COMPÉTITIVITÉ
La filière blé dur serre les rangs
COMPÉTITIVITÉ
Prise entre les bouleversements du marché mondial
et la concurrence accrue pour les surfaces exercée par d’autres cultures,
la filière blé dur lance des chantiers collectifs pour trouver des solutions.

Le ton était grave, presque solennel. « 2012 a été une année d’interrogations pour l’avenir du blé dur français, 2013 sera une année charnière porteuse d’innovation. » Jean-François Gleizes, président du comité de pilotage de la filière française blé dur, a conclu la journée nationale consacrée à cette culture, le 7 février 2013 près de Toulouse, tel un général motivant ses troupes.
L’heure n’est pas à la galéjade : hausse des cours aidant, la culture subit la concurrence exacerbée d’autres espèces au coeur de ses bassins historiques de production, et sa future attractivité est suspendue aux arbitrages à venir de la nouvelle PAC. Dans le même temps, le marché mondial connaît des mutations rapides et profondes, à commencer par la fin du monopole du Canadian Wheat Board (CWB) qui régnait jusque-là en maître sur la planète blé dur, et la concentration des principaux opérateurs mondiaux qu’elle a favorisée.
Pourquoi ne pas aller nous-mêmes marketer le blé dur français à l’international, comme l’ont fait les Canadiens, avec l’ambition de créer des relations durables avec les industriels du bassin méditerranéen? » Pour ce responsable, la massification de l’offre vise aussi à se donner les moyens d’être présents sur les appels d’offres de clients tels que l’Algérie, qui impliquent des volumes auxquels il est impossible de répondre en ordre dispersé. Durum cible aussi le marché italien, de plus en plus importateur.D’autres coops pourraient-elles monter à bord? « Dans toute initiative, il faut qu’il y en ait qui commencent », esquive Jean-François Gleizes. La part de la tion tricolore de blé dur exportée — environ les deux tiers — donne la mesure de l’enjeu de cette guerre commerciale.
La création d’innovation utile est l’une des clés de la pérennité. » Ce décloisonnement entre recherche fondamentale et appliquée, en lien avec les producteurs et les transformateurs, aura aussi son utilité dans la mobilisation de financements. « Il faut absolument éviter de mettre en concurrence différents programmes de R & D, insiste Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint agriculture de l’Inra et l’une des têtes pensantes du projet. Nous devons aller vers les appels à projets de façon cohérente. » Le scientifique met aussi l’accent sur le volet formation d’une telle plateforme. « L’adoption des innovations ne peut se faire sans formation, affirme le scientifique. Il nous faut aussi tisser des liens pour former des cadres de l’autre côté de la Méditerranée. » La filière blé dur espère ainsi reproduire le modèle qui a longtemps prévalu pour le blé tendre, avec des chefs meuniers d’Afrique du Nord formés dans des écoles françaises enclins à privilégier des relations commerciales avec des opérateurs de l’Hexagone.
L’heure n’est pas à la galéjade : hausse des cours aidant, la culture subit la concurrence exacerbée d’autres espèces au coeur de ses bassins historiques de production, et sa future attractivité est suspendue aux arbitrages à venir de la nouvelle PAC. Dans le même temps, le marché mondial connaît des mutations rapides et profondes, à commencer par la fin du monopole du Canadian Wheat Board (CWB) qui régnait jusque-là en maître sur la planète blé dur, et la concentration des principaux opérateurs mondiaux qu’elle a favorisée.
OFFENSIVE À L’EXPORT
Le petit village gaulois a décidé de se serrer les coudes pour mieux se jeter dans la mêlée internationale. Point de potion magique, mais trois chantiers collectifs destinés à accroître la compétitivité de l’équipe de France. En première ligne, il y a Durum, la société commune de promotion et de commercialisation créée par les coopératives Axéréal et Arterris, cumulant à elles deux 800 000 tonnes de collecte de blé dur. Il s’agit de la première société de trading spécifique à cette culture. Si elle fait grincer des dents certains concurrents tricolores, l’idée est forcément défendue par Jean-François Gleizes, président délégué d’Arterris. « Au niveau mondial, l’évolution profonde des metteurs en marché nous place aujourd’hui face à des multinationales, explique-t-il.Pourquoi ne pas aller nous-mêmes marketer le blé dur français à l’international, comme l’ont fait les Canadiens, avec l’ambition de créer des relations durables avec les industriels du bassin méditerranéen? » Pour ce responsable, la massification de l’offre vise aussi à se donner les moyens d’être présents sur les appels d’offres de clients tels que l’Algérie, qui impliquent des volumes auxquels il est impossible de répondre en ordre dispersé. Durum cible aussi le marché italien, de plus en plus importateur.D’autres coops pourraient-elles monter à bord? « Dans toute initiative, il faut qu’il y en ait qui commencent », esquive Jean-François Gleizes. La part de la tion tricolore de blé dur exportée — environ les deux tiers — donne la mesure de l’enjeu de cette guerre commerciale.
INNOVER POUR SURVIVRE
Pour que la mêlée soit performante, encore faut-il une bonne introduction du ballon. C’est la mission confiée à la plateforme blé dur, autre innovation de la filière pour 2013. Le concept : « bâtir un consortium de compétences regroupant chercheurs, industriels et producteurs afin qu’ils discutent entre eux des orientations de recherche et développement, détaille Jacques Mathieu, directeur général d’Arvalis.La création d’innovation utile est l’une des clés de la pérennité. » Ce décloisonnement entre recherche fondamentale et appliquée, en lien avec les producteurs et les transformateurs, aura aussi son utilité dans la mobilisation de financements. « Il faut absolument éviter de mettre en concurrence différents programmes de R & D, insiste Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint agriculture de l’Inra et l’une des têtes pensantes du projet. Nous devons aller vers les appels à projets de façon cohérente. » Le scientifique met aussi l’accent sur le volet formation d’une telle plateforme. « L’adoption des innovations ne peut se faire sans formation, affirme le scientifique. Il nous faut aussi tisser des liens pour former des cadres de l’autre côté de la Méditerranée. » La filière blé dur espère ainsi reproduire le modèle qui a longtemps prévalu pour le blé tendre, avec des chefs meuniers d’Afrique du Nord formés dans des écoles françaises enclins à privilégier des relations commerciales avec des opérateurs de l’Hexagone.