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MALADIES DES CÉRÉALES
La résistance aux fongicides est partout

La septoriose gagne en résistance vis-à-vis des strobilurines et des triazoles mais pas seulement. D’autres maladies des céréales se mettent à résister à des fongicides. Analyse d’Arvalis.

La montée en puissance de la résistance de la septoriose à différents fongicides ne se dément pas. Elle est déjà bien connue vis-à-vis des strobilurines. « En 2008, la situation a encore progressé, en particulier dans le Sud de la France où l’on remarquait une co-existence des souches résistantes et de souches sensibles les années précédentes. Les strobilurines perdent définitivement de leur intérêt contre la septoriose, y compris dans les régions les plus méridionales », analyse Gilles Couleaud, Arvalis. Déjà bien installée, la résistance aux strobilurines s’est encore généralisée. « On ARVALIS relève 91 % de situations où la mutation G143L conférant la résistance du champignon aux strobilurines dépasse les 50 % des souches de Septoria. Cette proportion était de 88 % en 2007, 76 % en 2006(1). » Quelle est la situation vis-à-vis des triazoles? En France, nous avons huit souches de septoriose qui diffèrent par leurs niveaux de résistance aux fongicides inhibiteurs de la déméthylation (IDM = triazoles, prochloraze…). Il n’y a pas de souches hautement résistantes, seulement des souches légèrement (souches TriR1 à R5 dites LR) et moyennement résistantes (souches MR). Ces dernières dominent le paysage céréalier français. « La proportion des souches MR est de 78 % en 2008 contre 73 et 68 % respectivement en 2007 et 2006 », rapporte Gilles Couleaud. Là encore, on peut dire que la résistance aux triazoles progresse globalement.

RÉGIONALISATION DES SOUCHES
Heureusement, parmi les trois souches MR qui existent, deux restent sensibles au prochloraze (souches R7 et R8) tandis que la troisième se montre légèrement résistante (souche R6). La répartition des souches diffère selon les régions. Les souches R7 et R8 sensibles au prochloraze se situent surtout en bordure Ouest de la France alors que dans les grands bassins céréaliers, c’est la souche R6 qui domine. Dans ces dernières situations, le prochloraze apparaît moins opérant qu’en bordure Atlantique. Des essais Arvalis démontrent que l’avantage en termes d’efficacité que procure le prochloraze associé à un triazole est moins important dans le Nord de la France qu’à l’Ouest. La stratégie préconisée par Arvalis est en effet d’associer un triazole systématiquement avec une autre matière active pour assurer une bonne efficacité contre la septoriose. Le prochloraze est le meilleur candidat. « Quel que soit le type de souche dominant, le prochloraze permet de faire progresser l’efficacité de n’importe quel triazole auquel il est associé sur la septoriose. »

Gilles Couleaud livre quelques exemples : « L’apport de 315 grammes de la matière active (Pyros à 0,7 l/ha) compense, en moyenne, une réduction de dose de moitié d’un produit Opus, Bell ou Joao parmi les meilleurs triazoles. Même sur les rendements bruts et nets, l’avantage est aux associations à base de prochloraze. » Attention à bien choisir son triazole. Certains se révèlent dépassés en termes de performance sur septoriose comme c’est le cas du tétraconazole, remarque Arvalis.

DIVERSES POSSIBILITÉS D’ASSOCIATIONS
Le prochloraze n’est pas le seul à être associé avantageusement avec des triazoles. Boscalid, chlorothalonil, mancozèbe… apportent également des bénéfices. « Un triazole associé au chlorothalonil comme dans la formule Menara + Bravo apportera des efficacités équivalentes à celle d’un Opus + prochloraze, confirme Gilles Couleaud. Le chlorothalonil est très sensible à son positionnement, prévientil. C’est un produit préventif qui nécessite de ne pas intervenir en retard par rapport à l’infestation en septoriose au contraire du prochloraze, plus curatif. Le positionnement précoce de fongicides donne l’avantage au chlorothalonil. » Attention : ce dernier n’est pas mélangeable à Opus (interdiction réglementaire). Tandis que l’utilisation du chlorothalonil ne modifie en rien la composition des souches de septoriose sur un blé, le prochloraze détruira préférentiellement les souches MR (surtout R7 et R8) par rapport à des souches LR. La population de septoriose évolue alors vers des souches plus sensibles aux triazoles. La pression de sélection du prochloraze va dans le bon sens. !
Christian Gloria
(1) Données du Réseau Performance et analysées par l’Inra de Versailles (équipe de Pierre Leroux).

 

SUR ORGE, L'HELMINTHOSPORIOSE ET LA RAMULARIOSE PROGRESSENT

La résistance de l’helminthosporiose est bel et bien installée. « Elle reste stable. On ne détecte pas de généralisation de la résistance de ce parasite, précise Gilles Couleaud, Arvalis. Dans près d’un site sur deux du réseau performance orge, la mutation F129L qui confère cette résistance aux strobilurines est détectée avec une fréquence supérieure à 30 %. Comme en 2007, la fréquence moyenne de la mutation est de 35 %. » L’efficacité des strobilurines s’en trouve dégradée à des niveaux divers. L’azoxystrobine (gamme Amistar) est la plus affectée. La pyraclostrobine (BASF) et la trifloxystrobine (Bayer) sont touchées dans une moindre mesure.Avec des répercussions perceptibles sur le terrain, cette résistance F129L n’est pas si gentille que cela, au contraire de ce que l’on laissait entendre il y a quelques années.Dans ce contexte, il est plus que souhaitable de limiter l’usage d’un produit contenant une strobilurine à une seule application par an, de préférence en deuxième traitement. Il faut préserver l’intérêt de ces fongicides sur les autres maladies.

RAMULARIOSE PRÉSENTE PARTOUT
La mutation G143L responsable de la résistance élevée de la septoriose aux strobilurines a été retrouvée sur la ramulariose. Sur deux échantillons étudiés, la fréquence de la mutation était proche de 100 %.Mais la ramulariose n’est-elle pas une maladie mineure de l’orge? Pas tant que cela.Arvalis note une extension rapide du pathogène depuis sa découverte en 2002, qui pourrait être en rapport avec la résistance aux strobilurines. « La ramulariose est présente dans toutes les zones de culture des orges et des escourgeons, précise l’institut. Elle peut provoquer des pertes de rendement de - 20 %. » Avec les grillures, la ramulariose est une maladie de fin de cycle qui est néanmoins bien contrôlée par le prothioconazole, le chlorothalonil et le boscalid. !
C. G.
(1) Voir notre mensuel n° 198, déc. 2006, page 56.

La fusariose entre aussi en résistance
La résistance aux strobilurines de champignons responsables de fusarioses a été formellement identifiée en 2008 par l’Inra de Versailles. Plus précisément, la mutation G143L qui confère cette résistance a été détectée chez Microdochium nivale, l’une des fusarioses affectant le rendement des céréales en fin de cycle. D’autre part, les derniers travaux de biologie moléculaire ontmis en évidence deux espèces distinctes chez Microdochium nivale. Dorénavant on parlera de Microdochium nivale et de Microdochium majus. Leur distinction est difficile sur le terrain mais l’Inra a décelé que la résistance aux strobilurines était plus importante chez M. majus que chez M. nivale. Les deux fusarioses pourraient égalementmontrer des sensibilités variables selon les fongicides. Le prothioconazole est le plus efficace et le plus polyvalent sur les différentes fusarioses des épis des céréales.

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