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Le miscanthus veut séduire éleveurs et municipalités

À l’exemple du Nord-Est, le miscanthus trouve des débouchés dans les litières pour animaux d’élevage et le paillage horticole, en plus de ses utilisations comme combustible.

La récolte de miscanthus se fait courant avril avec une ensileuse conventionnelle. Ici, une parcelle avec un rendement moyen de 8-10 tonnes/hectare de matière sèche d’un miscanthus implanté il y a quatre ans avec un potentiel à 12 tonnes/hectare à terme.
© C. Gloria

L'herbe à éléphant tente de se faire une place dans le paysage agricole français. Le miscanthus, son autre nom, atteint 420 hectares de surfaces dans les secteurs suivis par la coopérative Luzéal dans la Marne, l’Aisne et les Ardennes. De l’ordre de 80 % des récoltes servent à alimenter les chaudières des cinq usines de déshydratation de l’entreprise. La combustion est, du reste, l’utilisation majeure des 5000 hectares de miscanthus en France. Mais l’association France Miscanthus, qui regroupe dix entreprises, veut promouvoir la plante pour des débouchés comme les litières pour animaux et pour le paillage des massifs dans les municipalités.

Sous-préfecture des Ardennes, la ville de Rethel a choisi cette voie. « Nous avons découvert le miscanthus en 2009 et nous l’utilisons dorénavant pour le paillage de 700 m2 environ de massifs à arbustes, rosiers et vivaces, explique Alain Sablin, responsable espaces verts de Rethel. Le produit que nous achetons localement nous coûte de l’ordre d’1,50 euro au mètre carré de paillage (5 à 8 cm d’épaisseur). Il limite bien l’évaporation ainsi que les mauvaises herbes avec une tenue dans le temps de plus d’un an. Contrairement à des écorces de pin, il n’acidifie pas le sol et donc ne provoque pas des chloroses sur les rosiers notamment. Au contraire, il apporte de la matière organique au sol en se décomposant lentement. » Avec l’interdiction des produits phytosanitaires depuis 2017 dans les espaces publics, les produits pour paillage ont le vent en poupe.

Du miscanthus en balle pour le paillage ou les litières techniques

Via sa filiale Agromi, Luzéal commercialise 20 % de son miscanthus en balles conditionnées ou en sacs avec des produits comme Misceal pour le paillage horticole ainsi que divers autres produits pour les litières pour chevaux, les élevages bovins et avicoles… et un amendement mélangeant le miscanthus à la luzerne. Cette dernière culture représente l’essentiel de l’activité de Luzéal avec la déshydratation, le miscanthus ne constituant pour le moment que 5 % de son chiffre d’affaires.

« Nous rémunérons le miscanthus à 60-65 euros la tonne de matière sèche (sur pied net de récolte) aux agriculteurs producteurs, précise Yves Koch, directeur activités biomasse et énergie de Luzéal. Nous prenons à notre charge la récolte, le transport et le stockage. Sur les bonnes terres, le miscanthus peut produire jusqu’à 18 tonnes/hectare de matière sèche mais la moyenne est plutôt à 11-12 tonnes/hectare sur les parcelles suivies par notre coopérative. » Le miscanthus ne coûte quasiment rien à la culture pendant ses vingt ans de production. Seule l’implantation nécessite un investissement élevé au départ avec de 3000 à 3500 euros à l’hectare pour la plantation des rhizomes de la plante et un traitement herbicide.

Une augmentation des surfaces françaises de 10 % par an

La récolte se déroule sur avril et mai une fois que les tiges sont à un niveau de 75 % de matière sèche (85 % pour le débouché paille et litière). Pas d’équipement spécifique pour cette plante : une ensileuse avec des becs à maïs fait l’affaire. Luzéal dispose d’un parc de matériel utilisé aussi pour la récolte de luzerne ou elle fait appel à une entreprise extérieure pour certaines parcelles.

Selon Alain Jeanroy, président de France Miscanthus, les surfaces de l’herbe à éléphant augmentent de 10 % par an ces dernières années avec une prévision à 5500 hectares pour 2018. « Le miscanthus, qui est un hybride stérile, n’est pas une plante invasive : ses rhizomes ne sont pas traçants, précise-t-il. Le miscanthus est éligible aux surfaces d’intérêt écologique (SIE) pour 2018. Cela vient de nous être confirmé pour la France. » Le coefficient de pondération est de 0,7. Cette bonne nouvelle pour la filière pourrait aider l’herbe à éléphant à franchir un grand pas.

AVIS D’EXPLOITANT
Mathieu Galland, céréalier et éleveur de poulets à Ménil-Lepinois dans les Ardennes

« J’utilise du miscanthus pour le paillage »

« Dans mes quatre bâtiments d’élevage de poulets, j’ai choisi un produit de Luzéal à base de miscanthus et de fibres de bois. Il m’apporte satisfaction en termes d’hygiène pour les pattes des poulets notamment, avec de meilleures garanties sanitaires par rapport à de la paille de céréales. Sur les 7400 m2 de sol bétonné, c’est un produit d’une grande finesse dont je ne mets qu’un centimètre d’épaisseur au lieu d’une dizaine de centimètres pour de la paille classique. Cela équivaut à 1,5 kg au mètre carré (contre 5 kg/m2 pour la paille). Ce mélange à base de miscanthus montre un très bon pouvoir absorbant. Le produit m’est livré en big bag de 800 kilos pour un prix de 200 euros la tonne. C’est trois fois plus cher que de la paille de blé à quantité égale mais je n’hésite pas à faire cet investissement compte tenu des qualités d’hygiène et de finesse que le produit apporte. Par an, j'utilise 84 tonnes de litière Agromis Confort Plus (60 % de miscanthus + 40 % de bois) pour produire un million de poulets. À terme, je songe à utiliser du miscanthus comme combustible pour le chauffage de mes bâtiments. J’ai investi récemment dans de nouvelles chaudières qui pourront être adaptées pour recevoir ce type de produit. »

250 ha de cultures : blé, luzerne, betterave… Mathieu Galland ne produit pas de miscanthus car ses sols sont peu adaptés.

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