bonnes conditions de ressuyage pour obtenir des résultats. À l’automne, c’est possible derrière une paille, mais pas derrière un maïs. Et au printemps, il faut un temps sec. »

Quid du semis direct ? « Des pertes de pieds en blé ou en colza se compensent facilement grâce au tallage, mais en maïs, les accidents de levée se paient plein pot», rappelle Jérôme Labreuche. Or en semis direct, les risques de mauvais placement de la graine sont importants. Il faut également compter avec le parasitisme accru, qui ne se limite pas aux problèmes de désherbage.  « À Boigneville, nous avons eu de 2002 à 2012 les mêmes niveaux de rendements dans notre essai en semis direct et en parcelle labourée, remarque-t-il. Mais depuis quatre à cinq ans, nous avons des problèmes de corvidés. Ils attaquent davantage les semences de maïs dans les parcelles en semis direct. En moyenne pluriannuelle, on perd environ dix quintaux par hectare. Ce n’est pas rien ! » Le problème est d’autant plus aigu qu’il y a de moins en moins de solutions contre les ravageurs. Dans le Gers, Eva Deschamps se montre toutefois plus positive. « Le semis direct est davantage pratiqué que le strip till, qui apparaît beaucoup plus technique, indique-t-elle. Les agriculteurs l’accompagnent en général d’une implantation de féverole d’hiver. »

Travail préférable en monoculture de maïs

La monoculture de maïs laisse moins de possibilité. La gestion des résidus de récolte est facteur de problème. « Ce sont plutôt dans les zones irriguées à fort potentiel que se pratique la monoculture, note Jérôme Labreuche. Il y a donc beaucoup de résidus, des tiges et des pivots assez difficiles à détruire qui peuvent pénaliser la levée. Les taux de levée sont souvent un peu moins bons, et les levées échelonnées. » La structure du sol peut également causer des difficultés. Les essais menés par Arvalis dans les sols de graviers de sa station de Lyon Saint-Exupéry ont ainsi mis en évidence un décrochement de 10 % des rendements en monoculture de maïs labourée ou non. « En fait, le maïs en non-labour est moins bien enraciné, explique Jérôme Labreuche. Même dans ces sols, il peut y avoir besoin d'un travail profond comme du décompactage. » Le gel n’est pas suffisant pour permettre une bonne restructuration. Mais à l’inverse, dans les terres noires proches de la station Arvalis de Montardon, la simplification du travail du sol peut aller très loin y compris en monoculture de maïs : les risques de compaction sont très faibles.

Bilan, la recette toute faite pour réussir l’implantation de son maïs n’existe pas. Cette étape cruciale est à raisonner au cas par cas.

Le labour très majoritaire en maïs

81 % de labour
8 % des surfaces en travail superficiel (entre 8 et 15 cm de profondeur sur 5 % des surfaces, entre 0 et 8 cm pour 3 %)
7 % de surfaces en pseudolabour
1 % de surfaces travaillées au strip-till
Source : D'après l'enquête du SSP sur les pratiques culturales de 2011.

Un couvert qui ne pompe pas trop d’azote

Nouvelle PAC oblige, il faut couvrir son sol avant maïs. Et ce, y compris en cas de monoculture. Proposé par la profession et validé par le ministère, le dispositif de certification autorise la monoculture malgré l’obligation de diversifier sa rotation mais il impose un couvert. Celui-ci doit être implanté dans les quinze jours suivants la récolte et il ne peut être détruit qu’à partir du 1er février. Si les semenciers proposent des mélanges censés démarrés rapidement, « cela reste compliqué, pour un résultat assez médiocre », observe Jérôme Labreuche, Arvalis. « Le couvert ne se développe pas beaucoup et ne produit pas beaucoup de biomasse », appuie-t-il.

La féverole intéressante

Avant une culture récoltée en été de type céréales à paille, le cycle de développement du couvert est plus long. Davantage d'espèces et de mélanges peuvent convenir. Attention tout de même. « Un couvert de graminées ne doit pas rester trop longtemps en place, sans quoi il pompe au printemps l’azote minéralisé, et il ne restitue pas bien l’azote au sol, souligne Jérôme Labreuche. Même avec des couverts chétifs, il peut y avoir un effet dépréssif. » Dans le cas où c’est possible, mieux vaut privilégier une légumineuse pure, telle une féverole ou un trèfle non gélif type incarnat. « La féverole valorise un maximum l’azote, souligne Eva deschamps, à la chambre d’agriculture du Gers. On la détruit juste avant le semis, voire même à la dernière minute dans les sols de boulbène pour ne pas glacer le sol. » Avantage supplémentaire : très riche en eau, la féverole est facile à détruire. Un passage de rouleau suffit. De quoi améliorer son IFT...

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